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Elise Stefanik, une «ultra-MAGA» pour défendre les intérêts des États-Unis auprès de l’ONU

La républicaine Elise Stefanik témoigne devant la commission des affaires étrangères du Sénat sur sa nomination au poste d'ambassadeur auprès des Nations unies, au Capitole, le 21 janvier 2025 à Washington.
La républicaine Elise Stefanik témoigne devant la commission des affaires étrangères du Sénat sur sa nomination au poste d'ambassadeur auprès des Nations unies, au Capitole, le 21 janvier 2025 à Washington. 2025 Getty Images

Donald Trump a nommé Elise Stefanik au poste d’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies. La députée républicaine veillera à ce que chaque dollar des contribuables versé à l’ONU serve les «intérêts américains», a-t-elle déclaré.

Lors des auditions de confirmation devant le Sénat américain, il n’est pas rare que des personnes de tous bords politiques protestent, se levant brusquement de leur siège pour exposer leurs griefs, avant d’être expulsés de la salle par les services de sécurité, tout en se débattant vivement.

Mais, en début de semaine dernière, lors de l’audition de confirmation d’Elise Stefanik, le seul perturbateur sorti de la salle, vêtu d’un élégant costume bleu foncé et d’une cravate, a été son fils Sam, âgé de trois ans, quelque peu agité.

«Il a ainsi fait ses débuts au Sénat», a lancé Elise Stefanik, faisant référence au petit trublion qu’elle a décrit comme sa fierté et sa joie ainsi que sa plus grande bénédiction.

Elise Stefanik, candidate du président Donald Trump au poste d’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, s’est présentée fin janvier devant la commission des Affaires étrangères du Sénat pour obtenir la confirmation de sa nomination.

Malgré son solide parcours – elle a été la plus jeune femme jamais élue au Congrès américain en 2014 et est diplômée d’une université de l’Ivy League –, Elise Stefanik, si sa nomination est confirmée, rejoindra l’ONU sans expérience en diplomatie et avec peu de connaissances des nombreuses subtilités de l’organisation internationale, soit des lacunes notables.

Elle a pour mission de mettre en œuvre la vision de Donald Trump sur la manière dont les États-Unis prévoient de renégocier le multilatéralisme. Le premier jour de son mandat, le président a signé un décret ordonnant le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elise Stefanik soutient ces décisions.

«Si ma nomination est confirmée, je suis prête à mettre en œuvre le mandat que le président Trump a reçu du peuple américain: déployer le programme ‘America First’ (l’Amérique d’abord), assurer la paix par la force et affirmer le leadership des États-Unis en matière de sécurité sur la scène internationale, a déclaré Elise Stefanik dans son discours d’ouverture. Lorsque les États-Unis jouent un rôle de premier plan à l’ONU, le peuple américain et les populations du monde entier en bénéficient.»

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Donald Trump, qui a récemment prêté serment en vue d’un second mandat en tant que président des États-Unis, a choisi Elise Stefanik pour occuper ce poste, car elle est «incroyablement forte, coriace et une défenseuse intelligente de l’‘Amercia First’». Elise Stefanik a attiré l’attention du président lors de sa première procédure de destitution en 2019. Après un vif échange avec ses collègues démocrates, elle a été qualifiée par Donald Trump sur X de «nouvelle star républicaine».

Sur les réseaux sociaux, Elise Stefanik, une fidèle alliée de Donald Trump, se décrit comme une «ultra-MAGA», en référence au célèbre slogan de campagne du président «Make America Great Again» (rendons sa grandeur à l’Amérique).

La notoriété d’Elise Stefanik est montée en flèche en décembre 2023 grâce à sa performance offensive lors des auditions du Congrès au sujet de la montée de l’antisémitisme au sein des campus universitaires, entraînant l’éviction de plusieurs présidentes d’universités de l’Ivy League, notamment celles de Harvard, de Pennsylvanie et de Columbia. L’objectif de ces auditions est d’informer les gens sur des questions, à la fois publiques et internes au gouvernement, susceptibles d’avoir un impact sur leur vie.

«Mon travail de surveillance a donné lieu à l’intervention la plus regardée de l’histoire du Congrès», a relevé Elise Stefanik lors de son audition de confirmation. Ce «moment décisif» a été «visionné des milliards de fois», car il a mis en évidence la «pourriture antisémite» dans les collèges et les universités.

Elise Stefanik, 40 ans, républicaine originaire du nord rural de l’État de New York –  qu’elle a qualifié de «berceau de la révolution américaine» – a été la plus jeune femme jamais élue au Congrès américain en 2014. Elle a siégé dans plusieurs commissions de sécurité nationale et se targue d’avoir été la première personne de sa famille proche à faire des études universitaires. Elle a obtenu son diplôme à Harvard en 2006. Si Elise Stefanik a reconnu son manque d’expérience lors de son audition, elle se dit déterminée à relever le défi: «Je suis prête à retrousser mes manches et à accomplir le travail.»

Elise Stefanik tient son fils Sam dans ses bras alors que la Chambre élit le Président de la Chambre, le 3 janvier 2025 à Washington.
Elise Stefanik tient son fils Sam dans ses bras alors que le Congrès élit le Président de la Chambre, le 3 janvier 2025 à Washington. 2025 Getty Images

Servir le peuple américain

La réforme de l’ONU figure en tête des priorités d’Elise Stefanik, qui veut s’assurer que chaque dollar des contribuables versé à l’organisation internationale sert «les intérêts américains, le peuple américain et l’objectif de Trump de la paix par la force».

Les États-Unis ont été le principal bailleur de fonds de l’ONU depuis sa création, avec plus de 18 millions de dollars pour la seule année 2022, selon le Council of Foreign Relations, Lien externeun groupe de réflexion américain basé à New York. 

La précédente administration Trump avait réduit les contributions volontaires à de nombreux programmes onusiens, ciblant notamment les opérations de maintien de la paix et plusieurs agences spécialisées. Elle avait suspendu tout financement du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) en 2017 et diminué celui du Programme des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) en 2018. 

Les États-Unis s’étaient également retirés du Conseil des droits de l’homme. Lors de son audition, Elise Stefanik n’a pas précisé si le pays resterait membre de l’organe intergouvernemental basé à Genève.

Elise Stefanik s’est prononcée clairement en faveur de la suppression de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qu’elle a qualifié d’«organisation antisémite». En revanche, elle a déclaré vouloir augmenter les fonds alloués aux organismes qui «renforcent la sécurité nationale» et bénéficient du «soutien du peuple américain», tels que le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Lorsqu’elle devra décider des réformes à mener à l’ONU, Elise Stefanik se posera les questions suivantes, a-t-elle dit: «Est-ce que cela rend l’Amérique plus sûre? Est-ce que cela rend l’Amérique plus forte et plus prospère?»

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Repousser et éliminer

D’après son audition de confirmation, il est évident qu’Elise Stefanik surveillera de près ce que les États-Unis considèrent comme la domination croissante de la Chine à l’ONU. Pour «repousser» Pékin, un terme qu’elle a employé à plusieurs reprises, elle a déclaré que sa mission consisterait à «rester dans les structures» où l’influence de la Chine semble croître, notamment dans les «organisations techniques» de l’ONU, telles que celles dédiées aux télécommunications, à la propriété intellectuelle et à l’aviation civile.

«La Chine est l’une de mes principales priorités, a souligné Elise Stefanik. Nous devons nous assurer que nous possédons la stratégie nécessaire pour empêcher le PCC (Parti communiste chinois) de pénétrer les plus hauts niveaux de ces organisations techniques et des agences de l’ONU dans son ensemble».

L’un des principaux motifs ayant poussé Elise Stefanik à briguer le poste d’ambassadrice auprès de l’ONU est sa volonté de lutter contre la «pourriture antisémite» et les «positions anti-israéliennes» au sein de l’organisation. «Il y a plus de résolutions visant Israël que n’importe quel autre pays, ou n’importe quelle autre crise confondue», a-t-elle dénoncé.

Une fois en poste, elle a promis d’être «une voix de clarté morale au Conseil de sécurité de l’ONU et aux Nations Unies en général, pour que le monde entende l’importance de soutenir Israël, notre allié le plus précieux».

Alors que les échanges d’Elise Stefanik avec ses collègues de la commission des Affaires étrangères du Sénat ont été pour la plupart calmes et cordiaux, un moment de tension est survenu lorsque Chris Van Hollen, sénateur démocrate de l’État du Maryland, lui a demandé si elle pensait que les Palestiniens avaient le droit à l’autodétermination. Elle a hésité à répondre, avant de dire: «Je crois à la paix dans la région. Bien sûr, ils doivent bénéficier des droits humains.»

Des personnes ont également sourcillé lorsque Chris Van Hollen a demandé à Elise Stefanik si elle estimait qu’Israël avait un droit biblique sur l’ensemble de la Cisjordanie. Elle a aussitôt répondu par «oui».

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Diplomatie ou dissuasion

On ignore jusqu’à quel point l’administration Trump se détournera du multilatéralisme et de l’ONU. Cependant, un retrait complet de l’organisation mondiale semble peu probable.

Quelles que soient les réformes poursuivies par Donald Trump, il semble qu’il pourra compter sur une exécutrice loyale en Elise Stefanik, laquelle a promis de défendre la vision du président d’une «ONU réformée par les politiques fortes de l’America First et de la paix par la force».

Il reste à savoir si Elise Stefanik s’appuiera principalement sur la diplomatie pour atteindre les objectifs de l’administration Trump. Interrogée par un collègue républicain sur la manière dont elle traiterait un adversaire comme la Russie, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité disposant du droit de veto, Elise Stefanik a penché pour la force.

«Je pense que la dissuasion est la clé. C’est le meilleur moyen de garantir la paix», a déclaré Elise Stefanik. «Je crois profondément en la dissuasion», ajoutant que «la diplomatie est également très importante».

Texte relu et vérifié par Virginie Mangin, traduit de l’anglais par Zélie Schaller/sj

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