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Genève, 100 ans après l’accueil de la SDN, devenue cuisine mondiale

La "Genève internationale" et ses chantiers comme celui du Palais des Nations ne cesse de s'étendre (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Il y a 100 ans, le 28 avril 1919, Genève était choisie pour abriter la Société des Nations (SDN) qui a marqué avec l’OIT le début du multilatéralisme. Un siècle plus tard, la « Genève internationale » ne cesse de s’étendre et est devenue la « cuisine » du monde.

A la sortie de la Première Guerre mondiale, la SDN devait permettre d’éviter une nouvelle conflagration entre grandes puissances. Le choix de Genève pour son secrétariat n’a été validé par les Etats qu’après une intense campagne de la Suisse et insistance du président américain, qui préférait sa neutralité à Bruxelles ou La Haye.

L’hôtellerie genevoise s’était elle aussi mobilisée. Même si le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) incarnait déjà une présence internationale, Genève était considérée avant l’arrivée de la SDN comme « une petite et ennuyeuse ville provinciale », relève l’historien italo-suisse Davide Rodogno.

Un qualificatif que le maire de Genève Sami Kanaan trouve « injuste ». Depuis longtemps, la ville était déjà un « carrefour » où « les gens venaient discuter », a-t-il dit à Keystone-ATS. Mais il admet que Genève « ne serait pas devenue ce qu’elle est » sans la SDN.

L’annonce de la venue de l’organisation, qui s’est établie en 1920, avait été accueillie dans la liesse le jour même mais un débat animé s’en était suivi. Et le référendum pour l’accession de la Suisse avait obtenu de peu la majorité des cantons.

« Nombreuses » continuités

Pour l’organisation internationale, l’expérience tournera court, un peu plus de 25 ans, en raison des politiques qui ont mené à la Seconde Guerre mondiale. Après le conflit, l’organisation est remplacée par l’ONU.

« Le sentiment général est que la SDN a échoué », affirme John Burnley, qui vient de publier un ouvrage collectif sur le premier secrétaire général Eric Drummond. Pourtant, les continuités de l’ONU avec cette institution sont « nombreuses et visibles », nuance de son côté M. Rodogno.

Symbolique, le bâtiment historique de la SDN à Genève est aujourd’hui occupé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Celui qui l’a remplacé, le Palais des Nations, est actuellement le siège européen de l’ONU.

La SDN, lancée dans le même temps que l’Organisation internationale du travail (OIT) qui lui sera affiliée, aura marqué le début du multilatéralisme. Cent ans plus tard, Genève reste l’un des centres importants de gouvernance, même si la présence des principaux organes de l’ONU à New York attire l’attention.

Multilatéralisme ciblé

« Genève est la cuisine du système international, New York est la salle à manger », affirme le directeur général de l’ONU à Genève Michael Møller. Il répète souvent que les décisions prises dans cette ville ont des effets chaque jour sur chaque individu dans le monde. Genève a aussi été pionnière pour la participation des ONG et de la société civile.

Comme au moment de la SDN, le multilatéralisme est à nouveau « sous pression par un certain nombre d’Etats et d’acteurs » face aux défis qui attendent le monde, déplore-t-il. Une « mode », selon M. Kanaan.

Parmi les principaux assauts, le président américain Donald Trump a réduit la contribution américaine à l’ONU. En Suisse, le large rejet de l’initiative sur l’autodétermination « montre que la situation n’est pas aussi morose que certains veulent le dire » sur cette question, s’était félicité récemment l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU à Genève Valentin Zellweger.

Depuis l’arrivée au Conseil fédéral d’Ignazio Cassis, Berne a toutefois été ciblée ces derniers mois sur plusieurs décisions de politique multilatérale. De son refus de signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires à celui de ne pas s’associer immédiatement au Pacte mondial des migrations dont elle avait porté les négociations.

Milliers d’emplois dans le canton

Selon M. Møller, l’adaptation face aux attaques contre le multilatéralisme durera encore tant que les structures de gouvernance ne seront pas prêtes à affronter nouvelles technologies ou changement climatique. Il redoute que certaines organisations doivent fermer. Alors que d’autres ouvriront.

Le Canton a mis l’accent sur l’innovation, notamment la gouvernance d’Internet. M. Kanaan oeuvre lui avec la mission suisse pour lancer un bureau des villes à Genève, lien entre des réseaux de municipalités et les organisations internationales.

Malgré une intense concurrence, Genève a atteint une « masse critique » qui incite les acteurs à considérer l’importance de son rôle, ajoute le maire. « Mais rien n’est acquis. Il faut se battre ».

Au total, la « Genève internationale » pèse plus de 30’000 emplois, en augmentation même si des postes techniques ont parfois été délocalisés. Chaque année, environ 3400 réunions sont organisées.

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