Glion: Valais et Vaud sortent du tunnel
Les tunnels de Glion sur l'A9 se rouvrent au trafic normal jeudi et le cauchemar des pendulaires prend fin après deux fois sept mois de bouchons.
La fermeture alternée causée par l’assainissement des deux tubes a permis de les doter des équipements électrotechniques performants. Question tunnels, la Suisse s’y connaît.
Pour assainir le tunnel de Glion, il aura fallu fermer l’un des deux tubes et recourir au trafic bidirectionnel dans l’autre pendant deux périodes de sept mois chacune en 2004 et 2005.
Il y aura encore quelques fermetures ponctuelles en novembre, mais ce seront les dernières touches. Et c’est ainsi qu’avec onze jours d’avance, les pendulaires respirent, finis les bouchons du week-end.
Mais Glion est un cas à part et l’ensemble des tunnels suisses est considéré comme sûr. C’est ce que Frédéric Revaz, chargé de la communication de l’Office fédéral des routes (OFROU), a expliqué à swissinfo.
swissinfo: L’assainissement des tunnels de Glion, dans le canton de Vaud, a été un énorme chantier de 115 millions de francs. Pourquoi?
Frédéric Revaz: Ce qui a été déterminant a été l’accident du Mont-Blanc qui a fait 39 morts en 1999, puis celui du Gothard qui en a fait 11 en 2001. Mais en 2000 déjà, l’OFROU a créé une «task force tunnels» chargée d’analyser la sécurité par rapport aux accidents et de définir des normes.
Ces normes obéissent à trois priorités: la signalisation (le guidage optique et lumineux), la ventilation et les chemins de fuite.
La task force a conclu que la structure et l’état des tunnels en Suisse était bons dans l’ensemble, mais que Glion, mis en service en 1970, avait besoin d’être adapté aux normes.
Son système de ventilation classique ne permettant pas d’évacuer les fumées de manière satisfaisante, il a fallu installer des ventilateurs puissants, capables d’évacuer à la fois les flux d’air et de fumée et refaire l’étanchéité.
De même, on a doté le tunnel d’un nouveau système de détection d’incendie et d’accidents, on a réaménagé les niches de secours. Autant d’installations électrotechniques très performantes et ultramodernes qui coûtent cher mais permettent d’éviter de nouveaux drames.
swissinfo: Mais l’assainissement de Glion a presque étranglé toute une région, sans parler des complications pour les touristes ou le trafic des marchandises.
R. R.: Si on ferme un tunnel, on perd la moitié de la capacité du tronçon et cela a été particulièrement délicat pour Glion. C’est un lieu de passage stratégique, coincé entre lac et montagne, un véritable goulet d’étranglement sans véritables itinéraires alternatifs.
Mais on a fait un effort particulier, avec des horaires de travail 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, de manière à terminer le plus rapidement possible. Pour ne pas entraver la saison des sports d’hiver, les travaux ont été réalisés sur deux fois sept mois.
En général; on procède à une adaptation permanente des tunnels et beaucoup de travaux d’assainissement peuvent se faire dans le cadre de l’entretien normal en fermant le tunnel quelques nuits. C’est le cas du Gothard mais d’autres tunnels n’ont même pas besoin d’être mis aux normes.
A Glion, tous les travaux d’assainissement ont été réalisés en même temps, pour ne plus avoir à recommencer de sitôt.
swissinfo: La task force tunnel a estimé que la Suisse est bien équipée en matière de tunnels et il faut dire qu’ils font quasiment partie du paysage?
F. R.: Oui, en raison de sa topographie particulière, la Suisse compte au moins 200 tunnels routiers, sans compter les tunnels ferroviaires. Elle bénéficie donc d’une expérience très développée et très ancienne qui lui permet d’avoir des tunnels de très bonne qualité par rapport à ses voisins européens.
Nous procédons à une planification globale au niveau de toute la Suisse. Quand il y a des travaux à faire, on profitera de faire le maximum de travaux nécessaires, de sorte qu’il n’y aura plus besoin de fermer un tunnel dans les quinze années suivantes.
D’ici deux à trois ans, l’installation de la nouvelle signalisation dans tous les tunnels sera terminée.
Interview swissinfo, Isabelle Eichenberger
L’A9 est le seul passage autoroutier entre Vaud et le Valais.
Les tunnels de Glion ont été mis en service en novembre 1970. Depuis cette époque, le trafic a plus que quintuplé pour atteindre plus de 44’000 véhicules par jour.
Pour adapter les tunnels aux standards de sécurité, il a fallu deux périodes de sept mois de fermeture d’un tube et de trafic bidirectionnel dans l’autre en 2004 et 2005.
Le budget de 115 millions de francs est couvert à 86% par la Confédération et le reste par le canton de Vaud.
– Après l’accident du Mont-Blanc qui a fait 39 morts en 1999, l’Office fédéral des routes a créé une «task force tunnels» en 2000 pour analyser la sécurité des tunnels suisses et définir des normes.
– Ces normes obéissent à trois priorités: la signalisation (le guidage optique et lumineux), la ventilation et les chemins de fuite.
– D’ici deux à trois ans, l’installation de la nouvelle signalisation dans tous les tunnels sera terminée.
En conformité avec les normes du JTI
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