Grève dans les transports français forte mais défilés dégarnis
(Keystone-ATS) Les opposants à la réforme des retraites sont descendus de nouveau dans les rues mardi en France, à la veille d’annonces très attendues du gouvernement. Si la grève restait importante dans les transports, les manifestations étaient nettement moins fournies.
Environ 885’000 manifestants ont défilé dans toute la France, selon un décompte de la CGT, contre 1,5 million jeudi dernier a indiqué le numéro un du syndicat, Philippe Martinez. Le ministère français de l’intérieur a fait état de 339’000 protestataires dans tout le pays (contre 806’000 jeudi).
La CGT et l’autre syndicat Force Ouvrière (FO) ont annoncé 180’000 manifestants à Paris (250’000 le 5 décembre), alors que le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias, en a compté 27’000.
Les chiffres communiqués par la police et les préfectures montraient une mobilisation au moins à moitié moindre par rapport au 5 décembre dans les régions: 12’000 personnes à Marseille et Toulouse contre 25’000 et 33’000 la semaine dernière, 9500 à Lyon contre 18’000, 9000 à Bordeaux et Nantes contre 20’000 et 19’000.
Transports très perturbés
Si la mobilisation dans la rue est en repli, « le mécontentement reste aussi haut », a fait valoir Philippe Martinez. « Aujourd’hui, on est dans l’installation d’un mouvement », a indiqué de son côté Yves Veyrier, numéro un de FO.
Les syndicats « appellent à organiser des actions de grève et de manifestations localement le 12 décembre, puis le week-end, et de faire du 17 décembre une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grève et de manifestation », selon un communiqué intersyndical diffusé mardi soir.
Dans les cortèges figuraient beaucoup d’enseignants et de personnels de l’éducation nationale mais aussi des cheminots, des fonctionnaires, des avocats, des retraités, des étudiants.
Comme jeudi, les transports publics étaient très perturbés, notamment en région parisienne, au sixième jour de grève, avec neuf lignes de métro fermées à Paris, un RER A sur deux et un RER B sur trois.
La poursuite de la grève a été votée au moins jusqu’à mercredi, parfois jusqu’à vendredi. « La semaine est morte », a résumé Thierry Babec, de l’Unsa RATP, premier syndicat de la régie. De fait, la RATP prévoit mercredi un trafic similaire à mardi, avec 10 lignes de métro sur seize fermées.
A la SNCF, où l’on comptait 20% des TGV et des trains de banlieue, ce sera « difficile jusqu’à la fin de la semaine », a prédit le directeur général de SNCF Transilien, Alain Krakovitch. Plus de trois quarts des conducteurs étaient en grève mardi, selon la direction. La compagnie ferroviaire n’annonce qu’une légère amélioration mercredi sur les TGV et Intercités (un sur quatre).
Dans les airs, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies de réduire leur programme. Air France a annulé 25% des vols intérieurs et 10% des moyen-courriers. EasyJet a supprimé 92 vols, dont 16 entre la France et la Suisse.
« Pas d’annonces magiques »
Sept des huit raffineries françaises étaient touchées par la grève, selon la CGT. Des dockers ont organisé des blocages à Marseille et Rouen.
L’accueil des enfants dans les écoles et les crèches a été également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire, selon le ministère.
L’enjeu pour les opposants est que le gouvernement renonce à mettre en place un « système universel » par points censé remplacer les 42 régimes existants.
Le premier ministre français Édouard Philippe doit annoncer mercredi à 12h00 « l’architecture » de la réforme puis l’expliquer au 20 Heures de TF1. « Ce n’est pas parce que je fais un discours que les manifestations vont cesser », a averti le chef du gouvernement lors d’une réunion à huis clos avec le groupe LREM à l’assemblée nationale mardi, selon plusieurs participants.
« Il n’y a pas d’annonces magiques », a-t-il insisté. Il est particulièrement attendu sur certains sujets comme les périodes de transition pour les régimes spéciaux, une éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, ou encore la question de la pénibilité et des droits familiaux.