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Guerre commerciale: l’équation se complique pour la Chine

L'absence de stratégie claire des autorités chinoises est pointée du doigt pour expliquer la morosité des investisseurs, alors que le pays voit ses principaux indicateurs conjoncturels battre de l'aile. (archives) KEYSTONE/AP/MARK SCHIEFELBEIN sda-ats

(Keystone-ATS) Aux prises avec un net ralentissement économique, le président chinois Xi Jinping semble aussi confronté à des divergences au sein même de son régime sur les moyens de répondre au défi commercial de Donald Trump.

Excédé par l’excédent chinois, le président américain réclame non seulement à Pékin d’augmenter ses importations, mais aussi de modifier structurellement son appareil productif, qui continue à reposer largement sur les entreprises publiques.

Une ligne rouge pour nombre de responsables du Parti communiste chinois (PCC), tandis que d’autres y voient une chance d’accélérer la réforme d’entreprises grassement subventionnées.

« Je ne pense pas que le débat soit tranché. Ils sont toujours aussi divisés par la guerre commerciale avec les États-Unis et sur le degré de soutien à apporter aux réformes », observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong, selon qui le débat à huis clos dure depuis l’été, avec les premières salves de la guerre commerciale transpacifique.

Signe des divergences au sommet du régime, la traditionnelle réunion d’automne du comité central du PCC n’a pas encore eu lieu cette année, rappelle Steve Tsang, spécialiste de la Chine à la School of Oriental and African Studies de Londres.

« Cela montre que Xi Jinping est sous pression du fait de la guerre commerciale et du ralentissement économique », estime-t-il.

« Peur de l’incertitude »

Célébrant mardi le 40e anniversaire du lancement des réformes qui devaient faire de la Chine la deuxième puissance économique mondiale, le président Xi a promis de poursuivre sur la voie de l’ouverture, mais sans annoncer de mesures concrètes.

« Nous changerons résolument ce qui peut être réformé et nous ne changerons pas, résolument, ce qui ne peut pas l’être », a-t-il lancé, comme en réponse aux exigences du président américain.

En rencontrant Donald Trump en Argentine au début du mois, Xi Jinping a obtenu un délai de 90 jours, jusqu’au 1er mars, pour l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane punitifs aux États-Unis sur les produits chinois.

Mais Pékin n’a depuis offert que des avancées superficielles à Washington: la reprise de ses achats de soja américain et la levée de ses surtaxes sur les automobiles made in USA.

En attendant, la croissance du pays bat de l’aile et pourrait tomber cette année à 6,5%, ce qui serait son niveau le plus bas depuis 1990. La consommation des ménages a déjà ralenti le mois dernier, tombant à son rythme le plus faible depuis 15 ans.

Un éminent économiste chinois n’a pas hésité ces derniers jours à incriminer l’absence de stratégie claire de Pékin pour expliquer la morosité des investisseurs.

« Quel est le problème fondamental? C’est la peur de l’incertitude politique, la peur que le gouvernement ne soit pas digne de confiance », a déclaré Xiang Songzuo, professeur à l’Université du peuple à Pékin, selon des propos devenus depuis introuvables sur internet.

Le pouvoir en conclave

Pékin pourrait clarifier la ligne à la faveur d’une « Conférence de travail sur l’économie » vraisemblablement réunie cette semaine. Selon le quotidien Global Times, proche du pouvoir, le conclave devrait « mettre la stabilisation de la croissance économique en tête des priorités pour l’an prochain ».

Autant dire que la réduction des risques financiers et la lutte contre la pollution, hissées au rang des priorités en 2018, seront mises de côté au profit du soutien à la croissance, analyse M. Tsang.

A plus long terme, Pékin compte sur son plan « Fabriqué en Chine 2025 » pour soutenir son économie. Ce plan, qui vise à faire du pays un champion technologique mondial, se heurte lui aussi à l’ire de M. Trump, qui accuse les Chinois de voler la technologie américaine.

Mais s’il a quelque peu mis en veilleuse ses ambitions, le pouvoir chinois ne remisera pas cette « stratégie de développement », pronostique Louis Kuijs, spécialiste de l’Asie au cabinet Oxford Economics.

Alors que la tension avec Washington pourrait peser sur les exportations et la croissance l’an prochain, la Chine espère que la trêve sera prolongée au-delà du 1er mars, estime M. Tsang. Aux États-unis, la tension commerciale pèse déjà sur Wall Street.

« Pékin cherche à déterminer combien il faudra payer pour que Trump accepte de relâcher la pression commerciale. Il mise aussi sur le fait que son seuil de résistance à la douleur est plus élevé que celui des États-Unis ».

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