Hervé Falciani n’a pas confiance dans la justice suisse
(Keystone-ATS) Hervé Falciani, l’ancien informaticien de la banque HSBC, à l’origine de Swissleaks, a confirmé lors d’une conférence de presse mardi à Divonne, en France voisine, qu’il ne se rendra pas à son procès à Bellinzone.
L’ex-employé de HSBC devait comparaître le 12 octobre devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone. Le procès avait été reporté au 2 novembre en raison de l’absence de l’accusé. Un sauf-conduit avait même été proposé par la justice helvétique à Hervé Falciani pour qu’il puisse prendre part aux débats.
« Ce procès est voulu par une banque qui a mis de l’argent sur la table pour ne pas être jugée », a souligné Hervé Falciani. Le Franco-italien s’est dit conscient qu’en se rendant à Bellinzone, il pourrait bénéficier d’une peine plus légère, mais il a décidé de ne pas faire ce choix « de la facilité ».
« Je préfère 180 procédures d’extradition dans 180 pays », a souligné l’ex-employé de HSBC. Hervé Falciani, qui est poursuivi en Suisse pour espionnage économique, violation du secret commercial et bancaire et soustraction de données, a relevé que d’autres pays avaient des avis différents sur cette affaire, comme l’Espagne.
Craintes
« En Suisse, les conditions d’un procès juste et équitable ne sont pas réunies à mon sens », a affirmé Hervé Falciani. Ce dernier serait prêt à défendre en personne ses intérêts devant une institution comme la Cour européenne des droits de l’homme, mais pas dans une arène où l’unique enjeu serait selon lui de « sauver les apparences ».
Hervé Falciani, un lanceur d’alerte ayant voulu dénoncer l’évasion fiscale selon certains, un homme malhonnête qui a essayé de marchander les données bancaires dérobées chez HSBC pour d’autres, assume son comportement ambigu. « C’est un combat, nous ne sommes pas des enfants de choeur ».
« Le rôle de mauvaise personne que d’aucuns veulent me faire endosser me convient, même si je ne m’y reconnais pas », a encore souligné Hervé Falciani, lors de sa conférence de presse organisée par le Club Suisse de la presse, et qui a attiré de très nombreux représentants des médias.
Pas contre la politique fiscale suisse
Hervé Falciani, 43 ans, a encore relevé que sa lutte ne visait pas le secret bancaire, mais « le manque de transparence ». L’ex-informaticien s’est également déclaré contre l’uniformisation des pratiques fiscales. Il a aussi dit qu’il n’était pas un adversaire de la position fiscale de pays comme la Suisse.
Le Ministère public de la Confédération reproche à Hervé Falciani d’avoir dérobé une grande quantité de données auprès de la banque HSBC Private Bank, puis de les avoir communiquées à des tiers. L’affaire a eu une répercussion internationale. Elle a mis la Suisse dans l’embarras et contribué à faire pression sur le secret bancaire.
Les données volées par l’ex-informaticien ont été analysées par un consortium de médias, qui a révélé que près de 120 milliards de dollars auraient transité par la banque HSBC dans le but d’échapper à l’impôt ou pour être blanchis via des sociétés-écrans. Des enquêtes ont notamment été ouvertes en France et en Belgique.
En juin dernier, la banque HSBC avait accepté de verser 40 millions de francs aux autorités genevoises, afin de mettre un terme à la procédure pour blanchiment aggravé qui avait été lancée contre elle.
Hervé Falciani avait quitté précipitamment la Suisse en décembre 2008. Il avait été arrêté, en 2012 à Barcelone, puis remis en liberté, l’Espagne ayant refusé la demande d’extradition de Berne. Depuis, il se trouve en France. Citoyen français, il n’est pas extradable.