Cours d’intégration pour prédicateurs étrangers
Les prédicateurs itinérants – y compris les imams – devraient suivre des cours de langue et d’intégration pour obtenir une autorisation de séjour en Suisse.
Par ailleurs, l’idée d’une formation académique des imams est d’actualité dans plusieurs universités du pays.
Au début de l’année prochaine, le gouvernement devrait se prononcer sur la nouvelle Ordonnance sur l’intégration.
L’objectif principal est d’offrir aux étrangers des conditions-cadre optimales pour mieux s’intégrer en Suisse. Il y est donc prévu des cours de langue, ainsi qu’une aide à la formation scolaire et professionnelle.
Une des dispositions du texte – qui a été globalement bien accueilli en procédure de consultation – prévoit des cours de langue et d’intégration pour les prédicateurs itinérants. Même s’ils ne sont en Suisse que pour un bref séjour.
Révélée par le quotidien de boulevard alémanique Blick, l’information est confirmée par Mario Tuor, porte-parole de l’Office fédéral de l’immigration, de l’intégration et de l’émigration (IMES).
Intérêt public
«Ces cours pourraient être rendus obligatoires si l’intérêt public le justifie», précise Mario Tuor. Soit, selon l’IMES, si la personne entend exercer une fonction publique en tant que guide spirituel.
«Les imams musulmans exercent une autorité relativement grande sur leurs fidèles, estime le porte-parole de l’IMES. Il est donc important qu’ils ne leur parlent pas que du Coran, mais aussi des valeurs communément admises en Suisse, comme l’égalité entre les sexes».
Formation académique
A ce sujet, les communautés chrétiennes de Suisse soutiennent l’idée d’une formation dans les universités du pays. La semaine dernière, les catholiques romains, les catholiques chrétiens et les réformés se sont exprimés dans ce sens, reprenant une idée lancée par les musulmans eux-mêmes.
«Plusieurs universités ont cherché des solutions pour créer de telles chaires», relève Markus Sahli, responsable des relations intérieures à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse.
Il met toutefois en garde contre des décisions prises à la va- vite. «Il faut d’abord examiner avec soin quelle faculté ou quel département abriterait une telle chaire. Un autre point à régler au préalable est le financement de cette formation», avertit Markus Sahli.
Orientations diverses
A Fribourg, l’Institut de missiologie et de science des religions de l’Université explore les diverses orientations de la croyance musulmane.
«Nous voulons réfléchir à comment structurer la formation des imams», explique Richard Friedli, professeur de science comparée des religions. En Suisse romande, où vivent de nombreux Maghrébins, les communautés musulmanes présentent un autre profil qu’en Suisse alémanique.
Outre-Sarine, la communauté est davantage marquée par les immigrants de Turquie et de l’ancienne Yougoslavie. «En tant que seule université bilingue de Suisse, nous avons l’habitude de réunir des orientations diverses», ajoute le professeur Friedli.
Un exemple autrichien
De son côté, l’Université de Bâle a mené des entretiens avec Elsayed Elshahed, directeur de l’Académie de pédagogie islamique (IRPA) à Vienne, pour sonder la question d’une formation scientifique des imams.
L’académie de Vienne forme depuis 1998 des enseignants de l’islam qui sont ensuite autorisés à travailler comme imams. Financée par l’Etat, l’IRPA propose notamment des cours de sciences humaines, de pédagogie et de didactique liées à la religion, le tout en allemand.
Le cursus pour obtenir un diplôme dure trois ans. Il est très exigeant et jusqu’ici, seuls quelques dizaines d’imams sont sortis de l’école avec succès.
L’enseignement est, selon Elsayed Elshahed, «l’un des meilleurs moyens de former des prédicateurs modérés et ainsi de les contrôler». L’académie espère que des cursus similaires verront le jour rapidement dans de nombreux autres pays d’Europe
swissinfo et les agences
– Selon le recensement 2000, il y a 310’000 musulmans en Suisse, dont 230’000 d’origine balkanique et turque et 15’000 arabes.
– Les musulmans constituent donc officiellement 4,3% de la population
– Mais ils pourraient être plus de 400’000, car de nombreuses personnes ne sont pas enregistrées ou n’ont pas de permis de séjour.
– Toujours selon le recensement 2000, les catholiques forment 42% de la population suisse et les protestants 35%.
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