Fuir le stress dans le silence des monastères
La cellule d'un monastère est l'endroit idéal pour retrouver paix et sérénité. Cette méthode est de plus en plus prisée, notamment par les managers stressés.
Or de nombreux monastères sont prêts à accueillir des hôtes. Parmi eux, celui d’Einsiedeln.
«Nous offrons la possibilité de passer quelques journées de calme et de méditation, loin du stress.» C’est ainsi que se présentent plus de trente monastères et cloîtres de Suisse et du Liechtenstein sur le site Internet des catholiques de Suisse.
Crise des vocations
Les monastères n’ont plus l’importance qu’ils ont eue dans le passé. Premier problème auquel ils sont confrontés: la crise des vocations. Les moines sont en fait de moins en moins nombreux.
Situé dans le canton de Schwyz, le monastère bénédictin d’Einsiedeln illustre bien cette tendance. Initialement construit pour héberger 200 moines, il n’en compte plus actuellement que 84.
Mais les problèmes sont aussi économiques. Les activités traditionnelles des moines et des nonnes (pastorale, enseignement, activités sociales) ne rapportent presque plus rien.
Quant à vivre en autarcie grâce à la production agricole, c’est une solution d’un autre temps.
Cloîtres et monastères doivent donc diversifier leurs activités. L’accueil d’hôtes constitue l’une des solutions.
Pas une question d’argent
Le monastère d’Einsiedeln organise l’accueil de ses hôtes d’une manière indépendante, sans l’aide ou la collaboration des offices du tourisme locaux. Sauf pour les grands pèlerinages où il faut réserver des hôtels.
«L’argent n’est pas le moteur de l’opération», précise cependant le père Basile, doyen du monastère et remplaçant de l’abbé.
En effet, selon les règles de Saint-Benoît, un monastère devrait toujours accueillir des hôtes. «Les visiteurs sont une richesse et chaque homme est une richesse», déclare le père Basile.
Il n’y a d’ailleurs pas de prix fixe pour les hôtes. «Nous sommes reconnaissants pour chaque participation aux frais», précise le père Basile.
Il y a cependant un prix indicatif: 60 francs par jour pour une pension complète.
Recharger les batteries
A Einsiedeln, les hôtes sont logés dans une aile du monastère. Celle-ci comprend 23 cellules qui leur sont réservées.
«Je suis ici trois jours pour recharger les batteries», déclare un de ces hôtes. L’homme, qui souhaite rester anonyme, est chef de l’administration d’une grande ville suisse.
Son travail étant stressant et parfois même dangereux, le fonctionnaire se qualifie lui-même de «burned out». Les quelques jours passés au monastère représentent donc une sorte de «wellness de l’âme».
«Les hôtes proviennent de toutes sortes de professions et de couches sociales», déclare pour sa part le père Johannes. Ce responsable de l’accueil du monastère d’Einsiedeln précise qu’il voit défiler de nombreuses personnes souffrant de surmenage, et ce ne sont pas seulement des managers.
Ordre du jour très strict
Le monastère d’Einsiedeln invite ses hôtes à participer à l’activité normale des moines. Ils peuvent cependant choisir s’ils veulent participer au rite dans son entier en en partie seulement.
«Le programme normal pourrait surmener certaines personnes, car elles ne sont pas habituées à un tel rythme de vie», explique le père Basile. Et pour cause: la journée ne comprend pas moins de trois séances de prières et d’une messe.
«Tous ceux qui recherchent Dieu sont les bienvenus chez nous, dit encore le père Basile ». Il n’y a pas besoin d’être catholique.»
«Parmi nos hôtes, nous comptons des protestants et des juifs, et aussi des gens sortis de l’Eglise qui se désignent eux même comme athées», poursuit-il.
Il y a cependant une condition pour être accepté à Einsiedeln: être un homme. Les femmes ne sont en effet pas admises dans ce monastère masculin.
swissinfo, Jean-Michel Berthoud
(traduction: Olivier Pauchard)
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