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L’avenir de Swisscom divise le parlement

Les revenus de Swisscom ont atteint 7,2 milliards de francs les neuf premiers mois de 2005. Keystone

La gauche et les démocrates chrétiens menacent de lancer un référendum si le parlement approuve la privatisation de l'opérateur de télécoms Swisscom.

Demandé par toutes les forces politiques, le débat sur l’affaire Swisscom a provoqué une volée de critiques contre le gouvernement dans les deux Chambres du parlement fédéral.

Au lendemain des sénateurs de la Chambre des cantons (Conseil des Etats), les députés de la chambre du peuple (Conseil national) se sont à leur tour penchés mercredi dans l’urgence sur l’affaire Swisscom.

Une crise qui a démarré fin novembre après l’annonce par le gouvernement de sa volonté de vendre l’ensemble de ses parts dans le capital de l’opérateur national de télécommunications.

La gauche, les Verts et le parti démocrate chrétien (PDC) ont unanimemment fustigé l’incompétence du Conseil fédéral (gouvernement) pour la gestion de l’ensemble de ce dossier.

Cela dit, les groupes ont aussi posé leurs jalons pour l’avenir de l’opérateur helvétique. Ainsi le PDC entend refuser la vente du paquet d’actions de la Confédération (l’Etat suisse), selon sa présidente Doris Leuthard.

Le parti de centre droit rejoint ainsi la gauche qui a d’ores et déjà annoncé le lancement d’un référendum populaire si le parlement devait décider de la privatisation totale de l’ancienne régie fédérale.

Un désengagement

Le parti Radical et l’Union démocratique du centre (UDC – droite dure) ont en revanche plaidé pour un désengagement de l’Etat. Ils attendent du gouvernement une stratégie claire à court terme. Ce qu’a promis le ministre des finances Hans-Rudolf Merz.

La droite justifie son soutien à la privatisation en soulignant que la garantie du service universel ne dépend pas de la participation de l’Etat à l’entreprise. Selon ces deux formations, une telle exigence peut être assurée par la loi.

Faux, a répondu la gauche, convaincue qu’une privatisation ferait passer Swisscom en mains étrangères. «La loi a toujours une guerre de retard sur l’évolution technologique », assure Christian Levrat.

Et le parlementaire socialiste de poursuivre: «La Confédération perdrait tout levier pour garantir ses investissements dans les infrastructures, essentielles en matière de télécommunication».

Sabotage volontaire

En revanche, à l’exception de l’UDC, tous les partis se sont retrouvés pour dénoncer les lacunes de communication du gouvernement. Certains parlementaires sont même allés jusqu’à accuser le ministre Christoph Blocher (UDC) d’avoir sciemment saboté l’affaire.

«Tout porte à croire que c’est avec cynisme et des objectifs bassement carriéristes qu’un conseiller fédéral a gravement violé les règles », estime ainsi l’écologiste Luc Recordon.

Ce qui fait dire à plusieurs orateurs qu’il n’y a pas d’affaire «Swisscom», mais une affaire «Conseil fédéral».

Un incroyable gâchis

Selon le socialiste Hans-Jürg Fehr, le vrai risque en Suisse vient de la majorité de droite au gouvernement.

Pour le tribun de gauche, les ministres de droite se sont distingués par leur comportement très léger avec la constitution et les lois qu’ils enfreignent au lieu de les appliquer.

Président du Syndicat de la communication, Christian Levrat souligne, lui, «l’incroyable gâchis d’une communication sabotée.»

Et le parlementaire socialiste d’ajouter : «On a le droit à un vrai débat de fond et non à la pantalonnade du gouvernement qui voulait montrer par l’absurde que la Confédération n’est pas le bon propriétaire pour assurer le développement de Swisscom».

Prévoir des sanctions

Le PDC n’a pas été tendre non plus. Chiara Simoneschi a ainsi dénoncé les comportements inédits et très graves auquel on assiste régulièrement depuis que Christoph Blocher (UDC) est au gouvernement.

Selon la démocrate chrétienne tessinoise, il faudrait prévoir dans la loi une sanction pour un tel irrespect des règles.

L’UDC a défendu son conseiller fédéral. Selon Christoph Mörgeli, grâce à ce coup de frein donné par le Conseil fédéral (gouvernement), on a enfin réalisé que certains investissements à l’étranger prévus par Swisscom étaient des projets fous.

Préférant se concentrer sur l’avenir, les radicaux, eux, n’ont pas voulu s’étendre sur la communication du Conseil fédéral ou le respect de la collégialité.

swissinfo et les agences

La Confédération possède 66,1 % du capital de Swisscom.
Les autres actionnaires sont au nombre de 64’000.
Douze d’entre eux détiennent plus de 100’000 actions.

– Le 23 novembre, le gouvernement a annoncé vouloir vendre sa participation à Swisscom, soit 66’1% du capital de l’opérateur.

– Les jours suivants, le gouvernement a fait savoir qu’il interdisait à l’opérateur téléphonique de mener des acquisitions à l’étranger.

– Le projet d’acquisition de l’irlandais Eircom a donc été interrompu à la dernière minute, entrainant une chute de 1,5 milliards de francs de la valeur boursière de Swisscom.

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