La société suisse s’ouvre aux homosexuels
Les citoyens ont accepté de donner un statut juridique aux couples homosexuels. La Suisse suit ainsi une tendance observable dans plusieurs pays européens
Il faut cependant avouer que ce partenariat enregistré était volontairement modeste, afin de rallier le maximum de suffrages.
Le résultat de dimanche n’a guère surpris. A aucun moment en effet, les sondages n’avaient laissé entrevoir une issue négative pour la loi fédérale sur le partenariat enregistré entre couple du même sexe.
Le vote des citoyens peut cependant sembler étonnant. Les Suisses n’avaient jusque là guère fait preuve d’une grande audace sur de grands thèmes de société.
Souvent, la Suisse est restée à la traîne d’autres pays. Il a par exemple fallu attendre 1972 pour que le droit de vote soit accordé aux femmes et 2002 pour que l’avortement soit admis au niveau fédéral.
Une approche très pragmatique
Concernant le partenariat enregistré, les opposants ont tenté de placer le débat sur un plan moral. A leurs yeux, une société qui accorde une trop grande place à l’homosexualité est en danger.
Une majorité de Suisses n’a pas cru en ce discours et s’en est tenue à une approche très pragmatique du phénomène. Le fait est que les homosexuels, qu’on le veuille ou non, constituent une partie de la société.
Or cette minorité a gagné en visibilité au cours des dernières années. Des manifestations comme la gay pride y ont certainement contribué. En acceptant le partenariat enregistré, les citoyens ont simplement adapté la législation à l’évolution de la société.
Un projet modeste
En recevant une reconnaissance légale, les couples homosexuels verront leur vie simplifiée pour ce qui est de problèmes très concrets: le droit de succession, l’imposition des couples, le droit de visite dans les hôpitaux, etc.
La version suisse du partenariat enregistré se limite d’ailleurs à cette approche pragmatique. Pour obtenir l’adhésion du peuple les «sujets qui fâchent» ont été soigneusement écartés.
Ainsi, la nouvelle loi n’autorise pas l’adoption d’un enfant ou la procréation assistée pour des couples homosexuels. Si une telle possibilité avait été inscrite dans la loi, nul doute qu’une majorité du peuple aurait refusé le projet.
Les opposants ont dénoncé le fait que le partenariat enregistré ne constitue qu’un «premier pas» vers l’adoption. Les prochaines années diront si leurs prévisions étaient justifiées ou non.
Influence catholique pas déterminante
Les Eglises n’étaient pas unies sur la question du partenariat enregistré. Le projet était soutenu par la Fédération des Eglises protestantes, mais combattu par les protestants évangéliques et l’Eglise catholique.
Le «non» des évêques catholiques a certainement joué un rôle. En effet, la majorité des cantons qui ont refusé le partenariat enregistré sont à majorité catholique.
Le poids du vote catholique n’a cependant pas été déterminant. D’ailleurs des «bastions» du catholicisme comme les cantons de Fribourg et de Lucerne ont accepté le projet.
swissinfo, Olivier Pauchard
Le partenariat enregistré à été accepté par 58% des citoyens
Seuls six cantons et un demi-canton l’ont refusé
En Suisse romande, les cantons de Genève, Vaud, Fribourg et Neuchâtel ont dit «oui», alors que ceux du Valais et du Jura ont dit «non»
Le partenariat enregistré entrera en vigueur en 2007
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