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Les Eglises unies contre la guerre

De nombreuses personnalités ont participé à la cérémonie organisée à la cathédrale de Berne. Keystone

Ce 5 mars avait été décrété journée de prière contre la guerre en Irak par les Eglises chrétiennes et les communautés religieuses du monde entier.

En Suisse, une célébration interreligieuse s’est déroulée en la cathédrale de Berne.

«Renforcer le lien de la paix – En Suisse et dans le monde». C’est sous ce leitmotiv que de nombreuses personnalités suisses avaient été invitées à participer à la cérémonie organisée mercredi en la cathédrale de Berne.

Une célébration parrainée par la Fédération des Eglises protestantes, la Conférence des évêques, l’Eglise catholique chrétienne, la Fédération des communautés israélites et la Coordination des organisations islamiques.

Pour la cause de la paix

Ce 5 mars 2003 était le mercredi des Cendres. Soit l’entrée des chrétiens dans le carême, autrement dit la période de quarante jours qui précède Pâques.

Le 20 février, lors de son assemblée à Genève, le comité exécutif du Conseil œcuménique des Eglises (COE) avit jugé que cette date était «particulièrement appropriée» pour une journée de prière.

Deux jours plus tard, le souverain pontife avait suivi le mouvement en invitant les catholiques romains à dédier cette première journée de carême à la prière et au jeûne «pour la cause de la paix», en particulier au Moyen-Orient.

Un appel qui avait été également relayé par le synode de l’Eglise anglicane.

Rappelons que le COE réunit 342 Eglises chrétiennes – protestantes et orthodoxes – de par le monde, soit un demi-milliard de croyants.

«C’est la première fois de notre histoire que l’ensemble de nos membres s’accorde sur un sujet précis», confie à swissinfo Geneviève Jacques, l’une des responsables du Conseil œcuménique des Eglises.

Qui fait, en l’occurrence, allusion à l’appel à la prière et à une déclaration qui stigmatise les nombreux périls que fait courir cette guerre annoncée contre l’Irak.

Maintenir la paix confessionnelle en Suisse

Dans leur appel, les Eglises et les communautés (israéliste et musulmanne) disent partager les craintes de nombreuses personnes face à l’atmosphère de crise et aux menaces qui pèsent sur la paix.

«Cette grave inquiétude, précisent-elles nous réunit en tant qu’Eglises et communautés religieuses de traditions différentes».

Et de dénoncer une légitimation de la guerre par des arguments religieux: «A la guerre qui menace l’Irak il n’y a pas de légitimation religieuse. Il ne devrait pas y avoir de guerre selon la volonté de Dieu.»

De son côté, le président de la Conférence des évêques suisses déclare à swissinfo que «la prière est toujours efficace».

«Le fait de se rassembler dans un seul et même lieu pour prier les uns après les autres, dit Mgr Amédée Grab, c’est un signe que tous les croyants sont convaincus de la force de la prière.»

«Nous voulons maintenir la paix confessionnelle en Suisse», affirme de son côté le président de la Fédération suisse des communautés israélites.

Et Alfred Donath de poursuivre: «Cette guerre risque d’être interprétée comme un conflit entre le monde musulman et l’Occident.»

La diplomatie vaticane monte au front

Au Vatican, le pape Jean-Paul II a appelé mercredi les dirigeants du monde entier à un «examen de conscience» pour «éviter à l’humanité un autre conflit dramatique».

Lancé lors de l’audience générale hebdomadaire du pape, cet appel visait à appuyer la mission de l’envoyé spécial du Vatican à Washington.

Malgré son grand âge et la maladie, le souverain pontife se montre très actif dans ce combat contre la guerre. Il multiplie les initiatives diplomatiques. Tant auprès de Bagdad que de Washington.

Car si le pape est totalement opposé à une guerre préventive – qu’il qualifie d’action criminelle – il exhorte, dans le même temps, l’Irak à collaborer avec l’ONU.

C’est à cet effet que le cardinal français Roger Etchegaray a rencontré en février à Bagdad le président Saddam Hussein.

Et c’est pour la même raison que le cardinal Pio Laghi a fait le voyage de Washington pour y rencontrer mercredi le président américain George Bush.

Le choix de cet émissaire n’est pas innocent. Mgr Laghi fut nonce apostolique aux Etats-Unis de 1980 à 1988. Et c’est un ami personnel du père de l’actuel président Bush.

L’Eglise américaine s’oppose aussi à la guerre

Le président Bush – qui se déclare profondément religieux et qui appartient à l’Eglise protestante méthodiste – doit enfin également faire face à la forte résistance du Conseil des Eglises des Etats-Unis (NCC).

Pour se faire entendre, le NCC – qui représente 36 Eglises protestantes et orthodoxes, soit 50 millions de membres – a dépêché une délégation en Europe le mois dernier.

L’occasion, pour lui, de réaffirmer qu’une guerre préventive n’est jamais une guerre juste. Mais le président des Etats-Unis ne veut rien entendre. Il n’a toujours pas daigné recevoir les responsables du NCC.

swissinfo, Chantal Nicolet

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