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Samih Sawiris, du Caire à Andermatt

Samih Sawiris dans son bureau du Caire. Dominik Huber

Le milliardaire Samih Sawiris, qui veut faire d'Andermatt une oasis de prospérité au milieu des Alpes, n'est pas qu'un homme d'affaires passionné.

Ce citoyen du monde, qui s’exprime parfaitement en allemand, sort des sentiers battus en offrant des bourses et en décernant des prix de littérature.

En décembre 2005, l’entrepreneur égyptien Samih Sawiris présentait au public un ambitieux projet touristique et hôtelier pour la station d’Andermatt, dans le canton d’Uri.

Sur une superficie de 600’000 mètres carrés, il souhaite construire un complexe hôtelier d’une capacité d’au moins 800 lits comprenant des villas, chalets et appartements, mais aussi une piscine, des installations de ‘wellness’ et un terrain de golf.

C’est Raimund Kunz, ancien ambassadeur de Suisse au Caire, qui avait invité Samih Sawiris à venir présenter un projet touristique en Uri.

Mais qui est Samih Sawiris, ce milliardaire égyptien qui se dit homme d’affaires «par passion»? Nous allons chercher la réponse à son bureau au siège d’Orascom, situé place du Sphinx, au Caire.

Un Rockefeller égyptien

Son premier million, il l’a gagné à l’âge de 24 ans. Mais son vrai départ dans les affaires remontre aux bancs d’écolier alors qu’il fréquentait l’école protestante allemande du Caire: «Je rachetais aux enseignants qui repartaient en Allemagne des réfrigérateurs et des chaînes HiFi pour les revendre en Egypte. Je me faisais ainsi mon argent de poche», se souvient-il.

«Dans notre famille, la passion de faire des affaires est pour ainsi dire innée», déclare Samih Sawiris, le deuxième des trois fils Sawiris, une famille de propriétaires terriens de Haute-Egypte qui appartient à la minorité copte.

En Egypte, on les compare aux Rockefeller et aux Rothschild. L’Empire Orascom est la seule entreprise égyptienne à jouer dans la cour des très grands. Avec ses quatre tours coiffées de leurs coupoles dorées, l’immeuble du siège de l’entreprise, édifié il y a quelques années, se découpe sur l’horizon de la capitale des bords du Nil.

Avec leur groupe Orascom, les frères Sawiris c’est-à-dire Nagib (télécommunication), Nasif (bâtiment) et Samih (Hôtel et tourisme), font à eux seuls 40% du chiffre d’affaires de la bourse égyptienne.

Avec Orascom-Telecom, Nagib, l’aîné, est le plus grand prestataire de téléphonie mobile du Proche-Orient, d’Afrique et du Pakistan et possède en outre «Mobinil». Dans ce secteur, il vient d’acquérir l’italien «Wind».

Le goût du risque

Tandis que Nasif est leader du marché dans le secteur du bâtiment, Samih Sawiris a décidé en ce qui le concerne de s’étendre en Europe.

Les trois frères poursuivent l’œuvre de leur père Onsi Sawiris fondateur d’Orascom et véritable patriarche. En 1961, sa première entreprise de construction n’avait pas résisté à la politique de nationalisation menée par le président socialiste Gamal Abdel Nasser. Dix ans plus tard, Onsi Sawiris redémarrait avec Orascom, devenu le succès que l’on sait.

Samih Sawiris incarne toute l’ambition des Sawiris. Marié en secondes noces à une équatorienne et père de cinq enfants, sa voix trahit la fierté de celui qui aime miser et gagner lorsqu’il raconte comment il a gagné son premier million.

«J’ai eu la chance de pouvoir exploiter une brèche du marché. Personne en Egypte ne construisait de bateaux en fibre de verre et il y avait une demande importante aussi bien dans la police, dans l’armée que pour la pêche en haute-mer. Je me suis donc lancé, j’ai fait chaque année deux à trois millions de livres égyptiennes de chiffres d’affaires et comme il n’y avait pas de concurrent, j’ai pu facilement faire 30% à 40% de bénéfice.»

Encourager la littérature

Mais les affaires ne sont pas toute sa vie: Samih Sawiris s’occupe activement de la fondation de la famille Sawiris, qui soutient de jeunes Egyptiennes et Egyptiens désireux d’étudier à l’étranger, à la condition qu’ils reviennent ensuite en Egypte pour mettre leurs connaissances acquises au profit de leur pays.

L’année dernière, il a remis pour la première fois le prix Sawiris de littérature, doté de 60’000 francs pour récompenser le meilleur roman ou la meilleure nouvelle de l’année, et de 10’000 francs pour le meilleur jeune auteur. Des montants considérables en Egypte.

«En Egypte, de nombreux auteurs ne peuvent pas se permettre d’écrire des livres parce qu’ils doivent d’abord gagner de l’argent. En décernant ce prix, je veux permettre à ceux qui en ont le talent de s’épanouir», déclare le mécène.

En encourageant la littérature, Samih Sawiris cherche à faire contrepoids aux nombreux écrits religieux diffusés en masse parmi la population. L’homme d’affaires et mécène se déclare préoccupé de voir combien les pamphlets religieux s’imposent dans la population: «La littérature favorise l’ouverture d’esprit.»

Lorsqu’il était jeune, durant ses études en Allemagne, Samih Sawiris s’est imprégné de littérature germanophone (Heinrich Böll, Friedrich Dürrenmatt) et anglo-saxonne. Aujourd’hui ses lectures de vacances – qu’il avoue prendre fréquemment – portent essentiellement sur l’histoire et la politique du Proche-Orient.

Samih Sawiris déplore que le terrorisme ait considérablement terni l’image des musulmans: «Ce qui me fait particulièrement mal, c’est de voir le soulagement sur le visage des Occidentaux lorsqu’ils apprennent que je suis chrétien et pas musulman.»

swissinfo, Susanne Schanda, Le Caire
(Traduction et adaptation: Bertrand Baumann)

– En décembre 2005, l’entrepreneur égyptien Samih Sawiris a présenté au public un ambitieux projet touristique et hôtelier pour Andermatt.

– Sur une superficie de 600’000 mètres carrés, il souhaite construire un complexe hôtelier d’une capacité d’au moins 800 lits comprenant des villas, chalets et appartements, mais aussi une piscine et des installations de ‘wellness’ et un terrain de golf.

– C’est Raimund Kunz, ancien ambassadeur de Suisse au Caire, qui a convié Samih Sawiris à venir présenter un projet touristique en Uri.

Samih Sawiris est né en 1957 au Caire, où il a fréquenté l’école allemande.
Après ses études en Allemagne, il est devenu président de l’entreprise égyptienne Orascom Hotels & Development.
Il a construit les cités hôtelières d’El-Gouna, sur la Mer rouge et des Monts de Taba, sur le golfe d’Akaba.
Orascom Hotels & Development double chaque année son bénéfice net.
En 2005, il s’est élevé à près de 35 millions de francs.

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