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Hong Kong: la crise entre Pékin et Berlin s’envenime

"Nous espérons simplement élire notre propre gouvernement", a assuré lors d'une conférence de presse Joshua Wong, en déplacement à Berlin. KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN sda-ats

(Keystone-ATS) Pékin a convoqué mardi l’ambassadeur d’Allemagne en Chine. La Chine marque son exaspération après la rencontre du chef de la diplomatie allemande avec un militant pro-démocratie de Hong Kong, venu chercher à Berlin des soutiens internationaux.

« Nous signifions notre grande déception (…) et nous protestons très fermement contre le fait qu’un tel incident se soit produit », a déclaré l’ambassadeur chinois Wu Ken au cours d’une conférence de presse à Berlin.

Son homologue allemand à Pékin a donc été « convoqué par le ministère chinois des Affaires étrangères », une première dans cette crise autour de la ville semi-autonome de Hong Kong, sujette à des manifestations quasi-quotidiennes depuis juin.

« Impact négatif »

Wu Ken a prévenu Berlin que « cet incident aura un impact très négatif sur les relations bilatérales » entre les deux pays, sans donner davantage de détails.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a de son côté fait savoir à l’AFP que l’entrevue avait eu lieu mardi, et que l’émissaire allemand avait « de nouveau expliqué la position du gouvernement fédéral ».

Pékin a régulièrement accusé des « forces étrangères », notamment les Etats-Unis, d’être à l’oeuvre dans les troubles à Hong Kong. Plusieurs millions de personnes y ont manifesté depuis juin, réclamant « plus de démocratie ».

Militant à Berlin

Joshua Wong, militant de 22 ans devenu l’un des visages de ce mouvement, avait été photographié lundi à Berlin avec le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, et poursuit actuellement sa visite de quelques jours.

Il a rencontré plusieurs responsables politiques mais pas la chancelière Angela Merkel, et doit se rendre vendredi aux Etats-Unis. Il avait posté sur Twitter le cliché le montrant aux côtés de M. Maas, précisant avoir discuté avec lui des « protestations actuelles et de (la) lutte pour des élections libres et la démocratie à Hong Kong ».

Cette photo avait déclenché mardi l’ire de Pékin, qui avait jugé inacceptable que des « politiques allemands tentent d’augmenter leur attractivité et d’attirer l’attention sur eux en se servant de séparatistes anti-Chine ».

Pas un « séparatiste »

Mercredi, Joshua Wong a pourtant tenté de calmer le jeu, assurant lors d’une conférence de presse que les militants pro-démocratie à Hong Kong n’avaient pas de visée « séparatiste » vis-à-vis de la Chine. « Quelqu’un m’a catalogué comme séparatiste. Mais nous espérons simplement élire notre propre gouvernement », a-t-il assuré.

Trente ans après la chute du Mur dans la capitale allemande, M. Wong a redit qu’il voyait Hong Kong comme le « nouveau Berlin ». Il a dit espérer que « les pays du monde entier puissent prendre des mesures concrètes » et non se limiter à des « déclarations ». Il a demandé à l’Allemagne de stopper la vente de matériel anti-émeute à la police de Hong Kong.

Lors d’un discours devant la Chambre basse, Mme Merkel, qui s’était déplacée la semaine passée en Chine, a affirmé mercredi que l’Allemagne considérait comme « indispensable » le respect des droits de l’Homme, rappelant être favorable à Hong Kong au principe « d’un pays, deux systèmes ».

Accueil des dissidents

L’Allemagne se démarque ces dernières années par sa politique d’accueil pour des dissidents chinois, notamment Liu Xia, la veuve du lauréat du Nobel de la Paix Liu Xiaobo, décédé en 2017

En mai, deux anciens militants pour l’indépendance de Hong Kong ont obtenu le statut de réfugié en Allemagne, devenant les premiers dissidents hongkongais à recevoir une telle protection.

Hong Kong, ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, est secouée depuis juin par un mouvement de protestation dirigé contre l’exécutif local, sur fond de craintes d’une emprise croissante du gouvernement central.

Ce mouvement n’a officiellement pas de dirigeant mais Joshua Wong, secrétaire général de Demosisto qui milite pour « l’autodétermination » du territoire, s’implique via de nombreuses prises de position publiques.

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