Il y a 25 ans, la scène ouverte de la drogue du Platzspitz à Zurich était évacuée. Loin de mettre fin au problème des toxicomanes, l'événement a du moins marqué un tournant dans les mentalités.
Ce contenu a été publié sur
Journaliste multimédia britannique installée en Suisse depuis 2010, Jo a travaillé pour la télévision, la radio et sur le web. Elle est spécialisée dans les réseaux sociaux et dirige une équipe constituée de journalistes vidéo, de rédacteurs photo, d’un designer graphique, d’un journaliste de données et d’un gestionnaire de communautés. Initiales: jf
Les beaux jours, des enfants se défoulent à la place de jeux, des jeunes se réunissent autour du kiosque à musique, des promeneurs flânent à la confluence des rivières de Zurich, la Sihl et la Limmat, juste derrière le Musée national et sa nouvelle annexe. Aujourd’hui, plus rien ne laisse imaginer les années sombres qu’a connues le parc du Platzspitz.
Il y a 25 ans, le 5 février 1992, Zurich a fermé ce qui était devenu la Mecque européenne de la drogue. Chaque jour, jusqu’à 3000 toxicomanes suisses et étrangers venaient s’y approvisionner, principalement en héroïne.
Le lieu était à cette époque surnommé le «Needle-Park» (parc aux aiguilles). Les toxicomanes s’y injectaient leur drogue en plein air, au milieu des détritus.
Vers un changement de mentalité
L’année précédant la fermeture, 5 millions de seringues y avaient été distribuées. Les secours avaient dû réanimer 3600 personnes et 21 drogués étaient morts sur place.
Exécutée sans mesures d’accompagnement, l’opération d’évacuation était vouée à l’échec. Les toxicomanes se relocalisèrent autour de la gare désaffectée du Letten, non loin du Platzspitz.
Une nouvelle scène tout aussi importante et encore plus violente était née. Elle fut finalement évacuée en 1995. Cette fois, l’opération fut soigneusement préparée avec de nombreuses mains tendues, distribution d’héroïne, programme de méthadone ou encore intégration professionnelle.
Ces scènes ouvertes de la drogue ont conduit la Suisse à mettre au point sa politique novatrice des quatre piliers: répression, prévention, thérapie et – nouvellement – aide à la survie.
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.
En savoir plus
Plus
Scènes ouvertes de la drogue à Zurich
Ce contenu a été publié sur
Face aux pressions croissantes, les autorités locales ont fini par mettre fin à ce triste spectacle. En 1992, le parc a été condamné par une porte en fer et les toxicos chassés sans trop de ménagements… Mais la scène ouverte de la drogue n’a fait que ressurgir à la gare de marchandises désaffectée du Letten,…
«La prescription d’héroïne est une histoire de prestige»
Ce contenu a été publié sur
André Seidenberg, médecin qui a traité 3500 patients au cours de sa carrière, avait été à l’époque parmi les premiers à plaider en faveur de la distribution de seringues propres aux toxicomanes. La police et la justice avaient tenté de régler le problème par la répression, mais en vain. Au contraire, cette solution n’aurait fait…
Ce contenu a été publié sur
«Je suis et j’ai toujours été une écorchée vive: c’est terrible d’être hypersensible et d’être incapable de se défendre. Déjà enfant, j’étais à fleur de peau.» Evelyn G., 55 ans, a tâté de l’alcool dès l’adolescence. «Je n’aimais pas vraiment le goût mais l’effet me plaisait.» Puis elle a essayé l’amphétamine, la cocaïne et l’héroïne.…
Ce contenu a été publié sur
Tabac, alcool et drogues, le nouveau rapport de la fondation «Addiction Suisse» lève le voile sur les dépendances des Suisses. Pour la première fois, le Panorama Suisse des Addictions 2016 étudie aussi les addictions à internet. Selon le rapport, 11’000 personnes meurent chaque année des conséquences d’une addiction. Les problèmes de dépendance coûtent 10 milliards…
Ce contenu a été publié sur
En 1994, lorsque c’était encore l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui était en charge de l’achat et de la distribution d’héroïne, cette substance était entreposée dans une énorme chambre-forte de la Banque nationale, juste à côté des lingots d’or. «Imaginez-vous donc: j’étais étranger et l’un des rares à avoir accès à ce saint…
Votre abonnement n'a pas pu être enregistré. Veuillez réessayer.
Presque fini... Nous devons confirmer votre adresse e-mail. Veuillez cliquer sur le lien contenu dans l'e-mail que nous venons de vous envoyer pour achever le processus d'inscription.
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.