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Il y a 25 ans, Claude Nicollier entrait dans l’espace et l’histoire

Claude Nicollier, premier Suisse à s'être rendu dans l'espace, est "certain que dans les dix ou peut-être vingt prochaines années, il y aura d'autres astronautes de nationalité suisse" (archives). KEYSTONE/CYRIL ZINGARO sda-ats

(Keystone-ATS) Le 31 juillet 1992, Claude Nicollier devient le premier Suisse à se rendre dans l’espace. Une expérience « extraordinaire » qu’aucun autre Helvète n’a eu la chance de vivre depuis.

« Cette vision de la Terre comme un corps céleste dont on est à l’extérieur était extraordinaire », raconte l’astrophysicien de 72 ans. Et de se remémorer avec un sourire discret « ce sentiment de liberté de pouvoir utiliser tout le volume accessible et pas seulement la surface, comme c’est le cas ici sur la Terre ».

Vingt-cinq ans après avoir décollé pour sa première mission à bord de la navette spatiale Atlantis en compagnie de six autres astronautes, Claude Nicollier n’en a pas oublié une miette. Aujourd’hui professeur au Swiss Space Center sur le site de l’EPFL où il reçoit l’ats, il se rappelle avec force détails cette aventure scientifique et humaine.

Quatre missions

« J’ai fait quatre missions dans l’espace, mais la première c’est la première », glisse le Vaudois. »C’est la découverte de sensations complètement nouvelles, différentes. Surtout l’accès à l’environnement spatial qui intervient seulement huit minutes et demie après le départ ».

Bien que courte, la mise en orbite l’a marqué. C’est « totalement magique, l’absence d’apesanteur, la Terre qui défile sous nous. Je me rappelle très bien de ces moments », détaille l’homme debout dans son petit bureau entre une maquette d’Atlantis et des tableaux blancs, remplis de formules scientifiques incompréhensibles aux profanes.

Sauver Hubble

Claude Nicollier, également pilote, ne cache toutefois pas que c’est sa deuxième mission qui reste la plus mémorable. « C’était le sauvetage de Hubble (ndlr: un téléscope spatial) qui a eu lieu un peu plus d’une année après ma première mission ».

Souffrant d’un problème majeur, Hubble n’était presque pas utilisable. Il fallait donc lui rendre sa capacité de travail scientifique, explique le spécialiste: « Et ça a marché! »

« Pour nous. c’était extraordinairement gratifiant », poursuit le septuagénaire. D’autant que la mission avait demandé une importante préparation durant l’année précédente, notamment en piscine.

Prochain Suisse

Les aventures du Vaudois dans l’espace ont fait rêver plus d’un habitant de Suisse et d’ailleurs. A l’image de l’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi, qui l’avait alors félicité en duplex depuis le Musée des Transports à Lucerne en lui adressant le fameux « Freude herrscht » (la joie règne).

Mais depuis cette période riche pour l’histoire spatiale suisse, aucun compatriote ne s’est rendu dans l’espace. « Le corps des astronautes européens est relativement petit, actuellement c’est quinze personnes », explique Claude Nicollier. Elles proviennent de 22 pays contre 11 à l’époque de sa première mission.

Chances faibles

Sachant qu’il n’y a pas un très gros besoin d’astronautes européens et que les grands pays prennent une bonne partie des places, il en reste peu pour les petits. « Quelle que soit la qualité de la formation, la volonté de le faire, la passion des citoyennes et des citoyens de ces petits pays, les chances sont faibles parce qu’il n’y a pas de place, tout simplement ».

Mais celui qui a vécu plusieurs années aux Etats-Unis reste optimiste: « Je suis certain que dans les dix ou peut-être vingt prochaines années, il y aura d’autres astronautes de nationalité suisse ».

Ses recommandations? Ne jamais se décourager, s’inscrire, maintenir la passion, rester en bonne santé et parfaire sa formation afin de maximiser les chances que ça marche. Lui-même avait dû patienter pendant près de quinze ans après sa sélection par l’agence spatiale européenne avant de décoller pour l’espace.

Privilégié

Vingt-cinq ans plus tard, quand il y repense, ce n’est pas de la fierté qui l’habite. Mais plutôt le sentiment « d’un grand privilège » d’avoir participé à cette période « un peu pionnière » des vols initiaux de l’espace habité européen.

Quant à la date anniversaire du 31 juillet, il ne la fêtera ni en Suisse, ni aux Etats-Unis. « Je serai au Vatican. Je suis invité par les gardes suisses à passer le 1er Août (…) Ce n’est pas en relation directe avec cet anniversaire mais je me réjouis beaucoup ».

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