Initiative pour une meilleure inclusion des personnes handicapées
(Keystone-ATS) L’égalité effective des personnes handicapées doit être inscrite dans la Constitution. Un comité comprenant des représentants de la société civile et d’organisations a lancé une initiative populaire visant à renforcer leurs droits et éliminer les discriminations.
En Suisse, deux personnes sur dix vivent avec un handicap, a relevé Islam Alijaj, président de l’association alémanique Tatkraft, jeudi devant les médias à Berne. Quelque 1,7 million de personnes se heurtent quotidiennement à de nombreux obstacles, qui rendent difficile voire impossible leur participation à la vie en société.
« En principe, la Constitution stipule que nous sommes tous égaux », a déclaré Verena Kuonen, co-présidente d’Inclusion Handicap. Elle interdit aussi depuis 2000 toute discrimination fondée sur un handicap, qu’il soit physique, visuel, mental ou psychique.
« Or la réalité quotidienne démontre que tel n’est pas le cas », a poursuivi Mme Kuonen. « Je veux que le rêve devienne réalité: vivre une vie inclusive avec nos différences. Nous souhaitons être considérés, acceptés et intégrés dans la collectivité en tant que personnes à part entière et non comme des personnes handicapées à charge pour la communauté. »
Et d’émettre le voeu d’une société qui reconnaisse que les handicaps et les maladies font « tout simplement » partie de la condition humaine. Les droits des personnes handicapées sont aussi des droits humains, a souligné Daniela Enzler, d’Amnesty International Suisse.
Emploi et logement
Robert Joosten, vice-président d’AGILE.CH, a cité un rapport de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées publié l’année dernière. Ce document avait relevé de graves lacunes en Suisse.
Lui-même vivant avec un handicap psychique, il a déploré un monde du travail non adapté, citant un rythme trop soutenu ou des conditions et des horaires non flexibles. Des mesures doivent être prises pour que tout le monde ait un accès équitable au marché du travail, a complété Tatjana Binggeli, présidente de la Fédération suisse des sourds. « On fait partie de la société et de l’économie. »
M. Joosten a aussi évoqué la problématique du logement: « Avec une étiquette de rentier AI, il est difficile de trouver un appartement. »
De telles recherches représentent un « immense problème » pour les personnes handicapées, notamment celles en chaise roulante, a abondé Mme Kuonen. Elle-même aveugle depuis 20 ans, elle a pointé les obstacles touchant aussi des personnes âgées qui perdent la vue, notamment en ce qui concerne les écrans tactiles qui apparaissent de plus en plus sur les appareils électroménagers.
Autodétermination
Les personnes en situation de handicap doivent pouvoir décider où et avec qui elles souhaitent vivre, se former, travailler ou utiliser les transports publics en toute autonomie, argue le comité. Elles doivent pouvoir participer à la vie en société en toute autodétermination et de manière égalitaire.
Cela implique la mise à disposition des mesures de soutien nécessaires, que ce soit sous forme d’assistance, de moyens auxiliaires ou d’autres mesures d’adaptation. Les domaines couverts par la contribution d’assistance doivent en particulier être revus.
Actuellement, celle-ci ne finance pas l’assistance verbale dont une personne ayant un handicap de la parole a besoin pour exercer un travail. Ou elle ne paie pas les services d’un interprète pour une personne sourde qui souhaite s’engager en politique.
Représentation politique
Concernant les droits politiques, M. Alijaj a souhaité que l’initiative représente une « force » pour que des personnes en situation de handicap se lancent dans la course au Parlement, dans la foulée du député Christian Lohr (Centre/TG). La question des infrastructures publiques a aussi été mentionnée. Un manque d’adaptations empêche par exemple un accès total à un cabinet médical ou à un restaurant.
AGILE.CH, Inclusion Handicap, la Fédération suisse des sourds, Amnesty International Suisse, la Fondation pour la démocratie directe et Tatkraft font notamment partie du comité de l’initiative « Pour l’égalité des personnes handicapées (initiative pour l’inclusion) ». De même que des individus en situation de handicap.
Les initiants ont jusqu’au 25 octobre 2024 pour récolter 100’000 signatures. Avant la conférence de presse, ils ont symboliquement recueilli les premiers paraphes lors d’une action à Berne.