JO 2008: les héros et les extraterrestres
Au mois d'août de cette année, Roger Federer, Stanislas Wawrinka et Fabian Cancellara ont tous trois ramené une médaille d'or des Jeux de Pékin. Les titres olympiques, Michael Phelps et Usaïn Bolt les ont quant à eux récolté à la pelle. Retour sur des joutes contestées.
S’il fallait retenir en Suisse une image des Jeux olympiques de Pékin, ce serait sans doute celle de Roger Federer se chauffant les mains sur son compère Stanislas Wawrinka au terme de la finale du double de tennis.
En remportant la médaille d’or, Roger Federer a fait oublier une saison difficile et une élimination précoce dans le tournoi olympique de simple. Et il a permis à son pote vaudois Stanislas Wawrinka de fêter la plus belle victoire de sa carrière.
Fabian Cancellara a, lui, pédalé au-delà de ses objectifs à Pékin. En plus de la victoire dans le contre-la-montre, une idée fixe en cette année 2008, le cycliste bernois a remporté le bronze de la course sur route. Au terme d’un final ahurissant, «Spartacus» est revenu sur les hommes de tête pour s’adjuger une 3e place inattendue. Héros l’espace de 15 jours, Fabian Cancellara connaîtra ensuite une dépression post-olympique qui l’obligera à renoncer aux Mondiaux.
Aschwanden, enfin!
Symbole de ténacité, le judoka vaudois Sergei Aschwanden a glané à Pékin une médaille de bronze qui vaut de l’or. Après deux olympiades catastrophiques, il a enfin réussi à dominer cette pression olympique si singulière. En reconnaissance de son travail acharné, la délégation suisse lui a octroyé l’honneur de porter le drapeau lors de la cérémonie de clôture.
Le cyclisme a apporté plus de la moitié des médailles (4 sur 7) à la Suisse à Pékin. Dans la roue de Fabian Cancellara, Karin Thürig a également affolé le chrono en se parant de bronze dans le contre-la-montre. En VTT, une discipline où les Suisses sont depuis de nombreuses années les dominateurs incontestés, c’est le jeune espoir Nino Schurter qui a le mieux représenté son pays. Là encore, c’est le bronze qui viendra couronner le travail et le talent.
Les nombreux déçus
Les diplômes (places 4-8) d’Ariella Kaeslin (gymnastique), Viktor Röthlin (marathon), Nathalie Brugger (voile) ou Swann Oberson (10 km en eaux libres) sont venus compléter le bilan «réjouissant» de Swiss Olympic. A côté de ces bons résultats, il convient cependant d’évoquer certaines légitimes déceptions. Ainsi, les diplômes de Nicola Spirig et Daniela Ryf ne sont au final qu’une maigre consolation pour une équipe de triathlon, hommes et femmes confondus, qui visait au moins une médaille.
Il y a aussi tous ces athlètes pour qui les Jeux olympiques ont été bien trop courts. A l’image du sauteur en longueur Julien Fivaz, éliminé prématurément et qui étalera son immense déception au micro de la télévision suisse. Ou de ces athlètes inexpérimentés comme Manuela Bezzola (taekwondo) ou Grégory Sarrasin (lutte), qui ont peut-être sous-estimé le poids de l’événement et qui se sont retrouvés au tapis en quelques secondes.
Pour les vieux routiniers, les Jeux ne sont pas non plus toujours une partie de plaisir. Bruno Risi, spécialiste du Madison (cyclisme), peut en témoigner. Lui qui visait l’or olympique pour ses derniers Jeux à 40 ans a vite dû mettre ses ambitions au placard. Son coéquipier Franco Marvulli a connu une baisse de régime le jour où il ne fallait pas. Amère déception.
Dans l’ombre des extraterrestres
A Pékin, il y a également les chanceux qui ont pu apercevoir les extraterrestres. C’est le cas de Dominik Meichtry. Le nageur st-gallois s’est même offert le luxe de battre l’un d’eux, Michael Phelps, lors des séries du 200m. Dans le Cube olympique, le nageur américain a tenu ses promesses: autour de son cou de taureau pendent désormais huit médailles d’or ramenées de Chine. Le monde s’est émerveillé devant cet exploit historique mais s’est également beaucoup interrogé sur tous ces records pulvérisés dans le bassin olympique.
L’autre extraterrestre de ces Jeux vient de la planète Jamaïque et se nomme Usaïn Bolt. Trois titres olympiques, trois records du monde. Et une insolence très critiquée lorsque le showman s’est permis de stopper son effort une bonne dizaine de mètres avant la ligne d’arrivée du 100m. Des records, de l’or à gogo mais des questions qui restent là aussi ouvertes, dans un milieu, l’athlétisme, où le fléau du dopage a déjà englouti de nombreux champions par le passé.
De la poudre aux yeux
Des questions, ces Jeux en susciteront au-delà de l’aspect sportif. Eblouissants en apparence, mais muselés par un régime soucieux de montrer un tableau impeccable de sa puissance, les joutes chinoises resteront pour les observateurs comme ceux de la démesure et de la poudre jetée aux yeux du monde occidental.
A l’image de cette petite Chinoise chantant en play-back lors de la cérémonie d’ouverture, le minois correspondant à la voix d’origine n’étant pas assez parfait pour l’exposer aux milliards de téléspectateurs du monde entier. Ou de ces feux d’artifice créés par images de synthèse pour éviter la moindre anicroche lors du direct.
Trop propres, trop lisses, trop parfaits, trop grands : les Jeux olympiques de Pékin ont créé un sentiment de gigantisme jamais atteint par le passé. Un retour à l’échelle humaine a d’ores et déjà été annoncé pour l’édition de 2012, qui aura lieu à Londres.
swissinfo, Samuel Jaberg
Entre parenthèses, le nombre de médailles d’or, d’argent et de bronze
1. Chine (51, 21, 28)
2. Etats-Unis (36, 38,36)
3. Russie (23, 21, 28)
4. Grande-Bretagne (19, 13, 15)
5. Allemagne (16, 10,15)
6. Australie (14, 15,17)
7. Corée du Sud (13, 10, 8)
8. Japon (9, 6, 10)
9. Italie (8, 10, 10)
10. France (7, 16, 17)
….
34. Suisse (2, 0, 5)
Or: Fabian Cancellara (cyclisme), Roger Federer/Stanislas Wawrinka (tennis)
Bronze: Sergei Aschwanden (judo), Fabian Cancellara, Karin Thürig (cyclisme), Nino Schurter (VTT), Steve Guerdat/Christina Liebherr/Niklaus Schurtenberger/Pius Schwizer (hippisme par équipe)
Plus de 4 mois après les Jeux olympiques de Pékin, la Suisse a récupéré une 7e médaille sur le tapis vert.
L’équipe de Suisse de saut d’obstacles (hippisme) s’est finalement vu attribuer la médaille de bronze au terme d’une longue procédure menée par la fédération internationale, qui a disqualifié l’équipe de Norvège suite au contrôle antidopage positif de l’un des chevaux.
Cinq chevaux de saut d’obstacles avaient été contrôlés positifs aux Jeux, à Hong Kong, à des produits interdits en raison de leurs propriétés anti-douleurs mais aussi hypersensibilisantes.
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