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L’OTAN répare une « anomalie » à Genève sans violer la neutralité

Keystone-SDA

(Keystone-ATS) L’OTAN répare « une sorte d’anomalie » avec le bureau qu’elle a ouvert il y a un mois à Genève, selon son responsable. L’occasion pour lui de préciser qu’il ne s’occupe pas des relations avec la Suisse et que son poste ne viole pas la « neutralité » du pays hôte.

« Genève est un centre mondial pour la diplomatie », affirme l’Espagnol Joaquin Molina dans un entretien à Keystone-ATS, le premier depuis le début de son mandat. « Il n’y a pas d’autre ville dans le monde qui a ce pouvoir fédérateur ».

L’OTAN s’appuyait déjà des bureaux de liaison dans les autres centres multilatéraux comme New York et Vienne. « Le fait que nous n’étions pas ici était une sorte d’anomalie », insiste M. Molina qui estime que cette arrivée peut rendre la Genève internationale « plus complète » encore.

Une analyse que partagent de nombreux interlocuteurs auxquels il a parlé depuis un mois. Mais la collaboration avec les organisations internationales à Genève dure depuis toujours à l’Alliance, largement avant l’ouverture du bureau.

Plus largement, « la sécurité internationale est de plus en plus importante dans le paysage auquel nous sommes confrontés », explique M. Molina. Or, l’OTAN est attachée à un ordre international établi sur le droit, dit-il.

Engagée sur le DIH

L’Alliance veut aussi montrer qu’elle n’est pas qu’une alliance militaire défensive. Elle se positionne désormais sur une approche très large de la sécurité, des cybermenaces aux migrants, en passant par le changement climatique et la lutte contre le terrorisme.

L’Alliance atlantique voit notamment un intérêt à participer au dialogue sur des questions comme l’humanitaire ou le désarmement, affirme ce responsable, pour le moment le seul représentant dans ce bureau à Genève. « Nous sommes inquiets de la situation actuelle », admet-il.

Elle va participer dès la semaine prochaine à la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR) avec un engagement concret qui sera porté par un sous-secrétaire général adjoint.

Le sommet récent de l’OTAN à Washington a donné une large place au droit international humanitaire (DIH). Le fait que les Conventions de Genève et que l’alliance aient été lancées la même année « n’est pas vraiment un hasard », selon l’Espagnol. « Le monde a répondu à une approche qui était là après la Seconde Guerre mondiale », dit-il.

Le DIH fait partie de l’OTAN qui l’a éprouvé dans plusieurs conflits. La décision d’intervenir dans les Balkans dans les années 90 était précisément « en réponse aux violations » de ce droit et des droits humains, estime M. Molina. « Tous les problèmes ont-ils été résolus ? Clairement non, mais ce n’est pas la faute de l’OTAN. Nous avons fait partie de la solution ».

Pas de dialogue avec Moscou

Sur l’aide à l’Ukraine aussi, « nous avons fait ce que nous devions, même si certains pensent que nous aurions dû faire davantage », dit encore l’Espagnol. « Nous continuons à soutenir fermement » ce pays, ajoute-t-il, sans pouvoir commenter si celui-ci rejoindra rapidement ou non l’alliance.

A ses partenaires habituels qui sont à Genève, comme les trois centres sur la sécurité financés par la Confédération ou l’ONU, elle veut en ajouter d’autres. Elle veut relayer « ce qu’elle a à dire », sans chercher forcément à contrer ce que des acteurs comme la Russie ou la Chine souhaitent faire avancer dans l’écosystème multilatéral. « Nous avons un dialogue officiel plus large avec la Chine », mais « nous ne parlons pas actuellement à la Russie », explique M. Molina.

La décision d’ouvrir un bureau avait été validée par consensus en 2023 par les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres. Les autorités suisses ont ensuite « été d’une grande aide » comme Etat hôte, explique M. Molina. Même si le bureau ne porte pas sur la Suisse.

Pas de discussion avec les autorités

Il y a un an, à quelques semaines des élections fédérales, plusieurs conseillers nationaux avaient instrumentalisé ce qui était alors la possible arrivée à Genève de l’OTAN, laissant entendre l’inverse. « Mon rôle ici est de travailler sur la Genève internationale » avec les organisations internationales et les ONG, insiste l’Espagnol.

« Mon bureau n’a rien à faire avec les affaires bilatérales. C’est quelque chose qui est réglé entre Bruxelles (siège de l’OTAN, ndlr) et Berne », ajoute-t-il. « La présence du bureau de liaison ici n’affecte en aucun cas la neutralité suisse », ni les discussions entre la Confédération et l’Alliance atlantique.

Preuve en est, il ne peut commenter le récent rapport de la commission pour l’avenir de la politique de sécurité demandé par la présidente de la Confédération Viola Amherd. Celui-ci recommandait un rapprochement entre la Suisse et l’OTAN.

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