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L’Egypte des Pharaons est aussi celle des femmes

L'Egypte est présente comme hôte d'honneur et à travers une grande exposition. Salondulivre.ch

Le pays du Nil est cette année l'hôte d'honneur du Salon du livre qui se tient à Genève jusqu'au 4 mai. L'occasion de rencontrer deux romancières égyptiennes séparées par leur âge mais liées par une même passion, celle de leur histoire ancestrale.

Sur un écran en cyclorama, le Caire brille de mille lumières. Passe le Nil, et défilent les trésors des Pharaons sous le regard charmé des visiteurs. Ils sont nombreux à s’arrêter devant le stand égyptien du Salon du livre qui s’est ouvert à Genève le 30 avril.

L’Egypte, cette année hôte d’honneur dudit salon, offre donc le spectacle de sa beauté orgueilleuse. Voilà pour le devant de la scène. Derrière, dans les coulisses du stand, une autre Egypte se fait plus discrète. C’est l’Egypte des écrivains d’aujourd’hui, autre reflet d’une civilisation plusieurs fois millénaire qui observe son passé pour mieux écrire le présent.

Un pays qui change

Dans les coulisses donc, deux femmes nous attendent. Deux romancières égyptiennes expatriées. Fawzia Assaad vit en Suisse, May Telmissany au Canada. La première est déjà grand-mère. La deuxième est née en 1965.

Chacune d’elle représente une génération d’auteurs que le style et les aspirations séparent. Que la passion de raconter l’Egypte réunit.

Mais comment écrivent-elles justement en étant loin de leur pays natal? A la question, les deux répondent en chœur qu’il leur faut passer plusieurs semaines par an en Egypte pour s’imprégner d’un climat social nécessaire à leur inspiration. Car là-bas, tout est train de changer, les mentalités surtout.

Quotidien et intimité

Si Fawzia Assaad se dit politiquement engagée comme auteur, May Telmissany repousse, quant à elle, tout parti pris social. «Je ne véhicule aucune idéologie dans mes romans, j’ai horreur de ça, lâche cette dernière. Tout ce que je revendique, c’est une marge de subjectivité que je ne peux pas avoir en tant qu’individu et que je m’autorise dans la fiction».

Pour cette femme de 43 ans, écrire n’est pas un acte de résistance. «J’appartiens, dit-elle, à une génération de femmes auteurs qui se distinguent de leurs aînées par le désengagement social. On nous l’a d’ailleurs souvent reproché en nous traitant de nombrilistes».

Mais cette génération-là a un mérite: au début des années 1990, elle a fait entrer l’Egypte littéraire dans l’ère de l’autofiction. «Nous étions mues, ajoute May Telmissany, par le désir de nous dévoiler de l’intérieur et de revendiquer notre identité féminine».

Et cette tendance per
dure avec d’autres jeunes romancières qui représentent une histoire non officielle de l’Egypte: l’histoire de l’intimité et de la quotidienneté.

Littérature de combat

L’autre histoire, celle des luttes sociales, est la fierté de Fawzia Assaad, philosophe de formation, ex-enseignante à l’Université Aïn Shams du Caire. Egalement romancière, elle a mis sa plume au service de la cause des femmes. C’est dans cette optique qu’elle écrit en 1975 son roman «L’Egyptienne».

«Je souhaitais alors ébranler quelques certitudes et détrôner certaines traditions ancestrales dans lesquelles les femmes du peuple étaient enfermées», affirme-t-elle aujourd’hui.

En amont de son travail, les mythes de l’ancienne Egypte. En aval, le présent. Pour Fawzia Assaad, ces mythes expriment une histoire qui se répète. «Depuis Néfertiti, le pouvoir chez nous se dédouble en couple», explique-t-elle. Et la romancière de citer en exemple la femme de l’actuel Président Hossni Moubarak. «C’est elle qui règne sur le pays. Si lui est à la première page, elle occupe la troisième», dit-elle. Rires.

May Telmissany qui écoute son aînée acquiesce. Notre conversation s’achève ainsi sur un trait d’humour, dénominateur commun à toute une littérature égyptienne.

swissinfo, Ghania Adamo

Née au Caire, Fawzia Assaad vit aujourd’hui en Suisse, près de Genève.

Après des études à la Sorbonne, elle enseigne la philosophie à l’Université Aïn Shams du Caire.

Son premier roman, «L’Egyptienne» paraît aux éditions Mercure de France en 1975. Suivront d’autres livres: «Des Enfants et des chats», «Hatshepsout», «Ahlam et les éboueurs du Caire»…

Elle a obtenu deux fois le prix de la Société des écrivains de Genève.

Son engagement n’est pas seulement littéraire. Elle représente aujourd’hui PEN International à la Commission des droits de l’homme pour la défense de la liberté d’expression.

Née en Egypte en 1965, elle vit et travaille depuis dix ans au Canada où elle enseigne à l’Université d’Ottawa.

Elle est l’auteur de plusieurs romans dont «Doniazade» et «Héliopolis». Ce dernier, très remarqué par la critique internationale, suit les aspirations féminines d’une famille de la classe moyenne.

En France, elle est traduite chez Actes Sud.

Elle participe également à la rédaction d’articles dans des revues spécialisées.

En marge du Salon international du livre et de la presse de Genève se tiennent également le Salon africain, le Salon de l’Etudiant et Europ’Art.

Hôtes d’honneur: l’Egypte, la vallée d’Aoste et le canton de Saint Gall.

Grande Exposition: Les Trésors des Pharaons

A découvrir jusqu’au dimanche 4 mai.

Heures d’ouverture: tous les jours de 9h30 à 19h00 (sauf vendredi: nocturne jusqu’à 21h30).

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