L’hôtellerie suisse a perdu 0,8% de nuitées en 2015
(Keystone-ATS) Le tourisme suisse a souffert l’an dernier du renchérissement du franc. Les nuitées hôtelières ont reculé de 0,8%, à 35,6 millions. L’enthousiasme asiatique ne permet de contrebalancer qu’en partie la chute du nombre d’hôtes européens.
En 2015, la demande étrangère a diminué de 1,7% par rapport à l’année précédente, à 19,6 millions de nuitées, a indiqué mardi Marc Gindraux, de l’Office fédéral de la statistique (OFS), aux médias réunis à Zurich. Les Helvètes – 45% du marché – ont été à peine plus nombreux à séjourner dans les hôtels du pays qu’en 2014. Leurs nuitées sont restées stables (+0,2%, à 16,1 millions).
La force du franc par rapport à l’euro après la décision de la Banque nationale suisse (BNS) d’abandonner le taux plancher le 15 janvier 2015 a certainement contribué aux reculs marqués enregistrés du côté des hôtes européens. Ces derniers représentent 33% des nuitées en Suisse.
Européens: record négatif depuis 1958
La demande du continent européen s’est contractée de 9,3% par rapport à 2014, à 11,8 millions de nuitées. Il s’agit d’un record négatif jamais atteint depuis 1958.
Avec un plongeon de 12,3%, l’Allemagne affiche une diminution de 541’000 nuitées, soit le recul absolu le plus important de tous les pays de provenance. Les touristes des Pays-Bas ont aussi boudé la Suisse l’année passée, avec une baisse de 14,4%. Idem pour les Français (-6,2%), les Italiens (-7,6%) et les Belges (-9,5%).
La situation économique en Russie a également eu un impact marqué en Suisse. Les Russes ont effectué 30,7% de séjours en moins.
Hausse dans les autres continents
La demande provenant des autres continents a toutefois permis aux hôteliers suisses de compenser partiellement ces pertes. En forte hausse depuis 2009, les nuitées d’hôtes asiatiques ont atteint une croissance record avec 744’000 unités (+18,6%), dépassant pour la première fois les 4 millions (4,7 millions). Un résultat « époustouflant », commente Jürg Schmid, directeur de Suisse Tourisme.
Les Chinois (sans Hong Kong) se montrent les plus enthousiastes, avec 344’000 nuitées supplémentaires (+33,3%). Suivent les Pays du Golfe (+20,6%), l’Inde (+22%) et la Corée du Sud (+20,5%). Le Japon accuse en revanche une baisse de 10,3%.
Le continent américain est en hausse de 4,7%, avec une progression de 5,7% des Etats-Unis. L’Afrique et l’Océanie gagnent respectivement 7,5% et 3,4%.
Montagne maudite, villes vernies
Au total, sept régions touristiques sur quatorze enregistrent des baisses de nuitées. Les régions de montagne ont particulièrement souffert, Grisons (-6,6%) et Valais (-3,8%) en tête. La faute au franc fort et, paradoxalement, aux transports publics toujours plus performants, selon Jürg Schmid, permettant de passer les journées en montagne tout en dormant en plaine.
Le Tessin a aussi accusé le coup (-5,7%), contrairement aux régions urbaines qui tirent leur épingle du jeu. Zurich se frotte les mains (+3,9%). Lucerne et le Lac des Quatre-Cantons affichent un large le sourire (+4,4%). Bâle (+1,5%), Lausanne avec la Côte et la Riviera lémanique (+0,7%) ainsi que Genève (+0,5%) s’en sortent bien également.
La bonne résistance des villes s’explique par le fait que leur principal débouché, le tourisme d’affaires, est moins dépendant des fluctuations monétaires. Il suit davantage la conjoncture économique, souligne Jürg Schmid. La progression du tourisme dans les villes en raison de leur style de vie est en outre un phénomène mondial, la population urbaine étant de plus en plus nombreuse.
Cap sur les clients nordiques
Une autre tendance se dégage des statistiques: les séjours touristiques se raccourcissent. Il faut donc davantage d’hôtes pour générer le même nombre de nuitées que par le passé.
Si les prévisions conjoncturelles annoncent un retour timide des touristes d’Europe centrale pour 2016, Suisse Tourisme entend miser davantage sur les pays nordiques, moins sensibles aux prix élevés. La Suisse doit viser l’excellence, pas la baisse des prix, estime Jürg Schmid. L’organisation faîtière est aussi attentive à l’émergence de l’Asie du sud-est et de l’Iran.