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L’Inde se retire de l’accord de libre-échange promu par Pékin

New Delhi entend se retirer du gigantesque accord de libre-échange en Asie promu par Pékin. Mais l'Inde sera toujours "la bienvenue", a souligné le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Le Yucheng, en photo ici. KEYSTONE/AP/JOHNSON LAI sda-ats

(Keystone-ATS) L’Inde, inquiète de l’arrivée massive sur son sol de produits chinois, ne rejoindra pas le gigantesque traité de libre-échange Asie-Pacifique, promu par Pékin. L’accord pourrait tout de même être ratifié par quinze autres pays en 2020.

New Delhi a décidé de rester à l’écart du Partenariat économique intégral régional (RCEP) dans « l’intérêt national » de l’Inde, a déclaré Vijay Thakur Singh, du ministère indien des Affaires extérieures, au cours d’un point presse à Bangkok en marge du sommet des dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean).

Avec l’Inde, ce traité aurait créé un marché réunissant près de la moitié de la population mondiale et contribuant à hauteur de plus de 30% au produit intérieur brut de la planète.

Mais ce pays craint que son industrie ne soit durement touchée s’il était inondé de produits bon marché fabriqués en Chine.

L’Inde redoute aussi que les denrées agricoles australiennes et néo-zélandaise ne fassent du tort à ses agriculteurs. « Notre décision a été guidée par l’impact que cet accord aurait sur les habitants », a commenté Vijay Thakur Singh.

Gigantesque zone

Le RCEP vise à créer une gigantesque zone de libre-échange entre les 10 Etats de l’Asean (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei), la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Même sans l’Inde, ces pays sont tombés d’accord lundi à Bangkok pour signer ce texte en 2020, d’après le communiqué final de la rencontre.

Ils ont « conclu leurs négociations pour essentiellement répondre à l’ensemble de leurs problèmes d’accès aux marchés », peut-on lire dans ce texte.

Et l’Inde sera toujours « la bienvenue », a souligné le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Le Yucheng.

Pékin reste à cet égard en première ligne pour défendre ce RCEP, un projet lancé en 2012 et qui avait peiné jusqu’ici à se concrétiser.

Engagée dans un féroce conflit commercial avec Washington qui a porté un coup sévère à ses exportations, l’économie chinoise a besoin d’un nouveau souffle.

Retrait américain

Le RCEP consacrerait aussi un peu plus l’influence de la Chine sur une grande partie de l’Asie, tandis que les Etats-Unis tendent à se désengager de la région depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

En janvier 2017, ce dernier avait retiré son pays du grand projet concurrent, le Traité de libre-échange transpacifique (TPP), promu par son prédécesseur démocrate Barack Obama.

Le retrait américain était un acte symbolique très fort et la tendance au désengagement des Etats-Unis en Asie se poursuit, estime l’analyste Alex Holmes, de Capital Economics. « Cela permet à la Chine de renforcer son influence ».

Le Premier ministre chinois avait d’ailleurs fait le déplacement au sommet de l’Asean, qui se termine ce lundi, tout comme ses homologues russe, japonais, indien et australien.

En revanche, Donald Trump ou le vice-président Mike Pence ont brillé par leur absence, le président américain se contentant de se faire représenter par son secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, et son conseiller à la sécurité nationale, Robert O’Brien.

Au final, s’il était ratifié l’année prochaine, le RCEP serait « avant tout un texte symbolique énonçant des principes importants », estime Santi Chaisrisawatsuk, professeur à l’Université NIDA de Bangkok.

Selon lui, il sera sûrement question d’une réduction très progressive des barrières douanières. « Cela pourrait probablement prendre 10 ou 15 ans ».

Et, un RCEP sans l’Inde, la troisième plus grande économie asiatique malgré un net ralentissement, perd un peu de sa superbe.

« Je pense qu’il est important que l’Inde soit présente » dans cet accord, avait d’ailleurs relevé, avant l’annonce de la diplomate indienne, le Premier ministre australien, Scott Morrison.

Son pays ainsi que la Nouvelle-Zélande avaient demandé des garanties en matière de protection du travail et de l’environnement pour rejoindre le traité.

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