Des perspectives suisses en 10 langues

L’invasion, « un affront à notre conscience collective » (Guterres)

L'assemblée générale de l'ONU s'est penchée sur l'Ukraine, un an après l'entrée des troupes russes. KEYSTONE/EPA/Peter Foley sda-ats

(Keystone-ATS) L’invasion de l’Ukraine par la Russie est « un affront à notre conscience collective », a dénoncé mercredi à New York le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Moscou a répliqué en accusant l’Occident de « vouloir plonger le monde dans la guerre ».

« Le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie représente un sombre jalon, pour le peuple ukrainien et pour la communauté internationale », a déclaré Antonio Guterres devant l’Assemblée générale de l’ONU, répétant ses craintes d’une aggravation du conflit.

« Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là », a-t-il lancé, évoquant les risques liés aux « menaces implicites » de recours aux armes nucléaires et activités militaires « irresponsables » autour des centrales nucléaires.

« Il est grand temps de s’éloigner du gouffre. »

Après deux journées de discours, l’Assemblée générale devrait se prononcer jeudi soir sur une résolution qui « souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies ».

Comme de précédentes résolutions, toutes non contraignantes, le texte réaffirme l' »attachement » à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », « exige » le retrait immédiat des forces russes, et appelle à une « cessation des hostilités ».

Vote jeudi

Il ne fait pas référence en revanche au plan de paix en dix points présenté en novembre par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L’Ukraine y a renoncé pour tenter d’obtenir le plus de voix possible lors du vote attendu jeudi soir, selon des sources diplomatiques. Au moins autant qu’en octobre où 143 pays avaient voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie.

« Nous sommes parvenus à un texte qui essaie vraiment de rassembler la communauté internationale, d’être aussi cohérent et positif que possible », a commenté un diplomate européen.

Un an après l’invasion de l’Ukraine, ce sera également un message disant à la Russie qu' »elle ne peut pas parvenir à ses objectifs par la force », a-t-il ajouté, espérant que si Moscou « se sent vraiment isolé, à un moment, la pression sera trop forte pour résister ».

« Abysses de la guerre » (Moscou)

Mais le président russe Vladimir Poutine a juré mardi de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant l’époque de la Guerre froide.

Son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia s’en est également pris aux Occidentaux à la tribune de l’Assemblée générale. « Dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie de toutes les manières possibles, ce n’est pas seulement l’Ukraine qu’ils peuvent sacrifier, ils sont prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre », a-t-il accusé.

Dans ce contexte, la Chine, qui comme l’Inde s’est abstenue lors des votes à l’ONU sur l’Ukraine, a indiqué vouloir présenter une proposition pour trouver une « solution politique » à la guerre. Une vision exposée à la Russie mercredi par le chef de la diplomatie chinoise, selon Moscou.

Le projet de résolution de l’Assemblée générale appelle d’autre part à « engager des poursuites » aux niveaux national ou international pour que les auteurs de crimes perpétrés en Ukraine « répondent de leurs actes ».

Mais elle ne fait pas référence spécifiquement à un tribunal spécial réclamé par Kiev pour juger les responsables de l’agression russe. Alors qu’une résolution en ce sens pourrait être présentée plus tard dans l’année, la Première dame ukrainienne Olena Zelenska a de nouveau plaidé pour sa création.

« Nous ne sommes pas les seuls à en avoir besoin, c’est pour tout le monde. Pour que ça ne puisse pas se reproduire », a-t-elle déclaré dans une vidéo diffusée lors d’un événement spécial à l’ONU sur les violations des droits humains dans son pays.

Cinq opposants

Les trois résolutions liées à l’agression russe votée par l’Assemblée générale depuis un an ont recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec cinq pays votant systématiquement contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée) et moins de 40 s’abstenant.

Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle, avec 93 voix pour, 24 contre et 58 abstentions.

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision