Des perspectives suisses en 10 langues

La chambre à gaz de l’ancien camp du Struthof rouvre au public

Les visiteurs doivent passer par trois pièces avant d'accéder à la petite chambre à gaz de 9 mètres carrés, à la faïence blanche et à la porte capitonnée. Keystone/AFP/SEBASTIEN BOZON sda-ats

(Keystone-ATS) L’annexe abritant la chambre à gaz du camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), où 86 Juifs furent gazés en vue d’expérimentations médicales, rouvre samedi au public, après 18 mois de restauration. Un nouveau parcours mémoriel a été mis en place.

« C’est une opération de restauration patrimoniale et non de reconstruction ou de réhabilitation, où l’on est intervenu de manière extrêmement minutieuse », a fait valoir jeudi Pierre Dufour, architecte en chef des monuments historiques, qui a supervisé le projet sur le seul camp de concentration nazi installé sur le sol français, en Alsace annexée.

Situé une centaine de mètres en contrebas du camp où quelque 52’000 déportés venus de toute l’Europe furent internés entre mai 1941 et novembre 1944, le bâtiment qui abrite la chambre à gaz était à l’origine un dépôt de vivres et une salle de bal de l’auberge voisine.

En août 1943, 86 Juifs, sélectionnés à Auschwitz, y furent gazés, en vue de constituer une collection de squelettes, en prévision de l’anéantissement total de tous les Juifs auquel devait mener la Shoah. Ces expériences étaient notamment menées par le directeur de l’Institut d’anatomie de la Reichsuniversität (Université du Reich) de Strasbourg, August Hirt.

A l’intérieur du bâtiment, restauré pour 1,6 million d’euros, le visiteur passe par trois pièces avant d’accéder à la petite chambre à gaz de 9 mètres carrés, à la faïence blanche et à la porte capitonnée.

Crimes médicaux de guerre

Le parcours de visite s’articule autour de sobres panneaux en verre explicatifs, et d’objets d’époque, comme un entonnoir relié à la chambre à gaz, un carnet de Hirt ou une émouvante alliance d’une victime juive. Huit Tsiganes mourront aussi à la suite d’expérimentations réalisées dans la chambre à gaz du Struthof.

En mai dernier, l’Université de Strasbourg avait fait l’inventaire de ces années nazies dans un rapport de 500 pages, où la lumière était enfin faite sur la participation de sa faculté de médecine aux « crimes médicaux de guerre ».

« La réouverture de ce lieu va permettre d’apporter le chaînon manquant à tout ce travail fait depuis plusieurs années », s’est félicité Guillaume d’Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté- Struthof (CERD), le mémorial de l’ancien camp de concentration qui accueille 200’000 visiteurs chaque année.

Cette restauration s’inscrit dans un plan pluriannuel de travaux qui doit s’étaler sur plusieurs années. L’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, fut l’un des plus meurtriers de l’univers concentrationnaire nazi, avec 22’000 morts, principalement d’épuisement, de faim et de traitements inhumains.

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision