La criminalité des mineurs inquiète la cheffe de la police vaudoise
(Keystone-ATS) La criminalité des mineurs « préoccupe » la commandante de la police vaudoise, Sylvie Bula. Leurs délits sont de plus en plus nombreux et graves, tandis que les cas de récidives augmentent.
Le canton de Vaud a comptabilisé 1211 prévenus au Code pénal de moins de 18 ans en 2023 (993 garçons, 218 filles – 644 Suisses, 567 étrangers). Cela représente une hausse de 3,9% sur un an. Sur l’ensemble des personnes prévenues l’an dernier, 13,1% étaient mineures.
« C’est une préoccupation », a reconnu lundi Sylvie Bula, en présentant à la presse les statistiques 2023 de la criminalité dans le canton. Outre une hausse du nombre d’infractions, celles-ci couvrent désormais « toute la palette du Code pénal » et les délits sont souvent « graves », a-t-elle remarqué.
La commandante a notamment mentionné une hausse de 116% du nombre de mineurs impliqués dans des brigandages, dans la majorité des cas avec « un recours à la violence ». Autre exemple avec les affaires liées à la pornographie, pour lesquelles la catégorie des mineurs est la plus représentée. En matière de criminalité économique, les mineurs arrivent en deuxième position après les 18-25 ans. Sylvie Bula a aussi relevé que cinq mineurs avaient été prévenus l’an dernier d’homicide (1) ou tentative d’homicide (4).
Spirale délictueuse
La cheffe de la police vaudoise a aussi souligné que certains jeunes enchaînaient les récidives et « s’installaient dans une spirale délictueuse ». Elle a cité l’exemple de trois mineurs impliqués dans quelque 80 vols.
Pour Sylvie Bula, des mesures doivent être prises, tant sur le plan « préventif que répressif ». Les différents acteurs qui travaillent avec des mineurs doivent « travailler de manière plus coordonnée », afin notamment d’assurer un « meilleur suivi » avec les jeunes qui posent problème, a-t-elle dit.
Violences domestiques
Outre les mineurs, Sylvie Bula a mis l’accent lundi sur les violences domestiques, un phénomène « tristement présent et récurrent ». L’an dernier dans le canton, 3531 infractions (+3,2% sur un an) ont été commises dans le cadre de 1582 affaires. Les violences verbales (1276) sont suivies par les voies de fait (1276) et les violences physiques (348).
La commandante a rappelé que ces chiffres étaient « sous-estimés », de nombreuses situations de violences domestiques ne remontant pas aux autorités. Pour lutter, elle a souligné la nécessité « d’agir en amont », notamment avec des campagnes destinées aux victimes mais aussi aux auteurs. Dans les deux cas, il s’agit d’inciter les personnes à demander de l’aide.
A noter que l’an dernier, 30% des affaires de violence domestique ont débouché sur une mesure d’expulsion, contre 27% en 2022.
Arnaques en ligne
Dans sa présentation, Sylvie Bula s’est aussi attardée sur les affaires de cyber-escroquerie qui, comme ailleurs en Suisse, ont fleuri dans le canton en 2023. La police vaudoise a chiffré les préjudices pour les victimes: 12,6 millions de francs pour « les fraudes à l’investissement en ligne », 4,6 millions pour « les arnaques aux sentiments », 3,1 millions pour « les faux supports techniques » ou encore 1,7 million pour les cas de « phishing ».
En tout, 53’678 infractions au Code pénal ont été constatées dans le canton de Vaud. Cela représente une augmentation de 23% par rapport à 2022, mais une diminution de 36% par rapport à 2012. Comme les autres polices du pays, Sylvie Bula a noté un retour à la « normale » après la baisse constatée durant les années Covid.
Sur le nombre de délits commis, Vaud arrive en troisième position des cantons derrière Zurich et Berne, un classement « sans surprise » au vu de la taille de ces cantons, a noté Jean-Christophe Sauterel, directeur de la communication. Carte à l’appui, il a rappelé que la criminalité était surtout « un phénomène urbain », mais qu’elle se concentrait aussi le long des axes de circulation, comme sur le bassin lémanique ou le long de l’autoroute Lausanne-Yverdon.