La FNAC s’attaque au marché suisse
Le géant français de la diffusion investira 60 millions de francs uniquement en Suisse romande. La FNAC ouvrira son premier magasin cet automne, à Genève. A partir de là, elle compte s'étendre sur tout le pays.
La FNAC a l’intention d’ouvrir un magasin tous les six mois en Suisse. Après les ouvertures genevoises, à Rive en automne et Balexert au printemps 2001, la chaîne française vise Lausanne, Bâle, Zurich et d’autres villes. «Nous entendons irriguer le reste du pays à partir de la Suisse romande», précise Philippe Gelay, directeur général de FNAC Suisse.
La nouvelle réjouit le consommateur. Par contre, elle inquiète les professionnels du livre. Difficile pour les libraires de rivaliser avec le géant de la diffusion qui pratique des prix discount. La FNAC peut faire pression sur les fournisseurs pour obtenir des prix réduits.
Les éditeurs, eux, craignent de voir les auteurs suisses disparaître. «Il y aura une réelle menace culturelle, si l’on ne produit plus que pour la FNAC», explique Francine Bouchet, directrice des éditions La Joie de Lire et présidente de la Société des éditeurs et libraires de Suisse romande. «Mais, pour l’instant, les éditeurs ne sont pas menacés».
En mars 1999, l’éditrice parlait pourtant de «grand danger de mort». Aujourd’hui, elle relativise. «Les choses ont changé. On sait maintenant que la FNAC ne cassera pas les prix comme on l’avait pensé au départ. La preuve qu’il faut parfois jeter une pierre dans l’eau pour faire évoluer la situation».
Selon Francine Bouchet, le combat se situe maintenant essentiellement entre Payot et la FNAC. «Nous ne travaillons pas sur le même terrain, répond Claude Jaillon, directeur de Payot Libraire. Contrairement à la FNAC, nous proposons du livre et uniquement du livre. Je crois à la valeur ajoutée que nous apportons: une atmosphère chaleureuse et des conseils».
Cela dit, selon Claude Jaillon, il serait stupide de ne pas craindre l’arrivée de la chaîne française. «Bien sûr, nous nous sentons en danger. La FNAC va prendre des parts de marché. Il faut redoubler d’ardeur et d’imagination. Je ne suis pas terrorisé, mais pas indifférent non plus».
Libraires et éditeurs sont d’accord sur un point: il faut se battre pour maintenir une offre large. Et ne pas se limiter au travail de la FNAC.
Autre certitude: le livre est trop cher en Suisse et l’arrivée de la chaîne française ne va pas nécessairement faire tomber son prix sur l’ensemble du marché. Les libraires suisses n’en ont pas les moyens.
Alexandra Richard
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