La Fondation de l’Hermitage dévoile la modernité d’Hans Emmenegger
(Keystone-ATS) La Fondation de l’Hermitage à Lausanne invite à découvrir un peintre lucernois méconnu. L’oeuvre d’Hans Emmenegger frappe par ses cadrages audacieux. Entre ombres et reflets, ses paysages génèrent une atmosphère étrange et mélancolique. A voir jusqu’au 31 octobre.
Peu connu du grand public en Suisse romande, voire même hors des frontières lucernoises, Hans Emmenegger (1866-1940) compte parmi les artistes suisses les plus importants de sa génération. Il fait partie de l’exposition actuelle du Musée d’Orsay à Paris sur les « Modernités suisses », avec quatre tableaux qualifiés de « formidable découverte » par le magazine Connaissance des Arts. A Lausanne, la rétrospective de l’Hermitage est une première en Suisse romande, et donne un coup de projecteur supplémentaire à son oeuvre.
Né en 1866, Hans Emmenegger étudie à Lucerne puis à Paris. Il se lie d’amitié avec des représentants de l’avant-garde moderniste suisse de la fin du 19e comme Cuno Amiet, Giovanni Giacometti et Max Buri. Au début du 20e siècle, il développe son propre langage artistique, se consacrant à des thèmes récurrents comme les intérieurs obscurs de forêt, la fonte des neiges, les ombres ou les reflets sur l’eau.
Moderne et étonnant
« Ses cadrages sont modernes, étonnants, très graphiques et même photographiques », a expliqué à Keystone-ATS Corinne Currat, commissaire d’exposition. L’artiste porte son attention sur des détails. Il se concentre sur le phénomène naturel, gomme souvent l’horizon et amène ainsi de la dramaturgie à ses paysages.
« Emmenegger épure les formes. Ses paysages sont très synthétiques », ajoute la spécialiste. Il utilise l’ombre pour faire entrer dans la composition des éléments qui s’avèrent être hors champ, des arbres par exemple. Au final, ses compositions sont « quasiment abstraites ».
Dialogues
L’accrochage réunit une centaine d’oeuvres, pour l’essentiel des peintures à l’huile et quelques études. Dans l’exposition, les tableaux du Lucernois dialoguent avec des peintures de ses mentors et amis, comme Cuno Amiet, Arnold Böcklin, Giovanni Giacometti et Ferdinand Hodler.
Le parcours est aussi ponctué de quelques oeuvres d’artistes contemporains. « Nous avons invité des artistes qui connaissaient le travail d’Emmenegger et s’en étaient inspiré de près ou de loin », ajoute Mme Currat. Interviewés dans le catalogue d’exposition, ils expliquent leur rencontre avec l’oeuvre du Lucernois.
Enfin, des étudiants en photographie de l’ECAL ont reçu carte blanche pour accompagner l’exposition. Les tableaux d’Emmenegger dégagent « beaucoup de solitude et de mélancolie. Des photos en grand format dans le parc, des vidéos à l’intérieur amènent un regard décalé et du pep au projet dans son ensemble », ajoute la commissaire d’exposition.