La loi sur la chasse est un bon compromis entre le loup et l’homme
(Keystone-ATS) La nouvelle loi sur la chasse est un « bon compromis », estime la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Le loup reste une espèce protégée et les conflits pourront être réduits. La réforme offre aussi une meilleure protection de la nature.
La présidente de la Confédération a lancé jeudi à Berne la campagne du gouvernement en vue de la votation du 17 mai. L’ancienne loi date de 1985, époque à laquelle le loup ne vivait pas sur le territoire helvétique. Mais depuis la formation de la première meute en 2012, les effectifs se sont multipliés par huit.
La révision de la loi adapte les règles de cohabitation entre le loup et l’être humain aux réalités actuelles, estime le Conseil fédéral. Huit meutes vivent sur le territoire suisse et environ 80 loups. Depuis 2009, ils tuent chaque année entre 300 et 500 moutons et chèvres. Cela crée des conflits avec les propriétaires et apporte la crainte dans les villages, a rappelé Mme Sommaruga.
Peur
Afin que les prédateurs conservent leur peur naturelle des humains, des cheptels et des agglomérations, les cantons pourront autoriser les tirs avant que les loups n’aient fait des dégâts. Mais les tirs seront liés à plusieurs conditions préalables.
Les cantons devront agir de manière proportionnée. Ils ne pourront pas s’attaquer à des meutes qui restent éloignées des troupeaux et des villages. Ils devront également justifier le tir auprès de la Confédération. Comme à présent, les organisations de protection de la nature pourront faire recours contre la décision du canton.
Les cantons pourront aussi autoriser le tir d’un loup isolé s’il s’attaque aux cheptels malgré les mesures de protection ou s’il rôde autour des étables et des villages. Et le loup ne pourra pas être chassé, a souligné la ministre de l’environnement. La révision est donc une voie médiane entre ceux qui veulent une protection absolue pour le loup et ceux qui s’impatientent de pouvoir le chasser.
Quant aux paysans, ils devront construire des clôtures et recourir à des chiens s’ils veulent toucher des indemnités pour les bêtes tuées. Ces protections sont efficaces dans 98% des cas, a précisé Franziska Schwarz, vice-directrice de l’Office fédéral de l’environnement. La Confédération octroiera 3 millions de francs par an à cet effet.
Biotopes protégés
Attaquée par les associations de défense de l’environnement et des animaux, la réforme prend aussi en compte les intérêts de la nature et de la population, estime le gouvernement. Elle protège mieux les autres animaux sauvages et leurs biotopes.
Douze espèces de canards sauvages ne pourront plus être chassées. La bécasse des bois bénéficiera d’une période de protection plus longue et ne pourra être tirée que de mi-octobre à mi-décembre. Quant au lynx, au castor, au héron cendré et au harle bièvre, ils ne pourront être abattus que s’ils causent des dégâts.
Les clôtures devront être respectueuses des animaux sauvages afin d’éviter les accidents et les blessures.
Corridors à animaux
Des moyens financiers supplémentaires seront accordés pour les réserves, les zones protégées et les corridors faunistiques. Environ 300 voies de liaison seront protégées contre les aménagements. La Confédération investira environ 4 millions de francs par an à cette fin.
Les cantons recevront également une aide de 1,5 à 2 millions par an pour valoriser les zones de repli. Quelque 80 réserves d’oiseaux et sites de protection de la faune sauvage en profiteront dans toute la Suisse. La diversité des espèces en sera renforcée.