La ministérielle de Buenos Aires s’ouvre pour « sauver » l’OMC
(Keystone-ATS) Les ministres des membres de l’OMC, dont Johann Schneider-Ammann, ont entamé quatre jours de travaux à Buenos Aires pour « sauver » le système multilatéral du commerce mondial. Pour la Suisse, la menace pourrait aussi venir d’un possible accord UE-Mercosur en Argentine.
« Les problèmes de l’OMC vont être résolus avec plus d’OMC et non moins d’OMC », a affirmé dimanche en fin d’après-midi (en soirée en Suisse) le président argentin Mauricio Macri. L’actuel président du G20 a affiché la volonté de l’Argentine d’oeuvrer pour un commerce « juste et durable » qui améliore la situation des populations.
Symbole de l’importance de cette première ministérielle sud-américaine de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour la région, les quatre chefs d’Etat du marché commun Mercosur ont assisté à la cérémonie d’ouverture. Outre M. Macri, les présidents brésilien, uruguayen et paraguayen ont fait le déplacement, alors que le Venezuela est suspendu en raison de sa crise politique.
Dans une Déclaration de Buenos Aires signée dimanche, dix pays de la région ont notamment affirmé leur attachement au système multilatéral du commerce. De son côté, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, qui emmène la délégation suisse, va plus loin. Ce système est « en danger » et « il faut le sauver », a-t-il affirmé devant la presse suisse.
Division sur l’agriculture
Sur le fond, les 164 membres sont divisés sur de nombreuses questions. Ils vont devoir faire preuve de « flexibilité », selon le directeur général de l’OMC Roberto Azevedo. Un message qu’il souhaitait notamment relayer auprès du représentant américain au commerce Robert Lighthizer.
« Les décalages sont importants. C’est souvent le cas au moment de débuter les ministérielles », selon M. Azevedo. Celle-ci est la première de l’administration de Donald Trump. Il y a quelques semaines, M. Azevedo avait admis que l’OMC ne constituait pas la priorité actuelle des Etats-Unis.
A Buenos Aires, il a répété que le blocage américain de la juridiction d’appel de l’institution est « extrêmement préoccupant ». « Mais nous relèverons ces défis aussi », a-t-il dit.
A défaut d’accords, M. Schneider-Ammann souhaiterait au moins un programme de travail pour les deux prochaines années. Il fait d’avancées sur les subventions à la pêche, le commerce électronique, la réduction des coûts pour les PME et la facilitation des investissements quatre moyens de « caler l’OMC » face à un risque de détérioration.
En revanche, pas d’inquiétude pour la Suisse sur les subventions internes à l’agriculture, alors qu’elle avait accepté il y a deux ans de renoncer d’ici 2020 à celles sur les exportations agricoles. D’autant plus que le groupe des pays en développement protectionnistes sur l’agriculture a rejeté à Buenos Aires une proposition de l’UE.
Représentants d’ONG ciblés
Un accord partiel semble en revanche possible sur l’élimination de subventions à la pêche illégale. Des pays comme la Suisse, qui préfèrerait un effort multilatéral, pourraient décider de groupes plurilatéraux sur le commerce électronique.
Outre la présence de M. Lighthizer, l’attention pourrait aussi se porter sur les discussions en marge de la ministérielle. L’Argentine a refusé à plus de 40 membres de plus d’une dizaine d’ONG de participer à la conférence. Officiellement, la présidente la réunion, l’ex-cheffe de la diplomatie argentine Susana Malcorra, a mentionné des appels à la violence.
« Rien n’est plus éloigné » de la réalité, a rétorqué la coordinatrice de plus de 250 ONG de 50 pays. Ces personnes ont été « interdites pour leurs opinions politiques », a-t-elle ajouté.
Menace pour l’économie suisse
Par ailleurs, l’UE et le Mercosur pourraient conclure en Argentine un accord de libre-échange. Même si la commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström a estimé qu’il faudrait probablement que les négociations se poursuivent en 2018. L’Association européenne de libre-échange (AELE), dont fait partie la Suisse, devra alors aboutir « le plus vite possible » à un même résultat, a estimé M. Schneider-Ammann.
Etant donné que « la pharma, l’industrie des machines » et d’autres secteurs « seraient tout de suite désavantagés ». « Il y aurait un risque de déplacement des places de travail » pour l’économie suisse, a mis en garde le conseiller fédéral. Il doit rencontrer des ministres de tous les pays actifs du Mercosur d’ici lundi soir.