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La Suisse condamne la guerre contre l’Irak

Pour Pascal Couchepin, Saddam Hussein est l'un des grands responsables de l'éclatement de ce conflit. Keystone

Dans le conflit qui vient de s'ouvrir en Irak, la Suisse observera la plus stricte neutralité.

Le président de la Confédération Pascal Couchepin l’a solenellement rappelé, tôt jeudi matin, devant les deux Chambres réunies du parlement fédéral.

La Suisse restera neutre face au conflit qui a éclaté en Irak. Elle s’engagera strictement pour le respect intégral du droit international humanitaire, a dit le président de la Confédération.

La Suisse regrette que les Etats-Unis et leurs alliés aient transgressé la Charte des Nations Unies qui contient les valeurs qu’ils défendent, a ajouté Pascal Couchepin. Mais le gouvernement irakien porte une lourde responsabilité dans le déclenchement.

En présence d’un conflit armé entre Etats sans approbation de l’ONU, la Suisse applique le droit de la neutralité.

Les mesures prises par le gouvernement



Concrètement, cela signifie qu’elle ne prendra part à aucune opération militaire, même indirectement.

Et que le transit et le survol du pays à des fins militaires sera interdit aux pays participants à l’intervention en Irak.

Quant aux exportations de matériel de guerre destinées aux opérations en cours, elles ne seront pas autorisées. Le Conseil fédéral a décidé d’interdire toute exportation de matériel de guerre par la Confédération et la RUAG.

Une interdiction moindre frappe les entreprises privées. Dans leur cas, les exportations ne seront prohibées que si elles apportent une contribution aux opérations militaires ou qu’elles dépassent les volumes usuels.

Enfin, le Conseil fédéral lance un appel à tous les belligérants pour qu’ils se conforment strictement au droit international humanitaire et aux Conventions de Genève dont la Suisse est dépositaire.

«Saddam n’est pas Hitler, Blair n’est pas Churchill»

Peu avant l’intervention de Pascal Couchepin, le président du Parlement Yves Christen a condamné le recours immédiat à la force, rappelant que l’Irak ne constitue pas une menace suffisante pour le justifier.

«Méfions-nous des analogies historiques qu’invoquent les partisans de la guerre, a lancé Yves Christen. Saddam Hussein n’est pas Adolf Hitler. Et Toni Blair n’est pas Winston Churchill.»

De leur côté, les quatre partis gouvernementaux ont réagi avec tristesse et consternation aux premières frappes américaines sur l’Irak, insistant sur le strict respect de la neutralité suisse dans cette crise.

Le CICR appelle au respect des règles humanitaires

Jeudi matin également, le président du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a lancé lui aussi un appel solennel au respect du droit international humanitaire.

Jakob Kellenberger a par ailleurs transmis aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et à l’Irak un mémorandum sur leurs obligations en matière de respect des Conventions de Genève.

Et le président du CICR de rappeler que les attaques dirigées contre les civils sont interdites, tout comme celles qui ne font pas de distinction entre les objectifs militaires et civils.

Les armes frappant aveuglément ou causant des souffrances superflues sont également interdites, souligne enfin Jakob Kellenberger.

Le CICR a obtenu des belligérants des assurances sur le fait que sa présence sur le terrin et la poursuite de ses activités en Irak seraient acceptées.

Pour mémoire, l’organisation a maintenu dix expatriés sur place: six à Bagdad et quatre au Kurdistan.

Des milliers de manifestants dans toute la Suisse

Outre les réactions du CICR et de la Berne officielle, plusieurs dizaines de milliers de personnes – dont de nombreux élèves et étudiants – sont descendues dans les rues pour exprimer leur opposition à la guerre.

Des défilés étaient prévus tout au long de la journée dans une trantaine de villes. A l’instar de ceux qui se sont déroulés jeudi matin à Genève, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg et Sion, ainsi que dans plusieurs villes alémaniques, dont Zurich et Berne.

Les promesses du président George W. Bush

Les sirènes d’alerte aérienne de Bagdad ont retenti à l’aube, vers 05h30 (03h30 suisses). Soit une heure et demie après l’expiration de l’ultimatum américain à Saddam Hussein.

Selon des chaînes de télévision américaines, les hostilités ont débuté par plusieurs séries de bombardements de précision visant des installations du pouvoir irakien.

Quelques minutes après la seconde série de bombardements, le président George W. Bush est apparu à la télévision pour annoncer que «les premières étapes de ce qui sera une campagne large et concertée» avaient commencé.

La seule façon de gagner le conflit est d’utiliser «une force décisive.» Le président des Etats-Unis a promis aux «Américains et au reste du monde» que «les forces de la coalition feront tout leur possible pour épargner les civils».

George W. Bush a ajouté qu’une «campagne sur le difficile terrain d’une nation aussi vaste que la Californie pourrait être plus longue et plus difficile que certains ne le prédisent».

Saddam Hussein dénonce «un crime honteux»

Trois heures après les premières frappes, Saddam Hussein est apparu à son tour à la télévision pour dénoncer «un crime honteux perpétré par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre l’Irak et l’humanité».

«Au nom du peuple irakien, a lancé le président, nous promettons aux nations arabes et à nos amis que nous combattrons l’occupant jusqu’à ce qu’il perde patience.»

swissinfo et les agences

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