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La Suisse jette près de 2,6 millions de tonnes d’aliments par an

Près de la moitié des déchets alimentaires des ménages finissent à la poubelle (archives). KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse produit chaque année 2,6 millions de tonnes de déchets alimentaires, dont les deux tiers sont évitables. A eux seuls, les ménages jettent un million de tonnes d’aliments.

Au total, 1,7 million de tonnes d’aliments pourraient être encore consommés au moment où ils sont jetés à la poubelle. Cela représente environ 190 kilos d’aliments comestibles perdus par personne et par an, a indiqué lundi l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) en publiant plusieurs études sur le gaspillage alimentaire.

Vingt-huit pour cent des déchets évitables sont imputables aux ménages privés. Ceux-ci représentent près de 480’000 tonnes d’aliments, à savoir 60 kilos par personne et par an.

Seuls 170’000 tonnes de déchets alimentaires des ménages sont collectées et valorisées sous forme d’engrais de recyclage ou de biogaz. Les 350’000 tonnes restantes sont soit compostées soit données aux animaux.

Prise de conscience à soutenir

Les ménages n’ont pas encore pris conscience de la quantité que représentent leurs propres déchets. Ils manquent de sensibilité et de connaissances quant à la conservation et au stockage des aliments ainsi qu’aux méthodes d’utilisation des restes, explique l’OFEV.

Une bonne infrastructure de gestion des déchets verts dans les communes permettrait de diminuer considérablement le gaspillage alimentaire. La collecte séparée donne une meilleure perception des quantités jetées, celles-ci étant davantage visibles, estime l’office.

Pertes pour l’agriculture aussi

L’agriculture génère quant à elle quelque 225’000 tonnes de déchets alimentaires, dont 90% pourraient être valorisés. Ils représentent une perte de 600 millions de francs par an pour l’agriculture.

Ces déchets sont principalement dus aux normes industrielles à appliquer, aux conditions techniques et au stockage inapproprié. Environ 173’000 tonnes sont des résidus de récolte qui sont épandus sur les champs comme engrais.

Près de 49’500 tonnes sont des résidus ou des rebuts de récolte qui sont donnés aux animaux et qui restent ainsi dans le cycle de production des denrées alimentaires. Seules 2000 tonnes (1%) des déchets alimentaires provenant de l’agriculture sont valorisées thermiquement pour produire de l’électricité et de la chaleur.

Agroalimentaire surtout

Contrairement à l’industrie agroalimentaire, au commerce de détail et à la restauration, les chiffres des ménages et de l’agriculture n’avaient pas encore été publiés. Environ 43% des 1,7 million de tonnes de déchets alimentaires évitables sont à mettre sur le compte de l’industrie agroalimentaire. Celle-ci génère 950’000 tonnes.

Le commerce de détail est responsable de 100’000 tonnes de pertes, principalement en raison des invendus. 95% pourraient être évités. Les grands distributeurs perdent un peu plus d’un demi-milliard de francs par an, selon les calculs de l’OFEV.

Quant à la restauration et à l’hôtellerie, elles génèrent 290’000 tonnes de déchets par an. Pour le secteur, la plupart des déchets évitables proviennent de préparations de quantités excessives. Environ 68% de la quantité totale de déchets pourrait être évité chaque année. Le secteur perd environ un milliard de francs par an.

Mesures en place

Le Conseil fédéral a mis en place plusieurs mesures pour diminuer le gaspillage alimentaire, selon l’OFEV. En adoptant en 2015, l’Agenda de développement durable de l’ONU, la Suisse s’est engagée à réduire de moitié, d’ici à 2030, le volume de déchets alimentaires par habitant.

Le Conseil national a chargé le gouvernement d’élaborer un plan d’action contre le gaspillage alimentaire. Il fera l’objet, vraisemblablement en 2024, d’une évaluation qui visera à déterminer si les mesures qu’il contient sont suffisantes ou si des adaptations doivent être effectuées.

L’alimentation contribue à l’impact écologique global de la Suisse, avec une part de 28%, rappelle l’OFEV. Si des aliments ne sont pas consommés, leur production aura généré des émissions de CO2, contribué à la perte de biodiversité et utilisé les sols et les eaux en vain. Les aliments jetés entraînent aussi des coûts tout au long de la chaîne de production et de commercialisation, qui se répercutent sur les prix des produits.

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