La Suisse veut une ONU qui revienne « à l’essentiel »
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La méfiance des Etats-Unis et d'autres pays contre l'ONU "nous oblige à réfléchir à la crise que le système traverse", dit Ignazio Cassis. Dans sa prochaine stratégie sur le multilatéralisme, la Suisse voudra une ONU "efficace", "ciblée" et "axée sur la subsidiarité".
(Keystone-ATS) Pour l’avenir du multilatéralisme, « il faut établir des objectifs et voir si on les atteint », a affirmé lundi M. Cassis à Keystone-ATS, en marge du Conseil des droits de l’homme à Genève. « Il faut revenir à l’essentiel pour le mandat de l’ONU et des agences de l’ONU qui pèsent en termes financiers cinq fois que l’ONU elle-même ».
Selon lui, « l’ONU ne doit pas avoir une attitude expansionniste si d’autres organisations s’occupent déjà » de certaines problématiques. Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) voit des redondances à l’intérieur de l’ONU et entre celle-ci et d’autres institutions et demande que les Nations Unies s’en tiennent au « mandat » pour lequel elles ont été lancées.
Désengagement
Le manque de soutien financier de certains pays au multilatéralisme peut avoir des effets productifs pour réformer le système, selon lui. Pour autant, il a relayé à nouveau dans la matinée l’inquiétude suisse du désengagement, sans les nommer, des Etats-Unis, d’Israël et de l’Argentine du Conseil des droits de l’homme, se disant plus largement préoccupé parce que « le monde semble perdre ses repères ».
« Les droits de l’homme sont l’affaire de tous », a affirmé le chef du DFAE. « Chaque membre des Nations Unies doit assumer ses responsabilités », a-t-il encore dit.
Coupes « regrettables »
Les coupes de l’aide internationale américaine pour trois mois ont aussi provoqué une incertitude pour la Genève internationale. « C’est regrettable », selon M. Cassis. Le Canton de Genève a annoncé une aide de 10 millions de francs pour les ONG, alors que des centaines d’emplois sont concernés selon le Centre d’accueil de la Genève internationale (CAGI).
« Ce n’est pas le rôle de la Suisse et elle n’aurait pas les capacités de suppléer le financement manquant des Etats-Unis », insiste-t-il. Il ajoute que la Suisse a elle-même été contrainte de réduire son soutien à l’aide internationale. D’autres pays en font de même. « Il n’y a plus la même disponibilité financière », ajoute M. Cassis.
Le DFAE avait aussi annoncé des coupes dans son soutien au Musée international de la Croix-Rouge (MICR) et à la Brigade de sécurité diplomatique. « Nous sommes en discussion avec le Canton et nous allons trouver des solutions », explique M. Cassis.