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Lai Ching-te prête serment en tant que président de Taïwan

Keystone-SDA

(Keystone-ATS) Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a promis de défendre la démocratie de l’île face aux menaces chinoises. Il a appelé la Chine à « cesser ses intimidations politiques et militaires », après avoir prêté serment lundi.

Pékin, qui a précédemment qualifié M. Lai de « dangereux séparatiste », a fustigé son discours, estimant qu’il envoyait « un signal dangereux ».

Dans son discours d’investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.

Le nouveau président a remercié les Taïwanais d’avoir résisté à l’influence « des forces extérieures et d’avoir résolument défendu la démocratie », affirmant que « l’ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée ».

Détermination

« Face aux nombreuses menaces et tentatives d’infiltration, nous devons démontrer notre détermination à défendre notre nation, nous devons également accroître notre préparation à la défense et renforcer notre cadre juridique en matière de sécurité nationale », a relevé M. Lai après son entrée en fonction.

Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, M. Lai a été décrit par Pékin comme un « dangereux séparatiste » pour ses déclarations passées en faveur de l’indépendance de Taïwan.

Il a depuis adouci son discours, et a promis lundi que son gouvernement « ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo », c’est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle.

Responsabilité partagée pour la paix

Il a aussi appelé la Chine à « cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan ». Pékin doit « partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan », a-t-il plaidé.

M. Lai a tenté à plusieurs reprises de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016. Le nouveau président a dit lundi espérer que la Chine « choisira le dialogue aux dépens de la confrontation » et appelé Pékin à autoriser à nouveau le tourisme et la venue des étudiants chinois dans l’île.

Quelques heures plus tard, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, a souligné que « l’unification de la Chine est irréversible ». « Le comportement sécessionniste des forces indépendantistes de Taïwan constitue le défi le plus sérieux pour l’ordre international et le changement le plus dangereux pour le statu quo dans le détroit de Taïwan », a-t-il déclaré sans nommer M. Lai.

Le bureau chinois des affaires taïwanaises, qui gère les questions liées au détroit, a aussi fustigé son discours d’investiture, estimant qu’il envoie « un signal dangereux » et le qualifiant de « provocation visant à saper la paix et la stabilité entre les deux rives du détroit ».

Autonomie

L’île de 23 millions d’habitants est gouvernée de manière autonome depuis 1949, mais la Chine la considère comme une partie de son territoire et a affirmé vouloir la ramener sous son contrôle, par la force si nécessaire.

Bien que Washington ait abandonné la reconnaissance diplomatique de Taipei au profit de Pékin en 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d’armes.

Concomitamment, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a félicité M. Lai, dont l’investiture est, selon lui, le signe d’un « système démocratique résilient ». Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la « paix et la stabilité » dans la région du détroit de Taïwan.

En Chine, le réseau social Weibo, équivalent de la plateforme X, a bloqué les hashtags lundi liés au nouveau président taïwanais.

La cérémonie, durant laquelle a été aussi investie la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim, s’est tenue au palais présidentiel de Taipei, la capitale. En marque de soutien, huit chefs d’Etat, des rares pays qui reconnaissent Taïwan, y ont participé ainsi que plusieurs dizaines de délégations. Taïwan souffre d’un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale.

Une délégation américaine – comprenant l’ancien directeur du Conseil économique national, Brian Deese, et l’ancien secrétaire d’État adjoint Richard Armitage – a assisté à Taipei à l’inauguration. Lors d’une réunion avec la délégation après son investiture, M. Lai a remercié les États-Unis « pour leur soutien à Taïwan, que ce soit de la part du gouvernement ou du secteur privé ».

Défis internes

L’île jouit de ses propres institutions, d’une armée et bat monnaie: le nouveau dollar de Taïwan.

La majorité des habitants de Taïwan estime également disposer d’une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine, selon des enquêtes d’opinion.

« Je pense qu’il est préférable de ne pas être trop proche ou trop éloigné de la Chine – il vaut mieux conserver une attitude de neutralité », a observé Shen Yujen, un Taïwanais de 24 ans, qui est en train de faire son service militaire.

En plus de la menace chinoise, le président Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat.

Le PDP a perdu sa majorité au parlement, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Lai pour faire adopter ses réformes prévues pour s’attaquer au coût de la vie et des logements.

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