Le budget déficitaire 2018 de l’Etat de Genève trouve une majorité
(Keystone-ATS) Le Grand Conseil genevois a voté vendredi, après plus de 16 heures de débat, le budget d’Etat 2018. Une courte majorité hétéroclite a tenu jusqu’au bout pour accepter cet exercice qui présente un déficit de 186,5 millions de francs.
Ce budget est passé par 55 voix (PS, Verts, PDC et MCG) contre 39 (PLR, UDC et Ensemble à Gauche), soit une majorité composée des mêmes partis que pour le vote du budget 2017. Il fallait au minimum 51 députés pour voter un budget déficitaire.
Seul un amendement a très légèrement modifié la mouture sortie de la commission des finances. Déposé par le Conseil d’Etat, il demandait de revenir sur une coupe de 102’000 francs qui visait le Club Suisse de la presse.
Cette mesure avait été décidée par la commission des finances qui reprochait à son directeur, le député PDC Guy Mettan, d’organiser des conférences influencées par ses positions pro-russes. Pour François Longchamp, président du Conseil d’Etat, cette coupe ne se justifiait pas, car le Club est un « outil déterminant au service de la Genève internationale ».
A la limite
Toutes les autres tentatives pour alourdir ou alléger le déficit prévu ont échoué. Le Grand Théâtre n’a ainsi pas récupéré une subvention de 3 millions de francs sabrée en commission. La rupture des négociations entre la Ville de Genève et le canton sur la gouvernance de l’institution lyrique dans le cadre de la réforme de la répartition des tâches était à l’origine du courroux des commissaires.
Au final, les charges s’élèvent à 8,34 milliards de francs et les revenus à 8,15 milliards. Les investissements nets atteignent 726,6 millions. La dette avoisine les 12 milliards. Avec une croissance des charges alourdie à 2,5%, « on est à la limite supérieure de ce qui est admissible », a relevé le chef du département des finances Serge Dal Busco.
Des postes en plus
Débuté jeudi après-midi avec un vote favorable au versement d’une annuité pleine pour les fonctionnaires, les débats ont permis aux députés de passer au crible les 17 politiques publiques. Toutes ont finalement été acceptées, même si certaines ont été plus bousculées que d’autres.
La formation, qui obtient 195 des 296 postes supplémentaires, a été la cible des attaques de la droite. L’UDC a tenté de réduire de 15,5 millions de francs les charges du personnel pour limiter l’augmentation de postes à 95.
Mais la cheffe du Département de l’instruction publique (DIP) Anne Emery-Torracinta a fermement défendu ces postes, indispensables, selon la magistrate, pour suivre l’augmentation démographique (1000 élèves de plus en 2018), renforcer l’école primaire et assurer la formation obligatoire jusqu’à 18 ans.
Responsabilités
Même si aucun groupe n’était satisfait de ce budget déficitaire, l’entrée en matière avait été largement acceptée. Pour la majorité, il s’agissait principalement de ne pas répéter le scénario de fin 2015 qui avait poussé le canton dans les douzièmes provisoires pendant une année.
Avec deux représentants à l’exécutif, le PDC a voté ce budget par responsabilité gouvernementale, même s’il « n’est pas bon » à cause d’une augmentation des charges à 2,5%. Les Verts l’ont approuvé car il assure des dotations supplémentaires aux transports publics, à la santé, à l’éducation et au social.
Les socialistes ont aussi voulu assurer à la population les prestations prévues. Enfin, le MCG l’a accepté tout en dénonçant « l’excès de générosité » envers les frontaliers et les autres cantons.
Très inquiet, le PLR attend toujours des réformes structurelles pour stabiliser les dépenses. Le parti a ainsi refusé ce budget déficitaire. L’UDC a de son côté fustigé un budget de « démesure ». Au contraire, Ensemble à Gauche a refusé un budget de « coupes anti-sociales ».