Le canton de Fribourg prêt à développer ses projets éoliens
(Keystone-ATS) Le canton de Fribourg présente un « potentiel très important » dans l’énergie éolienne. Il entend bien l’exploiter suite à la validation en août par la Confédération du deuxième volet de son plan directeur cantonal.
« Fribourg est le troisième canton disposant du plus grand potentiel éolien, après Vaud et Berne », a indiqué jeudi à La Joux (FR) le conseiller d’Etat Olivier Curty, en charge de l’économie. Il affiche une production possible comprise entre 260 et 640 gigawattheures (GWh) par an, de quoi alimenter jusqu’à 35’000 ménages.
« La voix est désormais ouverte », s’est réjoui Olivier Curty, après 20 ans d’attente et de planification. « La parole est aux communes et aux développeurs maintenant ». A Fribourg, ce dernier rôle reviendra au Groupe E, actif depuis des années déjà dans le domaine, notamment dans le canton de Neuchâtel, via son entité Greenwatt.
Effet Fukushima
Le canton de Fribourg dépense pas moins d’un milliard de francs par an pour les énergies fossiles, une source acquise à des milliers de kilomètres de la Suisse. « La catastrophe de Fukushima, au Japon en 2011, a donné un coup d’accélérateur aux énergies renouvelables, dont l’éolien », a rappelé le conseiller d’Etat.
Le potentiel est supérieur aux objectifs fixés par le Conseil d’Etat fribourgeois dans le cadre de sa stratégie énergétique établie en 2009, qui le limitait à 160 GWh par an d’ici à 2030. Le plan directeur cantonal contient pour l’heure quatre sites en coordination réglée et trois sites en coordination en cours.
Les sept sites peuvent répondre au statut d’intérêt national. « En tenant compte de la technologie actuelle, quatre sites bien équipés pourraient pratiquement suffire à couvrir l’objectif initial ». L’un d’eux se trouve sur la commune de Vuisternens-devant-Romont (FR), dans la Glâne, lieu choisi pour la conférence de presse.
Réduire la dépendance
La Suisse est depuis 2013 dépendante de l’étranger en matière énergétique, notamment l’hiver, a dit Markus Geissmann de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). C’est pourquoi l’éolien est nécessaire à un approvisionnement sûr. « La mer du Nord n’est pas le seul endroit de production », a-t-il précisé, en réponse aux détracteurs.
« Les contraintes sont importantes », a ajouté le représentant de l’OFEN, en particulier pour protéger la faune et le paysage. L’énergie éolienne est complémentaire à l’hydraulique et au photovoltaïque, sachant qu’il s’agit de substituer les énergies renouvelables aux énergies fossiles.
Et Olivier Curty de rappeler le contexte favorable. Le peuple a soutenu à près de 60% en mai 2017 la stratégie énergétique 2050 de la Confédération, qui veut aussi réduire de 40% les besoins d’ici à 2035. Reste que l’éolien suscite des oppositions, comme en témoigne la récente votation négative de la commune de Sonvilier (BE).
Suisse sans carbone
Ici, le rejet, de justesse, a concerné sept turbines sur le site des Quatre Bornes, pour lequel restent trois machines sur la commune de Val-de-Ruz (NE). Les autorités fribourgeoises ont insisté sur le soin apporté au développement projeté. « Toute une série d’études ont été menées », a indiqué Serge Boschung, chef du service de l’énergie.
« Une Suisse sans carbone en 2050, nous y arriverons, peut-être même avant », a prédit Jacques Mauron, directeur du Groupe E. « Les fournisseurs proposeront des solutions, les consommateurs choisiront. Un travail en commun est nécessaire avec tous les acteurs. »
Une éolienne de la dernière génération, du haut de ses 140 mètres, est à même de produire 6000 kilowattheures par an, a souligné Alain Rapin, directeur énergie électrique du Groupe E. De quoi alimenter 1500 ménages.