Le FLN remporte les élections locales en Algérie mais perd nombre de communes
(Keystone-ATS) Le FLN, au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, a remporté, malgré la perte de nombreuses municipalités, les communales et départementales en Algérie. Il a toutefois perdu environ 400 communes lors de ce scrutin boudé par plus de la moitié des électeurs.
Son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le suit de près en améliorant lui son score par rapport au précédent scrutin de 2012.
Le Front de libération nationale (FLN) du président Abdelaziz Bouteflika a remporté 603 des 1541 municipalités du pays lors du scrutin qui s’est tenu jeudi, a annoncé vendredi le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui. Ce résultat constitue un sérieux recul, l’ex-parti unique perdant environ 400 communes sur le millier qu’il contrôlait depuis 2012.
Le FLN a remporté 30,56% des sièges des Assemblées populaires communales (APC, conseils municipaux) et 35,48% des sièges des 48 Assemblées populaires de wilayas (APW, assemblées départementales), selon les résultats officiels communiqués par le ministre.
Poussée du RND
Le RND l’emporte dans 451 communes (26,21% des sièges), soit une centaine de communes de plus par rapport aux élections locales de 2012. Il remporte en outre 527 sièges (26,3%) dans les assemblées départementales.
Le Front el Moustakbel (le Front de l’Avenir, nationaliste proche du pouvoir) remporte 71 communes, le Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d’opposition, 64, le Mouvement populaire algérien (MPA, proche du pouvoir) 62, les islamistes du Mouvement de la société pour la paix (MSP) 49, et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition laïque) 37.
Le MSP a également remporté 152 sièges (7,58%) dans les APW. Tous les autres partis obtiennent moins de 5% des sièges dans les assemblées départementales.
Moins de la moitié des électeurs se sont rendus aux urnes jeudi. Le taux de participation s’établit à 46,93% pour les communales et 44,96% pour les départementales, en légère hausse par rapport à 2012.
« Suprématie des partis au pouvoir »
Selon l’universitaire Chérif Driss, « ces résultats confirment la tendance des législatives de mai », remportées par le FLN malgré la perte d’un quart de ses sièges, alors que le RND avait fortement progressé.
« La suprématie des partis au pouvoir, FLN et RND, se confirme mais avec un net recul du FLN. S’il reste la première force politique du pays, l’ex-parti unique a perdu son hégémonie, au profit du RND et d’autres partis proches du pouvoir comme le MPA », a-t-il expliqué à l’AFP.
Parallèlement « les partis de la mouvance islamiste poursuivent leur déclin. Le MSP (…) reste la formation islamiste la mieux classée à l’issue de scrutin. Les autres ont été quasiment laminés », a-t-il ajouté. « C’est la conséquence de la fragmentation de cette mouvance ces dernières années ».
Incidents
Face à l’absence d’alternance, les Algériens ont boudé les urnes ces dernières années et la campagne de ces élections locales avait suscité peu d’enthousiasme dans ce pays jeune, dont près de 45% de la population a moins de 25 ans, mais où 30% de ces jeunes sont au chômage.
L’Algérie souffre en outre économiquement de la chute, depuis 2014, des prix du pétrole, source de 95% de ses devises, qui a notamment ralenti la croissance et fait grimper l’inflation et le chômage (12% de la population active).
Le vote a été émaillé de plusieurs incidents, a rapporté la presse algérienne vendredi, comme la présence de candidats ou militants tentant d’influencer les électeurs à l’intérieur des bureaux ou des bagarres et saccages d’urnes après des tentatives ou suspicions de fraudes. Selon le ministre de l’intérieur, ces incidents n’ont pas influencé le résultat du vote.