Le groupe André met fin à ses activités commerciales

En cédant à l'Américain Bunge Limited pour 70 millions de dollars sa filiale en Argentine, le groupe lausannois André tourne définitivement la page. Classé parmi les cinq plus grands négociants mondiaux de céréales et d'oléagineux, il ne comptera plus à la fin de l'année qu'une quinzaine de salariés.
André va bientôt disparaître comme elle a toujours vécu, dans la plus grande discrétion. La devise de cette maison, créée à Nyon en 1877, était «être et ne pas paraître». Pas de plaque de la société au mur des bâtiments, chemin Messidor à Lausanne, et des salariés qui ne confirmaient même pas au téléphone que vous appeliez bien chez André!
Pourtant, au temps de sa splendeur, dans les années quatre-vingt, André pesait plus de 10 milliards de francs de chiffre d’affaires. Présente dans 70 pays, cette multinationale effectuait jusqu’à 15 % du tonnage mondial des céréales.
La clé sous la porte
Puis, sans que le public soit informé (la société n’est pas en Bourse), la situation se dégrade rapidement. En 2000, le chiffre d’affaires dégringole à 4,64 milliards de francs, et les dettes s’accumulent.
«Les dirigeants d’André ne se sont pas dotés, comme leurs grands concurrents, d’outils centralisés de gestion de risque», explique Philippe Chalmin, directeur du rapport Cyclope sur les marchés mondiaux.
En mars de cette année, lâchée par les banques, André annonce qu’elle va devoir mettre la clé sous la porte. «Nos fonds propres ne s’élèvent plus qu’à 19 millions de francs et nous perdons 6 millions par mois», souligne Friedrich Sauerländer, le directeur exécutif du groupe.
Toutefois, pas question de brader les activités à l’étranger, notamment en Asie et en Amérique du Sud, qui emploient 1400 personnes et réalisent un chiffre d’affaires d’un milliard de francs. André a donc vendu le mieux possible ses filiales. En avril, l’ancien géant vaudois cédait au groupe américain Noble ses activités asiatiques.
La fin du négoce international
Installée en Argentine depuis 1927, André vendait en avril son usine de transformation des graines oléagineuses à l’Américain Bunge Limited. Ce dernier vient de reprendre le reste des activités du groupe suisse, à savoir un réseau de silos et un port de chargement de navires de haute mer. Les 400 emplois de La Plata Cereal, la filiale d’André en Argentine, sont sauvés.
Cette vente marque la fin du négoce international pour André. La société lausannoise n’a plus d’activités commerciales. Le nombre de ses salariés devrait tomber à une quinzaine de personnes à la fin de l’année, chargées des dernières liquidations.
Si plus de 130 employés d’André en Suisse ont déjà été licenciés, certains retrouvent du travail dans le négoce. L’Américain Noble a ainsi créé deux sociétés à Lausanne, Noble Grain et Noble Cacao, qui ont embauché 15 anciens salariés d’André.
Ian Hamel

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