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Le militant écologiste Paul Watson reste en détention au Groenland

Keystone-SDA

Le militant écologiste Paul Watson restera en détention jusqu'au 4 décembre, a décidé mercredi la justice groenlandaise, dans l'attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d'extradition du Japon liée à son combat pour les baleines.

(Keystone-ATS) « Le tribunal du Groenland a décidé aujourd’hui que Paul Watson serait maintenu en détention jusqu’au 4 décembre 2024 afin d’assurer sa présence dans le processus d’extradition », a indiqué la police dans un communiqué précisant que, « pour des raisons pratiques », la prochaine audience sur sa détention se tiendra le 2 décembre, date de l’anniversaire du militant.

« Je reviens pour mon 74ème anniversaire », a dit le fondateur de Sea Shepherd en quittant l’audience.

L’Américano-canadien de 73 ans, qui a récemment demandé la nationalité française, a été arrêté le 21 juillet à Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome danois. Il était en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un nouveau navire-usine baleinier nippon.

C’est dans une autre affaire relative à la chasse à la baleine, remontant à 2010, que le Japon demande son extradition.

La décision du tribunal de Nuuk, la cinquième dans ce sens depuis l’arrestation du fondateur de Sea Shepherd, était attendue.

« Depuis la première audience du 15 août, on a compris un peu comment ça se passe, et à chaque audience, on est quasiment certain que malheureusement il ne va pas sortir », a réagi auprès de l’AFP la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, présente à Nuuk.

« Tout ça n’est qu’un simulacre d’audience en réalité », a-t-elle dénoncé alors que M. Watson parlait d’une « mascarade » en entrant au tribunal.

Il a fait appel devant la cour d’appel du Groenland.

Les précédentes décisions de détention provisoire font elles l’objet d’une procédure d’appel différente, devant la Cour suprême du Danemark.

Attente de la décision danoise

Le ministère danois de la Justice, qui a récemment reçu les avis de la police groenlandaise et la direction générale du parquet sur la demande d’extradition, n’a pas indiqué quand il rendrait sa décision.

« Le ministère de la Justice examine actuellement la demande d’extradition et les deux recommandations, et c’est sur cette base qu’il prendra une décision dans cette affaire », a-t-il écrit à l’AFP.

S’il venait à refuser l’extradition, « il n’y aurait plus de motif de détention et (Paul Watson) serait libéré dès que possible après que cette décision soit portée à la connaissance de la police groenlandaise », a expliqué la procureure en charge du dossier.

Dans le cas inverse, ses défenseurs feraient appel.

Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson est une personnalité connue pour ses actions coups de poing.

Le Japon, qui a relancé une demande émise dès 2012 via une notice rouge d’Interpol, l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.

Dans le détail, le militant est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard.

Mi-septembre, ses avocats ont saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il encourt de « subir (d)es traitements inhumains (…) dans les geôles japonaises ».

Selon eux, ce délit n’est pas passible de prison dans le droit groenlandais, ce que conteste le parquet de Nuuk.

Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre nippon des Affaires étrangères Takeshi Iwaya a estimé début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine.

Paul Watson espère rentrer en France, où il vit depuis juillet 2023 et où ses jeunes enfants sont scolarisés.

Ses déboires ont suscité le soutien d’une partie de l’opinion publique et d’autres militants.

Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.

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