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Le nouveau patron de Nestlé veut relancer la machine

Keystone-SDA

Le nouveau patron de Nestlé veut s'attaquer à la complexité de l'entreprise afin de redémarrer croissance et rentabilité. Les marques en difficultés doivent être relancées et les activités dans les boissons et eaux minérales regroupées dans une unité distincte.

(Keystone-ATS) « Il y a fort à faire, mais je suis confiant », a lancé le Français Laurent Freixe mardi à Vevey, au siège social de la multinationale, ajoutant devant un parterre d’analystes avoir la volonté de « faire mieux avec moins ».

Nestlé dépose en effet de 400 brevets et lance un millier d’innovations chaque année, un chiffre qui doit être divisé par deux. « Nous voulons nous concentrer sur moins d’innovations (…), nous sommes déterminés à dépenser mieux », a-t-il martelé.

Dans l’immédiat, le producteur notamment des capsules de café Nespresso, de l’eau minérale San Pellegrino ou encore des barres chocolatées Kitkat veut se serrer la ceinture, prévoyant de réaliser des économies d’au moins 2,5 milliards de francs d’ici fin 2027, en plus des précédentes initiatives de réduction des coûts de 1 milliard par an.

M. Freixe, qui a pris les commandes du groupe début septembre en remplacement de Mark Schneider, a assuré que ces réductions des coûts seront réinvesties dans l’activité, en renforçant les marques performantes et en cherchant de nouveaux domaines de croissance. Une part importante des réductions des coûts doit venir des approvisionnements.

Interrogé sur d’éventuelles suppressions de postes, le patron a indiqué que ces mesures ne seront pas accompagnées « de restructurations significatives ».

« Nous n’avons pas un problème avec notre portefeuille (de marques), nous pouvons faire plus pour pousser la croissance, protéger et renforcer notre part de marché », a souligné la directrice financière Anna Manz, avertissant cependant que cela « prendra du temps ». Pour faire rebondir la croissance, le groupe veut renouer avec les niveaux pré-Covid au niveau des investissements, a-t-elle insisté.

Les dépenses publicitaires et de marketing seront ainsi relevées de jusqu’à 9% des ventes d’ici la fin de l’année prochaine, afin de soutenir la croissance. « Les ressources nécessaires seront générées grâce à des économies de coûts et à l’effet de levier de la croissance », a détaillé la société.

Nestlé veut aussi reprendre en main les activités à faible performance, que le groupe veut en grande partie « réparer plutôt que vendre », selon Laurent Freixe. Parmi les activités en difficulté, il a cité les unités Creamers et Frozen Food aux Etats-Unis, Nespresso en Europe de l’ouest et Waters.

Les activités avec les eaux (San Pellegrino, Perrier, Nestlé Purelife, Henniez et Vittel notamment) et les boissons haut de gamme seront regroupées dans une unité à part entière, dont le siège sera à Paris. Muriel Lienau, qui dirige l’unité Nestlé Waters en Europe, en aura la responsabilité à partir de début 2025. « Nous allons explorer les partenariats et toutes les options », a poursuivi le directeur général.

Pour ce dernier, le ralentissement de la croissance « n’est pas structurel, les fondamentaux sont sains ».

Prendre ses marques

Ces mesures doivent permettre de relancer la croissance et la rentabilité du numéro un mondial de l’alimentaire. Nestlé a confirmé anticiper pour l’ensemble de l’exercice en cours une croissance organique des ventes d’environ 2%, après 7,2% en 2023 et 8,3% en 2022. Fin juillet, le groupe avait abaissé cet objectif à « au moins 3% », contre 4% précédemment.

La marge opérationnelle courante récurrente doit s’élever autour de 17,0%, contre 17,3% en 2023 et 17,1% l’année précédente, tandis que le bénéfice récurrent par action doit demeurer stable sur un an.

En 2025, le groupe s’attend à une amélioration de la croissance organique non spécifiée, assortie d’une péjoration « modérée » de la rentabilité opérationnelle courante récurrente.

A moyen terme, la société vise un chiffre d’affaires organique d’au moins 4% et une marge d’exploitation sous-jacente au minimum à 17%.

« Le nouveau directeur général Laurent Freixe a pris ses marques avec un projet clair et des objectifs financiers », a souligné l’analyste de Vontobel, Jean-Philippe Bertschy. « Ce qui semblait encore impossible en début d’année est maintenant possible sous une nouvelle direction », a ajouté l’expert.

« Pas de grande surprise », a estimé Andreas von Arx, de Baader Helvea, soulignant que « Nestlé pense qu’en renouant avec ses ‘anciennes manières’ il améliorera » l’intérêt pour un investissement.

A la Bourse suisse, les investisseurs empochaient leurs bénéfices. Vers 14h10, le titre Nestlé reculait de 2,3% à 76,42 francs, dans un indice vedette SMI en baisse de 1,04%.

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