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Le Parlement allemand bannit les associations d’aide au suicide

(Keystone-ATS) Le Parlement allemand a voté vendredi un texte interdisant la professionnalisation de l’assistance au suicide. Le texte adopté laisse subsister une zone d’ombre concernant la responsabilité pénale de médecins qui aideraient un malade à mourir.

Avant le vote, fournir un médicament mortel à une personne atteinte par exemple d’une maladie incurable n’était pas interdit dans la mesure où l’intéressé consommait la préparation lui-même. Administrer le cocktail médicamenteux était par contre interdit. Des associations se tenant à cette règle existent dès lors, le suicide, même assisté, n’étant pas interdit.

Le texte voté vendredi après un an de débat punit de trois ans de prison « l’aide à mourir professionnalisée ». Concrètement, cela interdit les entreprises fournissant un tel service, les associations dédiées au suicide assisté ou encore à toute personne physique d’aider de manière répétée des malades à mourir.

L’euthanasie en Allemagne reste un sujet politiquement délicat en raison de l’emploi massif qu’en faisait le régime nazi, mais l’écrasante majorité des Allemands y sont favorables. Selon un sondage publié fin octobre par l’hebdomadaire Focus, 74% des personnes sondées sont favorables à ce qu’un médecin puisse « aider à mourir » en cas de maladie mortelle, 20% seulement s’y opposant.

Moins de deux tiers

Votée en leur « âme et conscience » au-delà des lignes partisanes par 360 députés sur 602, la nouvelle législation a suscité d’intenses débats au Bundestag.

« Nous voulons qu’il soit clair que nous, en tant que législateur, ne voulons pas que le suicide assisté devienne un service médical régulier », a martelé l’élue sociale-démocrate, Kerstin Griese, coauteur du texte. Dans le camp d’en face, Renate Künast, des Verts, a résumé la position adverse ainsi: « Que l’Etat ne se mêle pas de la manière dont je veux partir! »

Cette nouvelle législation est néanmoins loin d’éclaircir toutes les zones d’ombre, notamment sur les risques encourus par les médecins qui assisteraient régulièrement des patients à mourir.

Pas sous pression

Jusqu’à présent, les médecins risquaient dans la plupart des Etats-régions d’être radiés de la profession, mais désormais ils pourraient aller en prison..

Coauteur de la proposition de loi, le conservateur Michael Brand (CDU) a pour sa part assuré qu’il ne s’agissait pas de punir des médecins, mais de s’assurer que les patients ne sont pas sous pression et qu’aider au suicide ne devienne pas une entreprise commerciale.

Parallèlement, le Bundestag a voté jeudi un texte élargissant et facilitant l’accès aux soins palliatifs pour les patients en fin de vie.

L’euthanasie n’est formellement légale en Europe que dans trois pays (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg). Mais d’autres autorisent ou tolèrent une forme d’aide à la mort, notamment la Suisse, qui a légalisé le suicide assisté (la personne prend elle-même la dose mortelle).

Exit regrette

En Suisse justement, l’organisation d’aide au suicide Exit a déploré la décision du Parlement allemand. L’association helvétique n’est pas directement touchée par ce vote puisqu’elle n’assiste que des personnes en Suisse, explique-t-elle dans un communiqué. En revanche, elle ignore si elle pourra encore aider des citoyens suisses résidant en Allemagne.

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