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Le PKK prêt à embrasser la paix avec la Turquie

Keystone-SDA

Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a approuvé samedi l'appel de son chef historique Abdullah Öcalan à cesser les hostilités avec la Turquie et à ouvrir les discussions en vue de sa dissolution.

(Keystone-ATS) « Afin d’ouvrir la voie à la mise en oeuvre de l’appel d’Apo (oncle, en kurde) à la paix et à une société démocratique, nous déclarons un cessez-le-feu à partir d’aujourd’hui », a annoncé le comité exécutif du PKK, basé dans le nord de l’Irak, répondant ainsi à l’appel historique de son fondateur, emprisonné depuis vingt-six ans.

Cette trêve, si elle est respectée et débouche sur un accord de paix, mettrait fin à quatre décennies de guerilla qui ont fait au moins 40’000 morts.

Dans un long message publié en turc par l’agence ANF, proche du parti armé, le PKK approuve en lettres capitales le message de M. Öcalan,délivré jeudi à Istanbul: «  »NOUS SOMMES D’ACCORD AVEC LE CONTENU DE L’APPEL TEL QU’IL EST, ET NOUS DÉCLARONS QUE NOUS LE RESPECTERONS ET LE METTRONS EN OEUVRE ».

Erdogan met en garde

« Aucune de nos forces ne mènera d’action armée à moins d’être attaquée », affirme-t-il. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui promis de reprendre les opérations anti-PKK si « les promesses ne sont pas tenues »

A l’issue de quatre mois de dialogue initié par les autorités turques et conduit par le principal parti pro kurde DEM, M. Öcalan a lancé un appel pour « la paix et une société démocratique », ordonnant au PKK de « déposer les armes » et de « se dissoudre ».

« Apo doit diriger le congrès »

Pour lui, l’époque qui prévalait lorsqu’il a décrété la lutte armée, en 1984, est révolue insistait-il en affirmant « assumer la responsabilité historique de cet appel ».

La direction du PKK réclame la liberté pour son fondateur, âgé de 75 ans, condamné à vie et détenu sur une ile au large d’Istanbul: « Le dirigeant Abdullah Öcalan doit pouvoir vivre et travailler en toute liberté physique et établir des relations sans entrave avec qui il veut, y compris ses amis ».

Preuve que malgré le temps, « Apo » inspire toujours le respect, le PKK l’appelle à diriger en personne le congrès du Parti qui procèdera à sa dissolution:

« Seul la direction pratique du leader Apo peut permettre la réalisation pratique de questions telles que le dépôt des armes. POUR LE SUCCES DU CONGRES, LE CHEF APO DOIT LE DIRIGER PERSONNELLEMENT », souligne-t-il en proclamant, de nouveau en lettres capitales, que « L’APPEL (d’Öcalan) N’EST PAS UNE FIN MAIS UN NOUVEAU DÉPART ».

Les autorités turques avaient initié le dialogue en octobre via le principal parti pro kurde représenté au Parlement, le DEM, qui s’est rendu à trois reprises auprès du vieux dirigeant du PKK dans sa prison sur l’île d’Imrali.

« Démocratie et sécurité »

Pour le vice-président turc Cevdet Yilmaz, « la dissolution de l’organisation terroriste sans négociation signifie une nouvelle ère en termes de développement, de démocratie et de sécurité ».

Au lendemain de l’appel de M. Öcalan, le président Recep Tayyip Erdogan avait salué une « opportunité historique d’avancer en détruisant le mur de la terreur » et promis de « veiller de près » au succès du processus.

Changement espéré par la population

Ce changement de cap était espéré par la population turque et la minorité kurde, la plus importante de Turquie (20% environ de la population), même si les combattants kurdes ont évacué le territoire turc après la dernière flambée de violence en 2015-2016 pour s’établir dans les montagnes du nord de l’Irak et dans le nord-est de la Syrie.

Dans le nord de l’Irak, à Souleimaniyeh, Soran Fatah, 60 ans, a appelé la Turquie à créer les conditions « pour mettre fin à la guerre afin que les Kurdes puissent vivre en paix comme tous les autres peuples ».

« Je crains qu’ils ne nous trompent à nouveau »

Mais Baha al-Din Abdullah, 56 ans, qui accuse un drone turc d’être responsable de la mort de sa fille de 32 ans l’an dernier, reste prudent. « Je crains qu’ils ne nous trompent à nouveau », a-t-il lâché à propos d’Ankara.

Pour Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences Po, spécialiste de la Turquie, les concessions du PKK s’expliquent notamment par une nouvelle donne régionale: « le PKK n’a plus les soutiens qu’il avait autrefois (avec le président syrien déchu) Bachar el-Assad ».

« Il n’aura peut-être plus non plus un soutien aussi fort des Américains dans le nord-est de la Syrie », où Washington maintient encore – mais pour combien de temps? – mille à deux mille hommes au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique.

« Il ne suffit pas de déposer les armes », a prévenu vendredi un des responsables du parti DEM, Tuncer Bakirhan. « Le gouvernement doit faire preuve de volonté politique et mettre en oeuvre des programmes » en conséquence.

Mais l’ex-coprésident du parti, le populaire Selhatatin Dermirtas, a promis depuis sa prison où purge une peine de 42 ans, de « faire de son mieux pour assurer le succès » de cette initiative.

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