Le siège du campus persiste, passe d’armes Chine-USA en vue
(Keystone-ATS) Des dizaines de manifestants pro-démocratie restaient retranchés jeudi sur un campus de Hong Kong assiégé par la police. L’adoption aux Etats-Unis d’une résolution de soutien aux protestataires menace par ailleurs d’enflammer les relations sino-américaines.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a averti jeudi que l’adoption par le Congrès américain d’une loi soutenant la démocratie à Hong Kong revenait à encourager les « criminels violents ». Le but de ce texte est de « semer le chaos voire de détruire Hong Kong », a relevé Wang Yi, cité dans un communiqué publié par son ministère.
L’Université polytechnique (PolyU) est le théâtre depuis cinq jours de la plus longue confrontation entre manifestants et forces de l’ordre depuis le début de la contestation en juin. La présence policière a cependant été nettement réduite.
Pékin n’avait pas réagi dans l’immédiat à l’adoption mercredi par le Congrès américain d’une résolution soutenant les « droits de l’homme et la démocratie » à Hong Kong. C’est un clair soutien aux protestataires de l’ex-colonie britannique, qui réclament le suffrage universel.
La Chine a agité la menace de représailles si le texte était transformé en loi. Avant d’être promulguée, elle doit encore être signée par Donald Trump. Le président américain devrait l’approuver, selon une source proche du dossier.
« Certains espèrent que cela dissuadera Pékin d’agir. C’est faire preuve de naïveté », a prévenu le tabloïd chinois Global Times, réputé proche du pouvoir et connu pour son ton nationaliste. « Si nous prenons ce projet de loi américain au sérieux et si nous reculons face aux émeutes, Hong Kong subira un effondrement accéléré de l’État de droit et sera effacé du monde moderne ».
Cocktails Molotov
La situation sur le campus de la PolyU était très calme jeudi. Un groupe d’irréductibles se cuisinait un déjeuner dans une cantine, à partir des rares provisions qu’ils leur restaient. Des pancartes avertissaient les passants de ne pas fumer près des endroits où sont entreposés les cocktails Molotov, prêts à être utilisés contre la police.
Sur le millier de manifestants occupant l’établissement au départ, il n’en restait que quelques dizaines, selon un décompte de journalistes de l’AFP présents sur place. Un certain nombre ont pris la fuite, déjouant les barrages policiers ou s’échappant par les égouts. Mais la majorité se sont rendus ou ont été interpellés par les forces de l’ordre à leur sortie.
Le siège du campus avait commencé dans la violence dimanche, avec des protestataires jetant des cocktails Molotov et des briques aux policiers voulant les déloger. La police avait notamment répondu par des tirs de gaz lacrymogènes.
Un total de 700 personnes ont déjà été arrêtées en lien avec l’occupation de l’université, a déclaré mercredi soir à la presse un responsable de la police. A l’extérieur du campus jeudi, des agents d’entretien avaient effacé une grande partie des stigmates des affrontements, déblayant débris, ordures et éclats de verre des cocktails Molotov.