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Les abus dans l’enfance facteurs de risque pour l’endométriose

Les abus sexuels ou émotionnels durant l'enfance sont associés à un risque accru d'endométriose chez la femme, selon cette étude (image symbolique). KEYSTONE/CHRISTOF SCHUERPF sda-ats

(Keystone-ATS) Les femmes ayant subi des abus sexuels ou émotionnels dans leur enfance ont un risque augmenté d’endométriose. C’est ce qu’indique une étude de l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ) publiée dans la revue Human Reproduction.

L’endométriose est une maladie chronique touchant 6% à 10% des femmes qui se caractérise par la croissance de muqueuse utérine dans la cavité péritonéale ou au niveau des ovaires, voire d’autres organes. Elle peut entraîner de fortes douleurs et des problèmes d’infertilité.

Pour l’heure, les causes de cette pathologie restent incomprises. L’équipe de Brigitte Leeners, de la Clinique d’endocrinologie de la reproduction à l’USZ, a interrogé 421 patientes provenant de Suisse, d’Allemagne et d’Autriche, ainsi qu’autant de femmes en bonne santé, afin de vérifier si des expériences traumatiques dans l’enfance pouvaient y être associées.

Résultats: 20% des patientes souffrant d’endométriose ont rapporté des abus sexuels durant leur enfance, contre 14% des femmes du groupe de contrôle. Pour les abus émotionnels, ces proportions étaient respectivement de 44% contre 28%.

Etait également plus élevée la part des femmes ayant subi de la négligence émotionnelle (50%/42%), ou des « expériences d’inconsistance », lorsque les parents se montrent inconséquents, agressifs ou imprévisibles (53%/41%).

Pas les abus physiques

En revanche, aucune différence significative n’a été relevée pour les abus physiques ou la négligence. Citée mercredi dans un communiqué de la revue, la Pre Leeners se dit surprise de ce dernier constat: « Nous n’avons pas d’explication claire ».

Des recherches supplémentaires sont nécessaires, selon la spécialiste, d’autant plus que les effets relevés pour les autres formes d’abus sont relativement faibles. D’autres éléments entrent probablement en ligne de compte. Parmi les hypothèses généralement évoquées figurent des facteurs environnementaux ou génétiques, notamment.

En tout état de cause, les médecins confrontés à des patientes souffrant d’endométriose devraient les questionner de manière plus précise sur leur parcours de vie. Cela pourrait permettre de proposer plus rapidement des traitements appropriés et ainsi d’éviter l’apparition d’autres maladies.

Les indices s’accumulent en effet sur les liens entre les expériences vécues dans l’enfance et des troubles non seulement psychiques, mais aussi le surpoids, le diabète, l’asthme ou encore les maladies cardiovasculaires.

Fatigue sous-estimée

Dans une seconde étude publiée dans la même revue et portant sur 1120 femmes réparties en deux groupes, Brigitte Leeners et ses collègues arrivent à la conclusion que la fatigue chronique est un symptôme sous-estimé de l’endométriose.

Environ la moitié des patientes (50,7%) en souffraient, contre moins d’un quart des femmes du groupe de contrôle (22,4%). C’était le cas même en tenant compte de facteurs comme la douleur, l’insomnie, le stress au travail, l’indice de masse corporelle, la maternité ou la dépression.

« Ces résultats suggèrent que l’endométriose a un effet sur la fatigue indépendant d’autres facteurs et qui ne peut pas être attribué aux symptômes de la maladie », souligne la chercheuse. L’inflammation et l’activation consécutive du système immunitaire pourrait être en cause. La prise en charge des patientes peut également être améliorée en tenant compte de ces nouveaux éléments, concluent les auteurs.

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