Les négociations entre la Chine et les Etats-Unis se prolongent
(Keystone-ATS) Des négociations qui se prolongent et des marchés mondiaux euphoriques: les discussions de Pékin pour tenter de régler le différend commercial sino-américain se sont poursuivies mercredi. Cette 3e journée de discussions n’était pas prévue dans le programme initial.
« Les discussions plus longues que prévu suggèrent que les responsables des deux côtés sont engagés (à conclure) un accord pour mettre un terme à leur frictions commerciales meurtrières, sur une note optimiste bien nécessaire », commente le quotidien chinois proche du pouvoir Global Times citant « des analystes ». Un optimisme dont le président américain Donald Trump a donné le premier signal, déclarant sur Twitter mardi que « les discussions se pass(aient) très bien! ».
La veille, son Secrétaire au commerce, Wilbur Ross, misait sur « un accord raisonnable » sur au moins une partie des sujets de contentieux.
Sur leur contenu, rien ne filtre depuis que les négociateurs américains, sous la houlette du représentant adjoint pour le commerce, Jeffrey Gerrish, ont retrouvé lundi leurs homologues chinois. Mardi, la deuxième journée de négociation s’est prolongée jusqu’à tard dans la soirée, dénotant selon les commentateurs une volonté réelle de progresser.
A la mi-journée mercredi, le sous-secrétaire au commerce en charge des questions agricoles, Ted McKinney, a indiqué que les discussions, « en train de se terminer » s’étaient « bien passées » et que la délégation rentrerait aux États-Unis le jour même. La poursuite des discussions et les déclarations positives américaines ont en tout cas contribué à redonner des couleurs aux marchés financiers qui ont réagi à la hausse en Europe, aux États-Unis et en Asie.
Compte à rebours entamé
Les places boursières chinoises, encore hésitantes mardi, ont ouvert en hausse mercredi. Donald Trump passe d’ailleurs pour souhaiter absolument un accord avec la Chine, notamment pour stabiliser les marchés financiers, a rapporté l’agence financière Bloomberg.
Car le conflit commercial des deux premières puissances économiques de la planète est lourd de conséquences au-delà de leurs propres frontières. La Banque mondiale a ainsi mis en garde mardi contre ces tensions qui, selon elle, « affectent déjà l’activité dans le monde ».
« La résolution de leurs différends sera très importante pour la manière dont l’économie mondiale se façonnera cette année », a commenté auprès de l’AFP Ayhan Kose, économiste à la Banque mondiale. « Les répercussions de ces frictions donnent déjà la frousse aux investisseurs », note pour sa part mercredi l’éditorial du quotidien China Daily. « Et le compte à rebours a commencé vers l’échéance du 1er mars », ajoute-t-il.
Le 1er mars sonnera la fin de la trêve décidée à l’issue d’une rencontre le 1er décembre des présidents américain et chinois en marge d’un sommet du G20 à Buenos Aires. Donald Trump et Xi Jinping ont alors décidé de se laisser du temps pour tenter de régler les problèmes par la négociation et sortir de la spirale des représailles commerciales, qui se sont traduites en 2018 par l’imposition d’exorbitantes hausses de droits de douanes.
Que des perdants
« Reste à savoir quelle sera l’issue » des négociations, poursuit le China Daily. Mais « la brève histoire de cette dispute montre que les frictions ne bénéficient à aucune des parties », ajoute-t-il. Alors que sa croissance est en phase de ralentissement, un pilier de l’économie de la Chine, ses échanges commerciaux avec le reste du monde, ont marqué le pas en novembre: ses exportations ont progressé de 5,4% sur un an et ses importations de 3%, contre respectivement +15,6% et +21,4% en octobre.
Pour autant, souligne aussi le quotidien officiel en anglais, la Chine « a clairement fait savoir qu’elle ne chercherait pas de solution au prix de concessions déraisonnables ». Pékin a néanmoins effectué plusieurs gestes de bonne volonté depuis le 1er décembre, différant l’imposition de surtaxes douanières sur les automobiles importées des États-Unis, annonçant des achats de céréales américaines ou encore une plus grande ouverture des marchés chinois.
Car si Washington n’en peut plus de son déficit commercial chronique vis-à-vis de Pékin, ses griefs portent aussi sur les difficultés d’accès aux marchés chinois. Les Etats-Unis critiquent également certaines pratiques commerciales de la Chine, qu’ils jugent déloyales.