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Les Palestiniens fuient Rafah: opérations intensifiées au sol

Keystone-SDA

(Keystone-ATS) Benjamin Netanyahu a qualifié de « décisive » jeudi la bataille de Rafah, après l’annonce d’une « intensification » des opérations militaires au sol dans cette ville du sud de la bande de Gaza en dépit des craintes internationales pour la population civile.

Au huitième mois de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas, l’armée dit mener depuis une dizaine de jours des opérations « ciblées » au sol à Rafah, accompagnées de bombardements, avec l’objectif affiché d’y anéantir les derniers bataillons du Hamas.

La « bataille de Rafah » est « décisive », a lancé M. Netanyahu, ajoutant qu’elle visait aussi les « échappatoires et voies de ravitaillement » du Hamas qu’Israël a juré d’anéantir après l’attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre.

Un porte-parole militaire israélien, Nadav Shoshani, a affirmé qu' »il y a des otages à Rafah », en référence aux personnes enlevées lors de l’attaque du 7 octobre. « On opère pour créer les conditions pour les ramener à la maison. »

« Des troupes supplémentaires vont entrer » à Rafah et « l’activité (militaire) va s’intensifier », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

Fuite de 600’000 personnes

Depuis que l’armée a ordonné aux civils de quitter les secteurs est de Rafah le 6 mai en prévision d’une offensive terrestre d’envergure, « 600’000 personnes ont fui », selon l’ONU. Quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées par les combats, se trouvaient jusque-là dans cette ville.

Des Palestiniens continuent de quitter l’est de Rafah ainsi que d’autres quartiers de la ville adossée à la frontière fermée avec l’Egypte.

M. Netanyahu a estimé que « la catastrophe humanitaire » à Rafah, redoutée par la communauté internationale, avait été évitée par Israël, affirmant que « près d’un demi-million de personnes avaient évacué la zone des combats ».

Entrée avec des chars dans le secteur est de Rafah le 7 mai, l’armée est déployée du côté palestinien du point de passage avec l’Egypte, crucial pour faire entrer le carburant, indispensable au fonctionnement des infrastructures et à la logistique humanitaire.

Plus rien n’entre depuis par Rafah, et l’Egypte et Israël se renvoient la responsabilité de ce bouclage.

L’armée israélienne a néanmoins affirmé que 365 camions d’aide humanitaire étaient entrés dans la bande de Gaza jeudi via les passage côté israélien de Kerem Shalom et d’Erez.

Plus d’aide devrait arriver « dans les prochains jours » après que les Etats-Unis ont arrimé une jetée temporaire à la plage de Gaza, selon le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Environ 500 tonnes d’aide doivent être acheminées à Gaza via cette jetée puis distribuées, selon lui.

Mais Farhan Haq, porte-parole de l’ONU, a indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de cette aide.

« Génocide »

L’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans la bande de Gaza, où vivent quelque 2,4 millions d’habitants dont 70% ont été déplacés.

Au moins 39 morts supplémentaires ont été recensés ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, alors que les bombardements aériens ont touché Gaza-ville, Jabalia (nord), Nousseirat (centre) notamment, d’après des témoins et médecins.

L’armée israélienne a annoncé la mort de cinq soldats tués mercredi par des « tirs amis » lors de combats à Jabalia. Au total, 279 soldats israéliens ont péri depuis l’entrée des troupes israéliennes dans le territoire palestinien, le 27 octobre.

Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’union européenne, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Devant la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye, l’Afrique du Sud, qui demande aux juges d’enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, a affirmé que « le génocide » commis par Israël à Gaza avait atteint « un niveau horrible ».

Les avocats de Pretoria, qui appellent les juges à ordonner un cessez-le-feu à Gaza, ont donné le coup d’envoi de deux jours d’audiences.

« Déplacement forcé »

Israël, qui récuse les accusations sud-africaines, y répondra vendredi. Il a qualifié l’affaire portée par Pretoria de « totalement infondée ».

Réuni à Manama, le sommet arabe a appelé à un cessez-le-feu « immédiat » dans la bande de Gaza et à la fin « du déplacement forcé » des Palestiniens. Il a aussi réclamé le déploiement d’une force de paix de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés par Israël.

Le Hamas a dit « regretter » les critiques du président palestinien Mahmoud Abbas qui a accusé le mouvement islamiste d’avoir « donné des prétextes » à Israël pour attaquer la bande de Gaza.

A Tel-Aviv, des familles des otages ont manifesté une nouvelle fois jeudi soir devant le ministère de la Défense pour réclamer la libération de leurs proches.

L’armée israélienne a annoncé que deux Thaïlandais, employés agricoles d’un kibboutz, étaient morts durant l’attaque du 7 octobre et que leurs corps avaient été emmenés à Gaza.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 38 seraient mortes, selon l’armée.

La vaste offensive lancée en riposte par Israël a ravagé la bande de Gaza, où 35’272 morts personnes ont été tuées, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

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