Les romans de George Sand dans la Pléiade
(Keystone-ATS) L’écrivaine George Sand revient dans la Pléiade. Réputée pour le tumulte de ses passions avec Musset et Chopin, romancière attachée à défendre la cause des femmes, elle est justement considérée comme l’une des plus grands écrivains du XIXe siècle.
La prestigieuse collection de Gallimard, qui avait consacré, il y a près de 50 ans, deux volumes aux oeuvres autobiographiques de la romancière a publié (enfin) jeudi deux volumes présentant une petite partie de son immense oeuvre romanesque. George Sand a publié plus de 70 romans. La Pléiade en a choisi quinze dont « Indiana », le premier qu’elle signa de son nom de plume en mai 1832.
Les deux volumes « n’ont pas de prétention à l’exhaustivité », souligne José-Luis Diaz qui a dirigé cette édition. Ces deux volumes constituent « une première salve », a affirmé l’universitaire laissant entendre que d’autres volumes pourraient suivre (même si rien n’est programmé jusqu’à présent).
Oeuvre considérable
Parmi les oeuvres dont il faudra encore attendre pour les lire dans la Pléiade, on citera notamment « Consuelo », ouvrage mythique de la romancière.
Née Aurore Dupin, George Sand (1804-1876) est l’auteure d’une oeuvre considérable (elle a également écrit des contes, des nouvelles, des essais, des récits de voyages, des centaines d’articles, une vingtaine de pièces de théâtre, une copieuse correspondance…). Elle fut aussi une femme engagée, féministe avant l’heure.
Régulièrement, son nom revient pour que ses cendres soient transférées au Panthéon (qui ne compte que cinq femmes).
Pionnière de l’ethnographie
Parmi les textes retenus dans la Pléiade, on trouve « Lélia » (1833), son deuxième roman, qui fit scandale par la façon très libre pour l’époque dont il abordait la sexualité féminine. On trouve également des textes peu connus comme « Pauline » (1841) ou « Isidora » (1846).
On n’échappe pas à ses oeuvres « champêtres », trop longtemps remisées au rayon des livres pour enfants: « La mare au diable », « François le Champi », « La petite Fadette ». « Trop souvent cantonnés au genre de la pastorale naïve voire de la ‘bluette’ pour enfants, ces romans révèlent une romancière pionnière de l’ethnographie et de l’ethnolinguistique qui ne renonce en rien, bien au contraire, à la poésie », fait remarquer José-Luis Diaz dans la présentation des deux volumes.
Le second volume de la Pléiade compte sept titres dont « Elle et lui » (1859), un des chefs-d’oeuvre de Sand qui transpose sa relation avec l’un de ses amants les plus célèbres (Musset) et peint l’échec de l’amour romantique. On trouve également une rareté, « La ville noire » (1861), roman réaliste et utopiste mettant en scène des ouvriers couteliers en quête de dignité qui finissent par unir leurs forces en fondant une association.
Écrivaine engagée
En lisant son oeuvre, plusieurs constances s’imposent. Il y a évidemment le combat en faveur de la cause des femmes mais aussi (à partir de « Mauprat » qu’on retrouve dans le premier volume) un combat en faveur de la République. George Sand fut un écrivain « engagé », républicaine puis socialiste d’inspiration chrétienne.
« La dénonciation d’une société bourgeoise inique, cruelle aux plus faibles, matérialiste, rongée par une maladie morale, est au centre de toute son oeuvre », affirme José-Luis Diaz. « S’il est un idéal qui traverse toute l’oeuvre, c’est la fraternité », ajoute l’universitaire. Un idéal porté, roman après roman, par de lumineuses figures de femmes.
Parallèlement à la publication des deux volumes de la Pléiade, les amateurs ou les curieux de l’oeuvre de George Sand liront avec intérêt la correspondance entre l’écrivaine et les Dumas père et fils qui vient de paraître chez Phébus dans une édition établie par Thierry Bodin et Claude Schopp.
Il ne faut surtout pas manquer également « Mes maisons d’écrivains » (Stock) d’Évelyne Bloch-Dano qui consacre deux beaux chapitres à George Sand, la Berrichonne, à Nohant et à Gargilesse.