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Les secrets de la robe du gecko léopard décryptés

Keystone-SDA

(Keystone-ATS) Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) s’est intéressée au gecko léopard pour comprendre comment les bandes sur la peau des jeunes se transforment en taches à l’âge adulte. Une transition orchestrée par différentes cellules pigmentaires.

Les couleurs et les motifs à la surface de la peau des reptiles sont générés par les interactions entre trois types de cellules colorées, les chromatophores, a indiqué mercredi l’UNIGE dans un communiqué.

Les mélanophores sont responsables des couleurs noire et brune, les xanthophores de la coloration rouge/jaune et les iridophores, remplis de cristaux qui réfléchissent la lumière, renvoient des couleurs métallisées. Selon leur répartition dans la peau, différents motifs apparaissent.

Pour la plupart des espèces, le motif de coloration est défini au cours du développement embryonnaire et reste stable tout au long de la vie de l’animal. Il existe cependant des exceptions, comme le gecko léopard (Eublepharis macularius), bien connu des terrariophiles et originaire d’Inde ou du Pakistan.

Disparition des iridophores

Ce lézard d’une vingtaine de centimètres arbore pendant les premiers mois de sa vie une bande blanche au niveau de la nuque et plusieurs bandes transversales jaunes et noires sur son dos. A l’âge adulte, sa robe, au fond clair et uniforme, est recouverte de taches noires rappelant le pelage du léopard.

Le groupe d’Athanasia Tzika au Département de génétique et évolution de l’UNIGE a analysé la distribution des cellules colorées dans la peau de ces lézards. “Nous avons constaté que si les trois types de chromatophores sont bien présents chez les juvéniles, les iridophores disparaissent après quelques mois et cette période coïncide avec la transition des bandes vers les taches”, explique Asier Ullate-Agote, premier auteur de l’étude.

Le gecko léopard présente par ailleurs la particularité de pouvoir régénérer sa queue si celle-ci est sectionnée. Quel que soit l’âge du lézard, la nouvelle queue repousse toujours couverte de taches, et jamais de bandes. Les scientifiques ont donc analysé la peau de ces repousses et ont constaté qu’elle est dépourvue d’iridophores.

Un mutant pour confirmer

Ces observations ont conduit les scientifiques à analyser la peau d’un mutant qui apparaît parfois dans les élevages: le gecko léopard ‘Mack Super Snow’. Cet animal, porteur d’une mutation spontanée, naît avec une peau noire sans bandes, mais arbore une peau tachetée à l’âge adulte, comme les autres lézards sans mutation.

“Nous avons constaté que la peau des juvéniles montre la présence uniquement de mélanophores, mais pas d’iridophores ou de xanthophores”, indique Athanasia Tzika, citée dans le communiqué. Les analyses génétiques de ces individus ont permis d’identifier la mutation dans le gène PAX7.

Ce gène est normalement exprimé dans les iridophores et les xanthophores, suggérant qu’il joue un rôle-clé dans la différenciation de ces deux types de cellules, dont la présence n’est pas nécessaire pour la formation des taches, selon ces travaux publiés dans la revue PNAS.

“Nous pensons donc que ce sont les interactions entre les mélanophores et les iridophores qui sont à l’origine du motif en bandes des juvéniles et que les mélanophores peuvent former les taches, sans l’aide d’autres chromatophores”, conclut Athanasia Tzika.

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