Les Suisses reviennent vers les agences de voyages par sécurité
(Keystone-ATS) Les Suisses reviennent vers les agences de voyages. Les aspects de sécurité, liés à la géopolitique mais aussi aux faillites de transporteurs, poussent toujours davantage de clients à rechercher les services des bureaux spécialisés.
Les catastrophes ou les attaques terroristes restent les principaux défis du secteur. Et la disparition au cours des derniers mois de plusieurs compagnies aériennes européennes, dont Air Berlin et Nikki, n’a pas contribué à tranquilliser les touristes helvétiques.
« Plus les clients recherchent la sécurité, plus ils sont disposés à demander conseil et à réserver auprès d’un tour-opérateur », affirme Dieter Zümpel, directeur général de Der Touristik Suisse, à l’occasion d’une rencontre à Zurich des acteurs de la branche avec les médias. L’ex-Kuoni Voyage regroupe également les enseignes Helvetic Tours et rewi.
Car les agents de voyages et tour-opérateurs endossent la responsabilité en cas de crise. C’est à eux qu’il revient de trouver une alternative lorsqu’un transporteur aérien est cloué au sol pour cause d’insolvabilité ou de mauvaise météo. M. Zümpel est convaincu que la branche va profiter de ce besoin accru de sécurité, même si l’argument reste « très difficile à vendre », selon lui.
Réservations en hausse
Pour l’heure, les voyagistes peuvent aussi se réjouir d’un retour des réservations précoces. La reprise économique aidant, ils prévoient des affaires stables ou en croissance en 2018, selon un sondage paru en début de semaine.
Pour la saison balnéaire 2018, TUI Suisse affiche un bond de 10% des ventes par rapport à l’année passée. Sur l’ensemble de l’exercice écoulé, allant d’octobre 2016 à septembre 2017, la filiale helvétique du géant allemand annonce un chiffre d’affaires en progrès de 12%.
« Janvier donne le ton », assure Bianca Schmidt, responsable de communication du numéro trois du voyage en Suisse. La demande vers le sud de la Turquie a décollé de 80% en comparaison annuelle et de 35% vers la Tunisie.
Chez ITS Coop Travel, la tendance s’avère aussi positive, assure le patron Andreas Restle. Les réservations pour la Turquie ou l’Egypte se portent mieux, mais restent loin des volumes d’avant les crises. A l’été 2017, le voyagiste a compté 3300 clients vers la Turquie, contre 15’000, un record, à la même saison en 2014.
Forfaits plus chers
L’Espagne et les îles grecques sont les destinations estivales préférées des Helvètes. Chez TUI Suisse, Majorque remporte la palme pour l’été 2018, la crise catalane n’ayant eu aucun impact. Après la disparition d’Air Berlin, les liaisons entre la Suisse et Palma ont été récupérées en partie par Edelweiss et Germania.
Le manque de capacités côté transports et le renforcement de l’euro vis-à-vis du franc ont en revanche eu pour effet de renchérir les forfaits. En particulier, les hôteliers espagnols, profitant de l’afflux de touristes, ont rehaussé leurs tarifs. Andreas Restle estime que les prix des forfaits ont crû de 5 à 10% comparé à 2017.
TUI articule une hausse de 2%. Comme le groupe dispose de ses propres produits et hôtels, il est moins dépendant des tarifs locaux. Un forfait coûtait en moyenne 1109 francs par personne à l’été 2017, contre 1044 francs l’année précédente.
Destinations « authentiques »
Les clients, même les jeunes de la génération Internet, ne retournent pas seulement aux agences par besoin de sécurité. Ceux en quête de conseils sur des destinations complexes recourent davantage aux services des experts, constate Matthias Reimann chez Knecht Reisen, spécialiste des destinations lointaines.
« Les clients vont aussi à la découverte des régions, pas uniquement dans les métropoles », observe M. Reimann. Le besoin croissant d’authenticité se traduit aussi dans la demande pour les tours organisés culturels ou à thème.
Manta Reisen a senti le filon. Le spécialiste des vacances balnéaires aux Maldives propose désormais également des séjours sur les atolls habités de l’archipel, où les touristes peuvent vivre une expérience différente, au rythme local.