Libération de Natallia Hersche: « il n’y a pas eu de deal »
(Keystone-ATS) Natallia Hersche est de retour en Suisse, libérée après 17 mois de détention au Bélarus. La double nationale suisso-bélarusse a été accueillie vendredi en fin d’après-midi à l’aéroport de Zurich par des représentants du DFAE.
Natallia Hersche est arrivée vers 17h30 à l’aéroport de Zurich-Kloten, où l’attendait Johannes Matyassy, secrétaire d’Etat adjoint au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et directeur de la direction consulaire. A ses côtés également, l’ancien ambassadeur suisse au Bélarus Claude Altermatt.
« Il n’y a pas eu de deal », a assuré d’entrée Johannes Matyassy lors d’un point de presse organisé à l’aéroport de Zurich. Le Bélarus n’a pas non plus posé de conditions. Mme Hersche ne s’est vu retirer ni visa ni passeport et peut retourner à tout moment. « C’était un processus de négociations ennuyant, complexe », a-t-il dit, « qui a conduit à un résultat très positif et réjouissant ».
Mme Hersche avait participé à une manifestation contre la réélection du président Alexandre Loukachenko le 19 septembre 2020 à Minsk et avait été arrêtée à cette occasion. Selon des organisations suisses de défense des droits humains, elle avait été condamnée en décembre 2020 à une peine de deux ans et six mois de prison, lors d’un « procès-spectacle inéquitable ».
« Je ne regrette rien »
Vendredi matin, le président de la Confédération Ignazio Cassis avait déjà annoncé sur Twitter la libération de Mme Hersche de la prison de Mogiljov (est). Elle avait ainsi pu rejoindre son frère et la nouvelle ambassadrice de Suisse à Minsk, Christine Honegger Zolotukhin.
Devant les médias, Natallia Hersche a affirmé se sentir « bien ». « J’ai été libérée ce matin à 06h00. On m’a réveillée. J’ai eu cinq minutes pour manger, cinq minutes pour faire mes bagages. »
Mme Hersche ne s’est pas étendue sur ses conditions de détention, qu’elle a juste qualifiées de « normales ». Elle était « moralement » prête à purger l’intégralité de sa peine. « Je ne regrette en rien mon engagement politique », a-t-elle affirmé.
Elle n’a jamais voulu se résoudre à une demande de grâce. « Je suis prête à retourner au Bélarus. C’est ma première patrie. La deuxième est la Suisse ». Elle est reconnaissante envers le gouvernement suisse et espère qu’il continuera à s’engager pour d’autres détenus politiques.
Intenses efforts diplomatiques
La libération de Natallia Hersche intervient suite à d’intenses efforts déployés pendant près d’un an et demi. Suite à son arrestation, l’organisation de défense des droits humains Libereco avait remis une pétition munie de 9500 signatures, demandant sa libération. Ignazio Cassis était invité à intervenir directement auprès de M. Loukachenko.
En février 2021, dans une lettre ouverte adressée au ministre bélarusse des affaires étrangères, 83 parlementaires suisses avaient aussi demandé sa libération.
A Minsk, seul Alexandre Loukachenko pouvait décider du sort de Natallia Hersche, a insisté vendredi M. Matyassy. Il a fallu chercher des solutions et agir très prudemment. Dans une lettre au dirigeant bélarus en début d’année, Ignazio Cassis a évoqué le cas de la double nationale.
Nouvelle ambassadrice
Sur place, Mme Hersche a été assistée dans le cadre de la protection consulaire. Des représentants de l’ambassade de Suisse lui ont rendu visite à quatorze reprises au total.
L’ambassadrice actuelle Christine Honegger Zolotukhin n’est en poste au Bélarus que depuis février. Le 9 février dernier, elle a rencontré le ministre bélarusse des affaires étrangères Vladimir Makeï pour un premier échange et pour lui remettre une copie des lettres de créance. On ignore encore la date de remise de l’original, selon M. Matyassy.
La nomination Christine Honegger Zolotukhin n’est pas non en lien direct avec Mme Hersche, a affirmé M. Matyassy. Celle-ci était simplement « la meilleure candidate ». Elle a pris le relais de Claude Altermatt, qui a accompli « un énorme travail » dans cette affaire.
La Suisse poursuivra son engagement pour les droits humains au Bélarus, soulignent encore les représentants du DFAE. Elle s’engagera notamment en faveur de la libération d’autres prisonniers, de la protection de la liberté d’expression et des enquêtes sur les violations des droits humains.