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Liu Bolin, « l’homme invisible », présenté au Musée de l’Elysée

Liu Bolin s'est camouflé dans un portrait de Mao, à voir au Musée de l'Elysée à Lausanne. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le Musée de l’Elysée de Lausanne présente du 17 octobre au 27 janvier Liu Bolin, artiste chinois connu pour ses photos où il pose camouflé. Sera également à l’honneur Matthias Bruggmann, auteur de photos prises sur le théâtre de guerre syrien.

Pour sa première exposition en Suisse, « Le théâtre des apparences » de Liu Bolin présente près de cinquante photographies grand format. Connu pour ses performances entre photographie et peinture, l’artiste chinois y est peint de la tête aux pieds de la même couleur que son décor. Ce caméléon promet ainsi quelques surprises aux visiteurs, qui ne verront pas forcément au premier abord sa présence dans les photos.

Modernité et tradition

Au travers de ses photos, plusieurs thématiques sont abordées, qui concernent la Chine contemporaine comme traditionnelle. La pollution et son impact sur la population ainsi que l’arrivée de la société de (sur)consommation en Chine sont autant de sujets présentés dans ses oeuvres.

« Mon but est de rentrer en contact avec la société », a-t-il déclaré mardi à Keystone-ATS, en marge de la présentation de l’exposition à la presse. Si beaucoup de ses photos montrent la Chine actuelle, d’autres représentent des poses devant des représentations de dragons chinois.

« Tout le monde a des compréhensions différentes de l’art et de la tradition, mais celle-ci touche tout le monde », a-t-il relevé. En tant qu’artiste, il explique avoir un rôle vis-à-vis des symboles historiques et culturels.

Une photo bien connue le représente par exemple peint en rouge devant le drapeau du parti communiste chinois. La faucille et le marteau jaunes vifs débordent du décor sur son visage.

De la Chine à la Syrie

Au sous-sol du musée, le ton se durcit avec l’exposition « Un acte d’une violence indicible ». On y retrouve les photographies de Matthias Bruggmann, prises sur différents lieux de vie et de guerre de Syrie. Le photographe suisse y est retourné plusieurs fois.

Les clichés représentent autant des forces armées que des civils, des champs de bataille comme des lieux de vie pacifiés. Ils traitent aussi de sujets particuliers à cette guerre, comme la désinformation via le cinéma par le régime syrien ou le trafic d’antiquités.

« Si je peux le faire, je serais irresponsable de ne pas essayer », a expliqué Matthias Bruggmann, en parlant de son travail de photographe sur une zone à risques. « Ce ne sont pas mes amis d’enfance qui se font tuer ou ma maison qui brûle. J’ai le privilège de pouvoir revenir ici et en parler », a-t-il noté.

Risque d’impunité

Ses photographies grand format représentent aussi les premières étapes de la guerre, comme une scène de manifestation. Se succèdent les photos du conflit, telles ce tireur de nuit sous les étoiles, un militaire et sa fille qui joue sur ses épaules ou les restes d’un baril de chlore, largué par hélicoptère sur une maison.

Ce qui l’inquiète le plus, dit-il, c’est le sentiment d’impuissance sur place. « Ce sentiment est faux. Il y a un risque d’impunité de chaque côté de cette guerre. Et exiger qu’il n’y ait pas d’impunité est la moindre des choses qu’on puisse faire envers le peuple syrien », a-t-il souligné.

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