Lourdes condamnations dans un procès impliquant l’Etat italien et la mafia
(Keystone-ATS) Un tribunal de Palerme a condamné vendredi à de lourdes peines de prison d’anciens responsables gouvernementaux et des boss mafieux. Cela dans un procès sur des tractations secrètes au début des années 1990 entre l’Etat et la mafia sicilienne.
Leoluca Bagarella, un ex-chef mafieux arrêté en 1995 et condamné à plusieurs peines de prison à perpétuité pour des dizaines de meurtres, a écopé de la peine la plus lourde: 28 ans de réclusion alors que le parquet avait requis 16 ans.
Les ex-généraux des carabiniers Mario Mori et Antonio Subranni ont été condamnés à 12 ans de réclusion dans ce procès en première instance, de même que Marcello Dell’Utri, ancien sénateur de Forza Italia (droite) et proche de Silvio Berlusconi, ainsi qu’un ex-boss mafieux Antonino Cina.
Enfin, un colonel des carabiniers et un autre mafieux ont été condamnés à 8 ans de prison.
Mettre fin à une vague d’attentats
Ce procès s’est ouvert en mai 2013 à Palerme pour faire la lumière sur des soupçons de tractations menées par des responsables gouvernementaux pour mettre fin à une vague d’attentats meurtriers en échange de meilleures conditions de détention pour des centaines de mafieux.
Selon l’accusation, ces négociations secrètes ont débuté après l’assassinat du député Salvo Lima au printemps 1992. Elles se sont intensifiées après les assassinats des juges antimafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino dans les mois suivants.
Parmi les personnes jugées figure également Nicola Mancino, ministre de l’Intérieur à l’époque, mais ce dernier a été relaxé de l’accusation de faux témoignage.
Dans le cadre de ce procès, l’ancien président de la République Giorgio Napolitano, député à l’époque des faits, avait témoigné, une première pour un chef d’Etat italien en exercice. « C’est un verdict historique », s’est félicité Nino Di Matteo, un des représentants de l’accusation.